Une coquerelle en annonce toujours plusieurs autres
Données économiques
Comme David Rosenberg l’a si brillamment écrit cette semaine : « Lorsque la Fed confisque le bol de punch, il craque, puis la banque centrale et les autorités réglementaires sortent la colle ». Or, la Fed devra s’assurer d’avoir de la colle en bonne quantité, car la fissure s’étend. Les choses semblaient pourtant sous contrôle après que la Réserve fédérale américaine (Fed) eût annoncé qu’elle allait garantir les dépôts supérieurs à la limite de 250 000 $ de la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), mais la confiance est fragile. Si l’on résume ce qui s’est passé, la Silicon Valley Bank (SVB) s’est écroulée vendredi dernier, suivie de la Signature Bank pendant le week-end. La situation des autres banques régionales américaines est suivie de près, tandis que banques européennes rendent les investisseurs de la région nerveux. Nous répétons toujours que la Fed relève ses taux jusqu’à ce que quelque chose brise, et c’est peut-être là où nous en sommes. Nous découvrirons probablement la semaine prochaine si la Fed estime être allée trop loin, car elle annoncera si elle poursuit ou non ses hausses de taux lors de sa réunion du 22 mars. Espérons qu’elle changera de cap. De fait, un relèvement des taux de 4 % en un an est un solide coup de barre qui prendra du temps à se faire sentir dans le système financier et dans l’économie. Le choc provoqué par la SVB la semaine dernière a retenu l’attention de tout le monde et a fait plonger les attentes du marché des contrats à terme quant à de nouvelles hausses des taux d’intérêt. Les choses se sont bousculées en une semaine alors que le marché des contrats à terme anticipait une autre hausse de 1 % des taux de la Fed. Il attribue maintenant une probabilité de 75 % à une nouvelle hausse de 0,25 % et anticipe une baisse de taux d’ici les 3 à 6 prochains mois. Les choses peuvent changer vite, de sorte que ces prévisions pourraient être révisées rapidement une fois que cet imbroglio sera réglé et que la poussière sera retombée.
La Fed pourrait toutefois garder le cap sur les hausses, étant donné les craintes que suscite le rapport sur l’inflation de cette semaine. Elle préfère se concentrer sur les services de base (et même exclure les coûts du logement). Or, cette donnée n’évolue pas dans la direction qui justifierait une pause dans le cycle de relèvement. La croissance annualisée des prix des services de base demeure très vigoureuse sur 1 mois, 3 mois et 6 mois, atteignant respectivement 7,7 %, 7,3 % et 7,3 %. Elle s’est d’ailleurs accélérée par rapport au mois précédent. La Fed fait maintenant face à un dilemme : Doit-elle maintenir les taux afin de tenter de préserver la stabilité du marché financier? Ou doit-elle hausser les taux pour garder sa crédibilité dans sa lutte contre l’inflation? Le président de la Fed, Jerome Powell, est pris entre le marteau et l’enclume. Qui voudrait être à sa place en ce moment? Les rapports de cette semaine sur les ventes au détail et les mises en chantier montrent que les consommateurs demeurent résilients. Certes, les ventes au détail ont légèrement fléchi en février, mais les données du groupe témoin (qui servent à établir le PIB) ont inscrit un solide gain, de sorte que la consommation continue de contribuer positivement au PIB du premier trimestre dont la croissance pourrait atteindre 3 %. Il n’y a aucune évidence de récession ici.
Au Canada, les plus récentes données publiées sur les mises en chantier ont été meilleures que prévu, à commencer du côté des copropriétés et des appartements, et les ventes de logements existants ont en fait augmenté en février (auraient-elles touché le creux?). Les prix ont cependant continué de reculer, et s’établissent désormais 15,8 % en deçà de leur sommet de février 2022. Nous sommes d’avis que les prix n’ont pas fini de baisser, ce qui pèsera sur la confiance et les dépenses des consommateurs, en raison des effets décalés des hausses des taux d’intérêt. Heureusement que c’est la St-Patrick aujourd’hui… et les investisseurs en profiteront sûrement pour trinquer. Sláinte!
Réaction des marchés obligataires
On a vu cette semaine que le portefeuille 60/40 n’est pas mort : les obligations ont procuré de la stabilité en cette période de nervosité sur les marchés. Par exemple, les obligations de référence du gouvernement du Canada à 30 ans affichent une progression d’environ 5 % depuis le mardi 7 mars (la veille de l’annonce de l’effondrement de la SVB). Les turbulences ont toutefois été fortes du côté des obligations à deux ans dont les rendements ont fluctué de 25 pb en une journée! La ruée vers les titres de qualité a propulsé les rendements des obligations du Canada à 10 ans jusqu’à leurs niveaux du mois d’août dernier! Nous verrons si les rendements se maintiendront à ce niveau selon les nouvelles répercussions de la SVB et la décision de la Fed la semaine prochaine. La hausse des écarts de taux d’intérêt qui était attendue depuis longtemps s’est amorcée cette semaine. Bien entendu, c’est le secteur des obligations à rendement élevé qui a mené le bal. Les obligations de première qualité n’ont cependant pas été épargnées compte tenu de l’augmentation des risques de récession.
Réaction des marchés boursiers
Au cours des 10 derniers jours, la volatilité a atteint des sommets qui n’avaient pas été observés depuis les premiers confinements imposés pour lutter contre la COVID-19. Le secteur de la finance est celui qui a suscité le plus fort vent de panique, mais les investisseurs ont dû composer avec de nombreux rebondissements en peu de temps. En quelques jours, les autorités réglementaires américaines ont pris le contrôle de la SVB et de la Signature Bank après des retraits massifs qui ont fait craindre une panique bancaire, en plus d’une pléiade d’autres problèmes particuliers à chaque entreprise. Les autorités réglementaires sont intervenues rapidement pour éviter une possible contagion et montrer leur soutien au secteur. Les banques régionales, sans égard à leur emplacement et à leur clientèle, ont été liquidées par les investisseurs au cours de l’une des pires semaines pour les banques dans l’histoire récente. Au même moment, les géants du secteur (JPMorgan Chase, Citi, Wells Fargo et d’autres) ont injecté 30 G$ de liquidités dans la First Republic Bank pour manifester leur confiance. On ne connaît pas l’état final de la situation, mais une possible baisse des taux d’intérêt a rapidement été prise en compte dans le cours de nombreuses actions de croissance. De l’autre côté de l’Atlantique, Credit Suisse a été aux prises avec des problèmes semblables, qui se sont ajoutés aux retraits des déposants et aux enquêtes de la SEC. Les autorités suisses sont finalement intervenues en lui remettant essentiellement un chèque en blanc pour calmer les craintes. Les banques canadiennes ont également fait l’objet de ventes massives cette semaine, mais elles se tirent mieux d’affaire étant donné la structure unique du système bancaire au Canada et les ratios de fonds propres élevés de ces institutions.
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À surveiller la semaine prochaine
La réunion de la Fed sera intéressante, en plus des plus récentes données sur l’inflation et les ventes au détail au Canada. Aux États-Unis, nous prendrons aussi connaissance des statistiques sur l’habitation et les commandes de biens durables.
Par: Patrick O’Toole, Adam Ditkofsky et Pablo Martinez
Patrick O’Toole est gestionnaire de portefeuille principal, Titres mondiaux à revenu fixe; Adam Ditkofsky est gestionnaire de portefeuille principal, Titres mondiaux à revenu fixe; et Pablo Martinez est gestionnaire de portefeuille, Titres mondiaux à revenu fixe.
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