Trump… et l’image fut !
C’est sans précédent : pour la première fois, l’impact d’une photo sur une décision géo-politico-militaire est clairement assumé. Pour la première fois, le président de la première puissance du monde énonce clairement le fait que la vue d’images d’enfants victimes de guerre, en l’occurrence les victimes de l’attaque chimique contre le village syrien de Khan Cheikhoun, l’a conduit à agir militairement.
«Cette attaque sur des enfants a eu un énorme impact sur moi», a affirmé Donald Trump le 5 avril lors d’une conférence de presse. Plus tard, il a évoqué les victimes en parlant de : « (…) petits enfants et même de beaux petits bébés (…)».
La question n’est pas ici de commenter la pertinence diplomatico-militaire de la frappe américaine contre la base aérienne syrienne d'Al-Chaaryate, mais de constater le nouveau monde communicationnel dans lequel nous baignons.
L’impact des images régit désormais l’ordre géopolitique. Non seulement cet impact guide-t-il le choix politique – et en l’occurrence militaire- mais encore le guide-t-il tellement qu’il l’emmène dans un revirement à 180° de la position d’origine.
Les Américains ont élu pour Président un ancien animateur de show télévisé. Ils ont inscrit leurs votes dans une époque, façonnée par l’usage des nouvelles technologies. Une époque tellement saturée d’informations qu’elle ne laisse plus émerger que des vagues émotionnelles. Une époque hyper-réactive dans ses emballements, ses passions et désormais dans ses actes les plus importants.
En septembre 2015, la diffusion partout dans le monde de la photo du petit Aylan, retrouvé mort noyé sur une plage turque après avoir fui avec ses parents la guerre en Syrie, avait sensibilisé l’opinion internationale sur le drame des réfugiés. Devions-nous nous en féliciter ou regretter que notre capacité à nous mobiliser ne puisse se faire autrement qu’en réaction émotionnelle ?
Le ressort émotionnel a sans doute guidé par le passé bien des actions de toutes sortes : des décisions économiques, stratégiques ou simplement relevant de la vie quotidienne. Ce qui est nouveau c’est le lien direct, sans filtres, que fait Donald Trump entre son émotion et sa décision. Tous les autres paramètres, qui faisaient qu’il prônait justement la non-intervention contre la Syrie, ont été oubliés d’un seul coup d’un seul.
C’est un monde inquiétant dans lequel nous entrons, celui de l’hyperréactivité. Les nouveaux outils technologiques qui se développent sont des outils de narration par l’image. Et l’image, on le voit ici encore, est un puissant moteur émotionnel. Mais l’émotion est univoque. Donc dangereuse.
http://www.lepoint.fr/monde/les-revirements-politiques-de-donald-trump-08-04-2017-2118266_24.php
Directeur chez Troyes Parc Auto
7 ansM. TRUMP n'agit pas seul. Gardons-nous de confondre la prise de décision et à ce niveau les nécessaires consultations d'avis "éclairés" en un temps rapide, avec la mise en scène de cette décision et l'instrumentation de l'émotion. Au risque de vous contredire, cette façon de procéder est tout sauf nouvelle, y compris, et surtout, en usant et abusant de l'image. "Le poids des mots, le choc des photos !" est un slogan qui n'a pas été inventé par un chef d'état... le principe a bien été récupéré et par bon nombre de chefs d'état et autres prétendants de tout bord servis par des médias plutôt consentants semble-t-il.