Trump : la guerre culturelle a commencé. Elle sera violente.
À peine a-t-il pris possession du Bureau Ovale que le président Trump a décidé de s’attaquer aux programmes gouvernementaux liés à la diversité, l’équité et l’inclusion (DEI). Une directive envoyée le 22 janvier 2025 par le Bureau de gestion du personnel (OPM) demande que tous les employés travaillant dans ces programmes soient placés en congé administratif payé d’ici le mercredi soir et que les bureaux DEI soient fermés.
Cette mesure entraînera des licenciements ou des réaffectations (environ 4000 à 6000 personnes), suite aux décrets signés lundi par Trump, qui qualifient ces programmes de "radicaux et inutiles". Les chefs d’agences doivent aussi fournir, d’ici la semaine prochaine, un plan écrit pour procéder aux suppressions de postes dans les bureaux DEI.
L’OPM a également demandé de retirer tous les sites web, comptes de réseaux sociaux et autres supports liés à ces programmes. Il faut appeler un chat un chat: c'est de la dictature de la pensée, qui oblige à ne plus s'exprimer selon sa conscience. Les employés sont par ailleurs invités à signaler toute tentative de maintien de ces initiatives sous des appellations dissimulées, sous peine de sanctions. Un vrai programme d'un bon État totalitaire.
Ces directives annulent les décrets de l’administration Biden, qui encourageaient la diversité dans les effectifs fédéraux et l’accès équitable aux services publics. Biden visait à réduire les obstacles structurels affectant les populations marginalisées, ce que Trump qualifie de "discrimination illégale et immorale".
Depuis plusieurs mois, les programmes DEI sont une cible récurrente des conservateurs. Certains Républicains ont proposé de supprimer leur financement, mais sans succès pour l’instant.
Le secteur privé, lui aussi, abandonne progressivement les initiatives DEI. Des entreprises comme Meta, McDonald’s et Walmart ont mis fin à ces programmes, influencées par une décision de la Cour suprême en 2023 annulant la discrimination positive dans les admissions universitaires. La décision de la Cour suprême des États-Unis est liée à deux affaires majeures : Students for Fair Admissions v. President and Fellows of Harvard College et Students for Fair Admissions v. University of North Carolina. Ces affaires ont été portées par l’organisation Students for Fair Admissions (SFFA), qui contestait les politiques d’admission des deux universités, arguant qu’elles discriminaient les étudiants asiatiques-américains en faveur d’autres groupes raciaux.
Ces décisions s’inscrivent également dans les efforts du « Département de l’efficacité gouvernementale » (DOGE), dirigé par Elon Musk, qui montre là que ces efforts s'appuieront sur une logique directement inspirée de la pensée d'extrême droite et de suprémacisme blanc, qui est rebaptisée "méritocratie". Ce département a pour mission de réduire les dépenses publiques et examine un rapport d’un groupe conservateur estimant à 120 milliards de dollars annuels le coût des programmes DEI fédéraux. Cette somme concerne principalement les dépenses liées aux programmes, et non directement aux employés. Les programmes de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI) sont devenus un pilier des politiques publiques et privées aux États-Unis. Cependant, ils sont aujourd’hui au centre d’un débat intense, opposant partisans de l’inclusivité et conservateurs dénonçant ce qu’ils appellent une dérive "woke".
1. L’histoire des programmes DEI : des origines aux ambitions actuelles
Les premières étapes : les droits civiques comme fondement
Les initiatives DEI trouvent leurs racines dans le mouvement des droits civiques des années 1960. Des lois comme le Civil Rights Act (1964) et le Voting Rights Act (1965) ont jeté les bases juridiques pour lutter contre la discrimination raciale et promouvoir l’égalité des chances. Ces lois ont conduit à la mise en œuvre de politiques d’action affirmative, particulièrement dans les secteurs public et éducatif.
Dans les années 1970 et 1980, les grandes entreprises américaines ont intégré des programmes de diversité, souvent pour se conformer aux nouvelles lois anti-discrimination. Les premières formations sur les biais inconscients et les pratiques inclusives ont vu le jour.
L’expansion dans les années 1990 et 2000
Avec la mondialisation et l’évolution des normes sociales, les entreprises ont progressivement adopté une vision plus large de la diversité. Celle-ci ne se limitait plus à la race et au genre, mais englobait également l’orientation sexuelle, les handicaps, et la diversité culturelle et religieuse. Les programmes DEI sont devenus un outil stratégique, visant à améliorer la productivité, l’innovation et l’image des organisations.
Dans le secteur public, des administrations locales et fédérales ont également renforcé leurs efforts en matière de diversité, souvent soutenues par des directives présidentielles. Sous Barack Obama, les initiatives DEI ont pris une ampleur inédite, notamment avec des politiques visant à promouvoir l’équité dans l’accès aux services publics.
2. La montée des contestations conservatrices
Les racines de la critique
Les conservateurs américains, notamment au sein du Parti républicain, ont longtemps vu les politiques DEI comme une menace pour les principes de méritocratie et d’unité nationale. Selon eux, ces programmes diviseraient les Américains en mettant l’accent sur les différences identitaires plutôt que sur les valeurs communes.
Le tournant est survenu avec la montée de la rhétorique "anti-woke". Dès les années 2010, des figures conservatrices et d'extrême droite radicale américaine ont dénoncé les formations sur les biais inconscients et les quotas de diversité comme des outils de division et d’endoctrinement. Ces critiques se sont accentuées sous l’administration Trump.
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Le rôle des leaders conservateurs
Des figures comme Ron DeSantis, gouverneur de Floride, et l’avocat Harmeet Dhillon ont joué un rôle central dans la lutte contre les programmes DEI. DeSantis, par exemple, a signé des lois interdisant le financement public des initiatives DEI dans les universités de Floride, les qualifiant de "propagande idéologique". Il en a ainsi fondé une base politique réactionnaire solide. Dhillon, quant à elle, a plaidé contre des entreprises accusées de discrimination envers des employés blancs ou conservateurs. On a alors parlé de "racisme anti-Blanc."
La contestation juridique et politique
La décision historique de la Cour suprême en 2023, annulant l’action affirmative dans les admissions universitaires, a été un coup dur pour les partisans des initiatives DEI. Cette décision a renforcé les critiques conservatrices, qui ont vu une opportunité de remettre en question la légitimité des programmes DEI dans d’autres secteurs.
Au niveau fédéral, Donald Trump a multiplié les directives pour mettre fin aux programmes DEI dans les agences publiques. Ces mesures incluent la suppression des formations sur les biais raciaux et l’interdiction d’utiliser des critères de diversité dans les embauches.
3. Les débats actuels : défis et perspectives
Les arguments des partisans des DEI
Les défenseurs des programmes DEI insistent sur leur rôle crucial dans la réduction des inégalités structurelles. Ils citent des études montrant que la diversité améliore les performances économiques et favorise l’innovation. Par exemple, une étude de McKinsey en 2020 a révélé que les entreprises les plus diversifiées sur le plan ethnique et de genre avaient 36 % plus de chances de surperformer leurs concurrents. ils permettent aussi l'accès à l'emploi des femmes et surtout des personnes en situation de handicap.
De plus, dans un pays marqué par des inégalités persistantes, les programmes DEI sont perçus comme un moyen de combler les écarts d’accès à l’éducation, à l’emploi et aux services publics.
Les initiatives dans le secteur privé
Malgré les contestations, de nombreuses entreprises continuent de défendre leurs politiques DEI. Des géants comme Google, Microsoft et Starbucks ont renforcé leurs engagements en matière de diversité, souvent en réponse aux attentes de leurs employés et clients.
Cependant, certaines entreprises, comme Meta et Walmart, ont réduit ou supprimé leurs programmes DEI, invoquant des contraintes budgétaires ou l’évolution des priorités.
L’avenir des DEI sous l’administration Trump
Avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les programmes DEI dans le secteur public sont donc menacés et devraient disparaître. Les directives visant à fermer les bureaux DEI fédéraux marquent une rupture nette avec le mandat de Joe Biden, qui avait fait de l’équité une priorité.
Au niveau législatif, les Républicains continuent de pousser pour limiter le financement des initiatives DEI, ce qui pourrait affecter non seulement les agences publiques, mais aussi les écoles et les universités qui dépendent des subventions fédérales.
Conclusion : un débat qui transcende la diversité
Le débat sur les programmes DEI dépasse largement la question de la diversité. Il reflète des tensions profondes autour de l’identité nationale, de l’égalité des chances et du rôle du gouvernement dans la promotion de ces valeurs. Alors que les conservateurs dénoncent une dérive idéologique, les partisans des DEI rappellent que ces initiatives sont essentielles pour bâtir une société plus équitable et compétitive.
Dans un contexte de polarisation politique, le sort des programmes DEI illustre les défis auxquels sont confrontés les États-Unis : comment concilier diversité et unité, équité et méritocratie, dans une société toujours plus complexe et divisée ?
Distilation de conflits explosifs, la production est relancée. Poser une chappe dessus ? l'explosion sera terrifiante.
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4 sem.Bonsoir Mr Branaa On parle de diversité mais il s' agissait surtout à l' origine de vouloir améliorer la question noire ( ce qui a eu lieu) mais avec la multiplication des diversités la DEI est devenu une machine infernale divisant la société En a t on encore besoin en dehors du cas des handicapés ? J' ai un doute mais c' est possible que je me trompe. Il faudrait se concentrer surtout sur l' amélioration du fonctionnement de l' éducation par sa gratuité la formation professionnelle l' accès à l' université publique ( ce qui eviterait le besoin de DEI) Quant à l' image de Trump elle dépendra de ses succès et j ai un doute quand je vois la mise en place d un mercantilisme protectionniste qui pourrait entraver l' economie us et créer chômage et improductivite Comme Nixon à detruit le SMI Trump va t il détruire sa propre economie en entravant le libre échange ? Kennedy ou est tu ? Merci Cordialement
Moi
4 sem.Bonsoir Monsieur le Professeur. Démonstration bien structurée et compréhensible pour toutes et tous. Mon bémol: Si toutes ces gesticulations peuvent être expliquées comme vous le faites si brillamment, je pense que les causes sont bien plus profondes. Ces discriminations, positives et/ou négatives viennent des peurs réciproques entre les différentes ethnies de notre planète. J'y vois plutôt une manifestation de l'inné. Tout ce qui vit sur terre reçoit à sa naissance: 1° L'instinct de survie. 2° La perpétuation de l'espèce. Ces 2 points amènent, pour les populations animales, donc nous également, à chercher de la nourriture et nous déplacer si nécessaire. Les déplacements nous amènent à nous confronter à d'autres espèces et la reproduction nous incite à nous mélanger, d'où les rapts de femmes entre tribus. Je m'arrêterai là pour cette démonstration. Aujourd'hui, en prenant l'exemple étatsunien, ce sont véritablement des ethnies qui sont en confrontation, non pas pour la suprématie mais pour la survie de chacune de ces communautés. Ce sont des peurs ancestrales qui ressurgissent et toute la rhétorique (psychologique-politique-religieuse) arrivera à faire croire à des explications qui, à mes yeux, ne seront que poudre aux yeux.
Ordonnancement organisation production et Responsable adjoint atelier plat cuisiné
4 sem.Bonjour 👋 avec votre recule et expérience comment voyez-vous les changements de mr trump ? Belle soirée à vous et encore merci 🙏
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4 sem.Ce personnage est effrayant 😧 !