Traquer les signaux faibles
Ce matin, en arrivant au bureau, j’ai trouvé cette invitation, cette publicité en fait, pour aller visiter l’atelier de céramique de Monsieur Joachim, à Paris. C’est Stéphane Thioly de notre fonds A-Venture, qui me l’a déposée.
En la lisant attentivement, deux surprises m’attendent. La première, c’est que je suis un peu en retard pour l’exposition de céramique. Environ 119 ans en retard. Il est possible que le cocktail soit déjà fini quand j’arriverai.
L’autre surprise, c’est que cette sauterie a lieu chez nous, au 21 rue de Rocroy, là où nous hébergeons des start-ups parisiennes.
Je m’efforce d’être sensible aux signaux faibles, et je ne crois pas au hasard, ni aux coïncidences. C’est souvent dans les détails que se cache le diable, mais aussi les vrais événements. Pas dans les effets d’annonce : on le voit clairement dans notre profession en ce moment. Il y a deux semaines, par exemple, l’aéroport d’Orly ne devait pas rouvrir avant septembre, et il est désormais acquis qu’il reprendra son activité au plus tard le 26 juin. Les grandes annonces sont éphémères, volatiles, trompeuses. Les petits détails contiennent l’avenir.
Poussons plus loin nos investigations. Sur le dessin de l’invitation, on peut voir, sur le haut, un homme avec un troupeau de moutons. Un berger, donc. Comme l’était Jeanne d’Arc à Domrémy, il y a pile 600 ans. Autre signe du destin, à quelques jours du centenaire de sa canonisation ?
Allez, on continue. A gauche du berger, le dessin d’une plante. Vous l’aurez sans doute reconnue, il s’agit d’un… chardon. Emblème de la Lorraine. Ce n’est pas tout à fait un chardon lorrain, mais on va faire comme si. « Qui s’y frotte s’y pique », devise de René II de Lorraine (dont la statue équestre orne notre musée ducal), et qui est devenue la devise du club de foot de Nancy, l’ASNL. Ce dessin est donc une ode à l’esprit d’équipe et au dépassement de soi.
Sur la droite, une autre plante. Probablement un œillet. Provisoirement je sèche, et je m’adresse donc au Dieu Google, qui a réponse à tout. Bingo ! là aussi, le lien avec la Lorraine est prégnant. Je tombe sur la photo de la couverture de l’Œillet Rose, revue littéraire publiée à Nancy en 1909, et dont l’adresse est le 31 rue des Carmes. Notre agence de voyages est au numéro 36 de la même rue. Vous croyez toujours au hasard ?
Il n’y a plus aucun doute, c’est élémentaire mon cher Watson, ce lieu était prédestiné à devenir un haut-lieu de l’innovation et la poésie lorraine. Il a fallu un peu de temps – 118 ans de 1901 à 2019 – pour que cela se réalise, il faut savoir être patient. Mais le résultat est bien là, magnifiquement rénové, sous la supervision opiniâtre d’André Raoul. Vous trouverez ci-dessous les photos de la façade qu’André m’a envoyées la semaine dernière.
J’en profite pour vous donner quelques informations sur nos start-ups. Ce sont de jeunes pousses pour la plupart, avec peu de charges et plutôt agiles. Elles se mettent facilement en hibernation en attendant la reprise. De notre côté, nous avons maintenu les engagements pris envers elle avant la crise. Nos banques nous accompagnent aussi sur ce sujet et nous avons recueilli un million d’euros pour soutenir les start-ups de notre portefeuille. Les augmentations de capital qui étaient prévue au premier semestre ont été reportées.
C’est une activité à laquelle je crois beaucoup. Pour le chef d’entreprise que je suis, baigner dans les start-ups est comme un bain de jouvence, un ballon d’oxygène qui m’extirpe du quotidien et me propulse dans un futur possible pour nos métiers.
Ainsi que je l’écrivais au début de ce post, je ne crois pas au hasard. Il faut savoir créer des opportunités, et ensuite les saisir. Quand je rencontre une personne, je m’attache à rechercher des points d’adhérence, des points communs, des atomes crochus, qui nous rendent plus proches, qui brisent les frontières entre nous, et éventuellement ouvrent la voie à des affaires ou de l’amitié, parfois les deux !
Probablement qu’un berrichon ou qu’un biterrois aurait pu imaginer d’autres liens entre cette affiche de l’Exposition Universelle et son histoire personnelle. Peu importe, l’important est d’imaginer cette histoire, et d’en faire vivre les personnages…
Comme disait Winston Churchill,
« L’Histoire me sera indulgente, car j’ai l’intention de l’écrire ».