Un auteur du répertoire Artstep propose à ses lecteurs de vivre les attentats du Bataclan à la première personne.

Un auteur du répertoire Artstep propose à ses lecteurs de vivre les attentats du Bataclan à la première personne.

Un auteur anonyme du répertoire Artstep propose de vivre les attentats du 13 novembre à la 1ère personne. À travers cette tentative de donner une voix aux victimes, l’auteur a cherché à faire l’expérience, en pensée, de cette tragédie, en déroulant le spectre sémantique de la peur et de la sclérose, qui se sont abattus ce jour-là, sur plus d’une centaine de nos concitoyens, par le feu d’une idéologie terrorisante. Pour que ces victimes puissent avoir une voix et que nous gardions en mémoire les mécanismes que cherchent à activer chez nous ceux qui s’en prennent à notre liberté,

Lecture par Baptiste Caruana

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"La Peur distillait sa tyrannie sur nos cerveaux couchés. Glissant entre les interstices de chacune de nos vertèbres, son oeuvre glaciale s’égouttait sur nos tempes crevées d’où dégoulinaient de sinistres songes. Sous l’emprise de ce nectar nocif, l’entrave est telle, qu’à vouloir l’endiguer ; c’est l’esprit qui s’ankylose.

Nos cœurs seuls s’agitent et s’endurcissent. Leurs palpitations cadencent le transit de toxines tenaces, qui inondent les vaisseaux où elles cheminent, pour prendre leurs quartiers dans nos membres contrits. Tétanisés par notre nouvelle maîtresse, nous contemplons la force implacable de ses mouvements avec fascination.

Le Temps lui même suspend sa trajectoire d’un haussement de sourcil dégageant ainsi une place au vide où nous demeurons désormais, investis de détresse. Son règne ne souffre pas d’autre partage.

Il n’est déjà plus l’heure de se dérober à cette mainmise épouvantable. Nous voilà irrévocablement assujettis aux affres de ce qui reste de conscience en nous.

Nous voulions réagir mais la pétrification nous a laissés interdits. Notre volonté suffocante s’est pourtant bien débattue. Entravée par un berceau de lianes sordides, elle s’est retirée, contaminée par la promesse d’anéantissement. Un souffle révolté vrombit encore sous nos poitrines. L’évacuer eût été salutaire mais le garrot qui cerne nos gorges l’a scellé et voué à rouiller. Toute idée de délivrance se vit ainsi étranglée. Nul cri ne viendra fendre l’air. Nos lèvres resteront clouées, condamnant nos yeux à se figer dans la supplication muette qui les obstrue.

 La ténèbre est notre ultime horizon, où s’étale, en point de fuite, notre renoncement."





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