Truc du formateur : l’adaptabilité

Mon conseil du jour, chers formateurs : pratiquez le yoga... eh oui ! enseigner exige de la souplesse !

Attention à l’hôpital psychiatrique !

Vous avez mis en œuvre la même solution cent fois avec succès ? Ne tenez rien pour acquis : il se peut qu’à la cent et unième reprise elle conduise à l’échec. En formation, il n’y pas de panacée, de remède universel du type : « Si vous faites ça comme ça, ça va marcher. » Je vous recommande les meilleures pratiques. Vous pouvez rétorquer : « Réal, ça ne fonctionnera pas. » Et vous aurez raison ! Vous avez tenté une solution et fait la démonstration qu’elle ne fonctionnait pas ? Cessez ! Vous connaissez la définition qu’Einstein donnait de la folie ?... Faire toujours la même chose et penser produire des résultats différents. C’est pourquoi votre arc comportera plusieurs cordes. Quand une corde brisera, vous en utiliserez une deuxième ; quand la deuxième corde brisera, vous en utiliserez une troisième...

Sensibilité et décision 

Vous aurez la sensibilité requise pour confirmer les succès ou repérer les difficultés. Vous sonderez la satisfaction afin de valider vos impressions. Vous exploiterez les approches qui connaissent le succès. Et en cas de difficulté, vous déciderez de procéder différemment. Voilà qui nécessitera humilité et courage.

Les pièges à éviter :

• S’en tenir à son plan.
• Ne pas tenir compte des besoins réels et des circonstances.
• Croire intensément aux moyens mis de l’avant et oublier qu’il en existe d’autres.
• Porter seul la difficulté.
• Détourner le regard : « Personne ne verra quoi que ce soit. Le problème va se régler de lui-même... »
• Mentir après coup : « Je ne me suis rendu compte de rien ! »

Quelques conseils :

• Ne perdez pas de vue les résultats attendus.
• Ajustez-les en fonction des véritables besoins et des circonstances.
• Expérimentez d’autres solutions.
• Faites appel au groupe.
• Demandez conseil à vos pairs.
• Demandez l’aide du supérieur hiérarchique de la clientèle cible.

Le yoga du rire 

Accordez la priorité au plaisir. Si vous cherchez à performer, vous n’aurez pas de plaisir et vous ne performerez pas. Si vous cherchez à vous amuser, vous aurez du plaisir et vous performerez. Par exemple, le brise-glace qui lancera votre formation mettra votre groupe – ainsi que vous-même ! – dans les dispositions souhaitées. Voici, appris d’une participante, un brise-glace que j’affectionne : « Tout le monde debout ! L’hiver (ou l’été) s’en vient ! Sommes-nous prêts ? Vous êtes dans votre cabanon ou votre garage, vous regardez votre souffleuse (ou votre tondeuse) à gaz et vous vous interrogez : “Va-t-elle démarrer ?” Vous vous penchez sur votre machine, et vous tirez sur le câble... et vous éclatez de rire : “Ha ! Ha ! Ha !”... Vous serez maintenant la pince de votre voisin ou de votre voisine... et vous éclatez de rire : “Ha ! Ha ! Ha !”... Voilà ! Le ton est donné ! »

Vos balises

L’expérience proposée sera perçue par les participants comme étant utile et agréable. Vous veillerez à poursuivre des objectifs d’apprentissage pertinents, non seulement pour l’employeur, mais aussi pour l’auditoire ; à optimiser le temps alloué à l’exercice ; et à faire vivre un moment exceptionnel. Votre plan de cours initial et les révisions que vous serez forcé d’y apporter en cours d’animation viseront à satisfaire ces critères.

La planification

Vous aurez besoin d’un plan, que vous élaborerez en fonction des besoins et des circonstances anticipées, pour pouvoir vous ajuster aux besoins et aux circonstances réelles. Le plan initial est le préalable du plan de rechange auquel vous devrez faire appel. Comme les besoins et les préoccupations varieront d’un groupe à l’autre, chaque séance s’avérera différente.

Le territoire

Votre salle sera aménagée pour faciliter les déplacements, les relations et la lecture des supports visuels. Vous occuperez ce territoire, comme un patineur artistique parcourt, pour se gagner les faveurs des juges, toute la surface de la patinoire. Vous demanderez aux participants de ranger leurs effets personnels sous les tables. Vous serez debout pour faire preuve de leadership et communiquer votre énergie au groupe. Vous vous assoirez pour veiller à la relation, ou atténuer toute effervescence et instaurer du calme. Vous vous approcherez de chacun pour favoriser la complicité et soutenir l’intérêt, ou vous vous éloignerez pour réfréner la participation.

Vous utiliserez une télécommande dotée d’un pointeur pour, du fond de la classe, lire une diapo, éviter de tourner le dos à quiconque, et projeter votre discours en direction de votre auditoire. Vous vérifierez que tous peuvent lire les supports visuels et vous responsabiliserez ceux qui en sont incapables : « Organisez-vous pour voir ! » Mieux : vous inviterez des volontaires à faire la lecture des supports visuels à voix haute.

Des écrans d’ordinateur séparent les participants et nuisent aux relations ? Vous vous placerez au bout d’une allée où tous pourront vous rejoindre pour créer l’intimité souhaitée : « Caucus ! » Plusieurs configurations de salle sont possibles, comportant chacune leurs avantages et leurs limites. Le dernier recours de l’animateur d’une formation qui ne lève pas : virer la salle de bord... il devrait se passer quelque chose !

Les activités d’apprentissage

La typologie que nous avons établie nous amène à distinguer dix activités d’apprentissage : l’exposé, la discussion, la lecture, la réflexion, l’autoévaluation, l’étude de cas, la simulation, le jeu de rôles, la démonstration et le jeu. Ces activités d’apprentissage permettent d’accroître, à des degrés divers, les trois savoirs que comportent toute compétence. Ainsi l’ensemble des dix activités d’apprentissage peut contribuer à l’amélioration des savoir et des savoir-être ; la dernière moitié, à celle des savoir-faire. Certaines activités se conformeront mieux à un profil d’apprentissage ; certaines autres, à d’autres profils. Quelques activités d’apprentissage sont pédocentrées ; quelques autres, magistrocentrées ; les dernières, enfin, sont centrées à la fois sur les apprenants et le maître. L’emploi de chacune aura une incidence différente sur la dynamique du groupe. Les compétences à perfectionner dicteront certains choix : ainsi, un cours de cuisine mettra en œuvre des démonstrations ; une formation en service à la clientèle, des réflexions, des études de cas et des jeux de rôles. Sinon, on variera les activités afin de tenir compte des autres enjeux liés à l’apprentissage, dont la rentabilité du temps investi... et pour surprendre.

Le regroupement des personnes

La formation en salle permet le travail individuel, en duo, en trio, en quatuor, en quintet, en sextet... ainsi que les activités plénières. Le formateur peut varier la composition des équipes, en laissant jouer le hasard, ou sciemment, afin que s’entraident experts et novices, pour séparer deux personnes dont la bonne entente vient nuire à la dynamique du groupe ; ou la force d’inertie, à l’apprentissage. Une bonne connaissance des membres de l’auditoire constitue un atout. Certaines situations amèneront le formateur à assigner des places.

D’autres variables

Le formateur pourra varier :

• les approches, soit en passant de la théorie à la mise en pratique (approche directive), et à l’inverse, de la mise en pratique à la théorie (approche découverte) ;
• la façon de répondre aux questions : soit en donnant la réponse (communiquée rapidement, elle risque cependant de passer par une oreille pour sortir par l’autre), soit en la faisant trouver (elle favorisera alors un apprentissage plus durable, mais nécessitera un investissement en temps important) ;
• les supports visuels (affiches, feuilles de chevalet, tableau blanc, diaporama...) en fonction de l’utilité de l’information communiquée.

La pleine conscience

L’introspection, telle qu’on la pratique en yoga, facilitera la tâche du formateur, qui est à la fois acteur et spectateur de sa performance. Des retours sur l’expérience, comme la rédaction de cet article, amélioreront son temps de réaction et la qualité de ses réponses. Namaste.