Une classe du dehors
Après un silence de plus d’un mois (le rush de juin, la pause de juillet) me voilà de retour pour vous faire parvenir quelques fleurs sauvages à l’approche du weekend.
Et en cette saison estivale, entre pause, ralentissement (du moins on le souhaite), introspection parfois, prise de recul pourquoi pas … Je vais reprendre cette lettre en vous parlant du jardin des merveilles. Car c’est la période où les familles ont « en charge » ce jardin. Quoi ? Je vous ai déjà perdu ? Mais si je l’ai évoqué dans d’autres numéro, c’est le jardin créé sur l’école de l’Enclos à Vertou. Celui qui a servi de « support de présentation durant notre voyage », qui était le projet qu’incarnait la SoNaTim quand nous partions découvrir les actions de d’autres faiseurs de transition.
Ce jardin est né de ma folle idée de dupliquer et délocaliser Terre Lieu.X (cf. n° du 8 juin « L’auto-inspiration et la force du collectif ») afin que la volonté pédagogique et d’ouverture aux scolaires de ce site soit plus accessible pour les élèves. Alors je suis allée interroger les directrices de maternelle et élémentaire de l’école de la SoNaTim : L’Enclos… Et elles ont tout de suite adhérer. Nous étions en septembre 2020, on sortait de la grosse période de confinement mais on était encore en plein COVID et d’autres confinements allaient pointer. Alors proposer de nouvelles dynamiques collectives et créer des espaces extérieurs d’apprentissage au sein de l’école : je tombais bien 😉.
J’ai ensuite présenté cette idée au « comité de la journée de l’enfant » (je venais d’intégrer la liste des représentants de parents d’élèves élus) une instance centrée sur les temps gérés par les services municipaux (accueil de loisirs et périscolaire, restauration, etc.). Car mon idée de départ était de faire du jardin un support d’animation lors de ces temps péri-éducatifs tout en le rendant disponible pour les enseignants et élèves sur le temps scolaire. L’idée a plutôt était bien accueillie avec évidemment des réserves de mise en œuvre, moyens, mode de gestion, localisation, animation, etc. Il faut dire qu’à mon habitude je n’ai pas lésiné sur une approche systémique et sans doute un peu ambitieuse, peut être trop au démarrage. Mais j’ai obtenu un accord de principe et « le droit » de peaufiner la proposition et revenir vers l’élu et les services pour réfléchir concrètement à la réalisation.
Il aura tout de même fallu l’année scolaire, pas moins d’une dizaine de rencontres, des power point, Klaxoon, Canvas et Prezi à la pelle et des envoie de rapport de présentation et budgets détaillés tout aussi nombreux, pour démontrer l’intérêt, répartir les rôles, rassurer sur l’implication des parties prenantes, etc. Personnellement cela m’a semblé long et fastidieux, je ne le cache pas. Avec du recul c’est sans doute le temps nécessaire à l’appropriation, la définition des contours d’un cadre commun, partagé et accepté de toutes et tous. La récompense a été une contribution financière non négligeable de la ville (ainsi que de l’amicale Laïque) pour assurer l’amorçage et la création de ce jardin sur l’année scolaire suivante : avec notamment du temps d’animation de la CIM-E sur les temps scolaire (des ateliers de dessin de conception du jardin par les cycle 3, des ateliers de plantation et aménagement par l’ensemble des classes) ainsi que deux visites de chaque classe, à l’automne et au printemps, sur Terre Lieu.X (nécessitant un trajet en car) afin de s’inspirer puis observer l’évolution ce nouvel espace collectif agroécologique et notamment du jardin Arc-en-Ciel qui avait quelques mois d’avance sur le jardin des merveilles dans sa création.
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Petite aparté pour préciser que le nom est le fruit d’une concertation ultra démocratique et méga participative (si si pas moins) de l’ensemble des élèves et enseignants, avec votes individuels et collectifs puis nombreux tours afin de resserrer et départager les propositions.
Aujourd’hui c’est donc le bout de deux années de vie du jardin des merveilles : une année de création -clôturée par une inauguration festive, ensoleillée et très participative- et une première année de gestion autonome.
Cette seconde année a elle été marqué par le besoin de montée en compétences et d’accompagnement de l’équipe enseignante (à noter que malgré son soutien la mairie ne s’est pas approprié le site sur les temps péri-éducatifs ce que je regrette fortement mais je ne désespère que cela viendra - j’apprends à être patiente et je sais que chaque individu et institution a son rythme d’entrée en transition avec son temps d’observation, d’appropriation puis de participation). Les classes, équipes enseignantes comme élèves, ont toutes et tous bien assimilé la présence de ce jardin et ses usages possibles. Cependant son investissement dans tout son potentiel et l’autonomisation sur son entretien et son évolution, nécessite encore du chemin. Ce sera l’objectif de la troisième année de roulement qui va s’ouvrir en septembre et que nous – parents, la CIME dont j’espère trouver les moyens de poursuivre la mobilisation - allons tenter d’accompagner.
Nous avons semé sur l’année scolaire qui vient de s’écouler les prémisses de cette ambition. Mais comme cette lettre atteint une longueur suffisante afin de ne pas vous perdre, je ferai un second numéro (je n’avais pas prévu avoir autant à raconter sur ce projet🙃) pour vous détailler tout ce que nous avons entrepris sur les 10 derniers mois pour ancrer ce projet dans la terre, les têtes et le futur.