Un monde aveugle et sourd... Certes oui, alors vite, mettre son et lumières.

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Nouvel article de Jacques LAVERGNE et Maxime MAURY pour leur émission RESILIENCE. Bonne lecture.

www.espritoccitanie.fr

« Un monde aveugle et sourd »

L’activité humaine frénétique et totalement incontrôlée est la principale cause, sinon l’unique, du réchauffement climatique lequel engendre toute une série de causes en cascade. Dans un monde aussi humainement et matériellement interdépendant que le nôtre, sur une planète aux équilibres subtils et complexes régissant une biosphère fragile, les dérèglements peuvent être tolérés un temps. Mais lorsqu’ils prennent de gigantesques proportions, lorsque l’Homme veut aller toujours plus vite, toujours plus loin, l’implosion n’est pas à exclure, pour ne pas la dire certaine.

Oh certes, la machine est trop grosse et les terriens trop nombreux pour que l’effondrement arrive brutalement, ici et maintenant. Non, il sera précédé d’une multitude de chocs divers et variés qui constitueront autant d’annonces d’un drame de grande ampleur. Et ces chocs, ces perturbations profondes répétées et de plus en plus rapprochées mettront graduellement mais rapidement la civilisation thermo-industrielle à genoux. Le Covid-19 est une de ces manifestations. Cette « grippette », comme certains veulent la qualifier, a réussi en quelques semaines à paralyser l’activité humaine, à causer de gigantesques ravages économiques qui vont obérer la vie de millions d’hommes pour des années.

Imaginez que viennent s’y joindre, et c’est déjà le cas, d’autres boucles de rétroaction du réchauffement climatique : canicules, incendies et déforestation, manque d’eau potable, pollutions diverses… Ne serait-il pas temps de considérer que les signaux alarmants se multiplient et qu’il conviendrait donc de toute urgence de modifier radicalement nos façons de vivre, de consommer, de produire ? A l’évidence, ce serait la sagesse. Le grand problème est que celle-ci n’est pas la chose la mieux partagée dans nos sociétés individualistes qui se pensent moderne. 

Pour beaucoup, les effets des modifications du climat ne se feront sentir que dans très longtemps : d’ici là, n’est-ce pas, « on « verra bien, « on » aura trouvé des solutions ! Et c’est peut-être là l’erreur de la communauté scientifique qui renvoie toujours les moments difficiles (euphémisme) au milieu ou à la fin de notre siècle. Mais d’une part ce qui se produira à ces dates se prépare aujourd’hui, et d’autre part, il n’est nullement certain, au contraire même, qu’il faille attendre plusieurs dizaines d’années pour subir les inconséquences de notre attitude actuelle. Il est donc fondamental d’agir immédiatement et radicalement.

Mais c’est là que le bât blesse sérieusement : quand on voit la difficulté qu’éprouvent les gouvernements de tous pays pour trouver une parade au Covid, ou pour simplement en limiter les effets négatifs, on peut tout craindre. Et lorsque l’on considère l’attitude des terriens devant la pandémie – déni, mépris des autres, irresponsabilité, « je m’en foutisme » et j’en passe – l’on se dit que là, vraiment, la partie est loin d’être gagnée ! 

Car enfin, nous ne devons faire face qu’à un seul avatar, parmi tous ceux qui nous guettent. Alors, imaginez s’ils venaient à se multiplier simultanément et de façon importante… Mais surtout, ce Covid-19 est une affection à présent connue, tangible, que certains de nos concitoyens ont vécu dans leur chair, quand ils n’en sont pas décédés. C’est donc là une réalité immédiate, pas une abstraction. Et pourtant, les réactions de beaucoup frisent l’immaturité voire l’inconscience.

Alors, comment les Terriens, dans leur immense diversité humaine, culturelle, économique et sociale peuvent-ils appréhender les périls beaucoup plus graves engendrés par le réchauffement climatique, qui est, lui, la mère de tous les problèmes ? Des périls certainement pas véritablement encore visibles à l’œil nu et qui ne se déduisent que d’observations, de calculs, de statistiques, de projections, de mesures. Mais des périls que nous nourrissons tout un chacun, quotidiennement, à des degrés divers, et dont un jour – prochain ? – nous devrons payer les lourdes conséquences.

Si nous ne sommes pas capables de faire face efficacement à une simple boucle de rétroaction, comment pourrons nous le moment venu résister à des effets-retours pervers, multiples et de grande ampleur ? La prise de conscience, l’organisation, l’action, pour construire une civilisation plus sobre et décarbonée, c’est tout de suite, ici et maintenant.

« Je ne crois pas que nous puissions corriger quoi que ce soit dans le monde extérieur, que nous n’ayons corrigé en nous » Etty Hillesum (Une vie bouleversée, Seuil1985)


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