Un regard d’expert sur le futur de notre filière santé
Photo de la première promotion de l'Accélérateur Santé à l'occasion de leur 1er séminaire

Un regard d’expert sur le futur de notre filière santé

La crise de la Covid-19 nous l’a prouvé : la santé est un sujet clé pour la société et pour l’économie françaises. La filière santé dans son ensemble doit constamment évoluer pour faire face aux enjeux de demain. 

A l’occasion du lancement de l’Accélérateur Industries & Technologies de Santé en octobre dernier, nous avons interviewé Franck Mouthon, Président de l’association France Biotech et partenaire du programme. Découvrez sa vision des enjeux du secteur et ses convictions sur le futur de la filière.

Les cinq prochaines années seront décisives pour l’orientation et les progrès de la filière santé française.

Comment décrire le secteur de la santé français aujourd’hui ?

Franck Mouthon : La filière santé représente un poste budgétaire important pour la France et une forte concentration de valeur. Elle nécessite un alignement d’intérêt tout au long de la chaîne de valeur : budgets alloués par l’Etat pour la recherche ou la prévention, continuité de financement pour les acteurs privés (de la jeune entreprise aux plus grosses entités du secteur), lisibilité sur les partenariats public/privé possibles, etc. 

Des transformations sont déjà engagées pour faire évoluer les parties prenantes, mais la mise en place de cette cohérence prendra du temps. Par exemple, alors que la santé mentale représente la première dépense de santé, elle ne bénéficie encore que de trop peu d’innovations. L’innovation dans la prévention est également un sujet majeur.

Un des enjeux à venir sera pour les pouvoirs publics d’encourager une forme de consolidation de la filière : elle reste encore aujourd’hui très atomisée en petites structures plus vulnérables. Bpifrance peut jouer un rôle clé en la matière pour favoriser l’émergence de nouveaux fleurons industriels dans la santé sur le territoire. 

Qu’en est-il en comparaison avec d’autres pays ?

La fuite des projets à l’étranger est une réalité : les Etats-Unis restent une destination attractive pour les pépites françaises, à la fois parce que les produits y sont beaucoup plus valorisés, mais également car le parcours de validation auprès des autorités de santé est plus facile à anticiper pour les entreprises. Sans traverser l’Atlantique, la Belgique sur les sujets biotech ou la Suisse en medtech attirent aussi des entrepreneurs. 

Pour que les entreprises innovantes en santé se pérennisent dans l’Hexagone tout en étant forte à l’export, il faudrait être en mesure d’assurer cette continuité amont-aval et de réduire le risque des investissements sur le territoire en travaillant sur une régulation du système de santé « plus adaptée » à l’innovation et notamment dans les domaines à forts enjeux sanitaires. Pouvoir anticiper son développement et son déploiement produit avec des lignes claires à moyen ou long terme est un facteur majeur d’attractivité pour les investisseurs.

Un autre très gros enjeu d’attractivité et de compétitivité dont les pouvoirs publics ont bien conscience réside dans les données médicales et leur usage sur toute la chaîne de valeur de l’innovation en santé

Comment la filière peut-elle évoluer pour renforcer son attractivité ?

Avec 2 500 startups présentes sur le territoire, tant sur des sujets biotech (les technologies issues du vivant), medtech (les dispositifs médicaux innovants) que santé numérique, l’innovation en santé existe bel et bien en France. La dynamique, soutenue notamment par la French Tech, a continué après l’épidémie de la Covid-19 avec une année, bien qu’une baisse de l’embellie soit à prévoir pour 2022 en comparaison de l’année record que fut 2021. 

Cette transformation de la filière santé dans son ensemble permet déjà de créer, par exemple, des liens entre les centres hospitaliers et l’écosystème de la healthtech : des tiers-lieux d’expérimentation vont être mis en place dans des CHU (Centres Hospitaliers Universitaires) pour tester les innovations directement auprès des soignants et que ceux-ci puissent remonter leurs besoins. Également, le CHU Healthtech Connexion Day aura lieu en décembre prochain pour favoriser une meilleure connaissance des enjeux et perspectives de collaboration entre les CHU et les entrepreneurs de l’innovation en santé. 

“J’ai la conviction que l’innovation peut aider à améliorer l’organisation du temps et contribuer à une meilleure qualité de vie au travail pour les soignants”.


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Franck Mouthon et l’association France Biotech : portraits

Après l’ENS Ulm et une carrière scientifique dans la recherche, Franck Mouthon a créé Theranexus avec son associé Mathieu Charveriat en 2013 pour œuvrer au développement de candidats médicaments dans les maladies neurologiques rares chez l’enfant. 

En tant que dirigeant, Franck Mouthon a bénéficié du soutien de l’écosystème français et notamment de Bpifrance et de France Biotech. Association indépendante, France Biotech a fêté ses 25 ans en 2022 : elle compte 500 patrons et experts adhérents dans les domaines de la biotech, de la medtech et de la santé numérique. Sa double maîtrise des univers scientifique et économique a permis à Franck Mouthon de s’impliquer dans France Biotech, jusqu’à sa nomination en tant que Président fin 2019. 

Les missions de l’association sont multiples : alimenter les entrepreneurs de la filière sur les informations qui peuvent avoir de l’impact sur l’attractivité et la compétitivité du territoire  (RH, financements, fiscales, réglementaires, développement dans l’accès aux marchés…), animer des groupes de travail et des commissions, ou remonter des informations du terrain auprès des pouvoirs publics. L’association continue d’évoluer et vient d’annoncer la création d’une Agence de l’innovation en santé, pour accompagner l’innovation afin de mieux servir les patients. 

Patrick Deschamps

Passionné par tout, mais aussi CEO / Gen'étiq, même pas peur de faire l'impossible avec l'étiquette de demain. Vous en rêvez, on construit votre rêve. Tout simplement.

2 ans

C'est bien de se poser des questions, mais aujourd'hui on ne sait plus produire de l'aspirine... L'ordre des priorités? Remettons l'industrie au centre du débat, si non toutes notre recherche quittera la France pour fabriquer ses produits ou ils peuvent être produit.

Cécile Crassous

Manager Pôle Accélérateurs chez Bpifrance

2 ans

Merci pour cette analyse eclairante Franck Mouthon et pour ton investissement dans l'accompagnement de cette belle promotion !

Cécile Crassous

Manager Pôle Accélérateurs chez Bpifrance

2 ans

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