Une crise évitable
L'incohérence
La crise des voyages dans le sud en temps de pandémie qui a marqué la période des fêtes fut le point culminant de l'incohérence du gouvernement fédéral face aux voyages non-essentiels à l’étranger. Même s’il les déconseille fortement, Ottawa se refuse toutefois à les interdire en invoquant qu’il s’agirait d’une violation à la charte des droits et libertés. Cette position est remise en question par le professeur de droit Patrick Taillon et semble servir d’écran à la véritable raison : en interdisant les voyages non-essentiels, le gouvernement canadien n’aurait d’autre choix que de venir en aide aux secteurs touchés par cette mesure.
À ce chapitre, le Canada fait cavalier seul sur l’échiquier mondial en refusant d'octroyer une assistance financière directe à ses transporteurs aériens depuis le début de la pandémie, à l’exception de la SSUC. De l’aveu même du ministre des affaires intergouvernementales Dominic Leblanc à 6:55 de son entrevue radiophonique, une interdiction des voyages non-essentiels exposerait son gouvernement à des poursuites de la part des entreprises affectées.
L'instinct de survie
L’absence d’une telle interdiction combinée à la précarité financière des voyagistes ne leur laisse d'autre choix que de poursuivre leurs opérations malgré les appels répétés des différents bureaux de santé publique. Dans le contexte actuel, les compagnies aériennes canadiennes qui opteraient pour l’immobilisation de leur flotte au nom de la santé publique ne feraient que rediriger leurs clients vers des compétiteurs étrangers, tandis qu’une interdiction formelle des voyages récréatifs leur permettrait de maintenir les avions au sol sans perdre de parts de marchés supplémentaires. D’ailleurs, un représentant de Transat s’est dit ouvert à un tel scénario conditionnellement à une aide gouvernementale.
L'improvisation
Cet imbroglio auto-infligé a forcé Ottawa à annoncer en catastrophe l’obligation pour tous les voyageurs de produire un test négatif à la COVID-19 avant l’embarquement d’un vol international vers le Canada. Cette mesure, qualifiée de « tardive et précipitée » par des experts et décriée à l'unisson par toutes les lignes aériennes majeures du Canada ainsi que les associations les représentant, a été pondue sans la moindre consultation avec les transporteurs aériens pourtant chargés de les mettre en application. Comble de l’ironie, ce sont ces mêmes secteurs aérien et touristique qui réclament depuis des mois l’implantation d’une stratégie nationale de dépistage rapide aux aéroports canadiens.
Une fois de plus, le Canada se distingue défavorablement des autres juridictions par son refus de mettre en place une telle infrastructure de dépistage dont le protocole de mise en œuvre a pourtant été élaboré par l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) basée à Montréal. Sans rentrer dans les détails, il ne fait aucun doute que cette approche méthodique et proactive se serait avérée beaucoup plus efficace que cette nouvelle mesure improvisée au dernier jour de 2020.
Penser l’après
Les attentats du 11 septembre 2001 mirent tragiquement en lumière la vulnérabilité du transport aérien face aux menaces terroristes. Les protocoles de sécurité qui en découlèrent eurent non seulement pour but d’éviter qu’un tel événement ne se reproduise, mais également de fournir une infrastructure capable de s’adapter aux menaces terroristes futures.
Dans une même optique, la pandémie de la COVID-19 a exposé la fragilité du transport aérien et de nos sociétés toutes entières face aux enjeux sanitaires. Il est donc impératif de mettre en place un système de dépistage universel et coordonné en mesure de s’adapter aux prochaines menaces virales.
Captain A-330, CFI/Class 1 Flight Instructor, Owner FYI Investments
3 ansExcellent job Louis-Eric. I have been working on others myself as well... Any chance you can put it out in English for the mono-linguists;-)
Président du CEP Des pilotes chez Air Transat
3 ansBravo pour ton article
Legend Boats Marine Tech chez Legend Boats
3 ansFaut pas oublier que le segment le plus risqué dans un voyage en avion est celui entre la maison et l’aéroport Même chose pour le COVID Le taux de changement d’air et la qualité des filtres du système de ventilation/chauffage/pressurisation (ECS) d’un avion ne propage pas le virus Le problème est le passager qui “importe” le virus L’approche de l’australie est efficace mais leur avantage est d’être une grosse “île” ce qui rend le contrôle plus “facile“ Faudrait juste que Justin mette ses culottes et qu’il les tienne bien haut Je peux même lui prêter ma ceinture s’il a besoin d’aide 😎
Captain A-330/A-321 Air Transat
3 ansGood job!