Une histoire de boite à…
Les bons souvenirs
ne doivent pas être éphémères
Marc Lévy
(Et si c’était vrai)
Elles sont grandes, certaines sont larges, d’autres étroites, quant aux couleurs le choix est immense, on les prend sous le bras, dans un sac ou parfois on les laisse sur le comptoir du magasin, elles prennent trop de place. Lorsqu’on ne les veut plus on s’en débarrasse, mais cela n’est pas toujours chose facile, il faut les défaire, les empiler, alors on les jette telle quelles et c’est souvent dommage pour l’environnement.
Cependant, il y a celles qu’on garde, nous leur redonnons une seconde vie !
On choisit les plus belles, si l’on veut on les tapisse d’un beau papier de couleurs ou de motifs que l’on aime, sans oublier une belle étiquette que l’on écrit à la main à propos du contenu. Lorsque vient le temps de les remplir c’est un moment particulier : quoi mettre dans ce qu’était une boite à chaussures ?
Si l’on pouvait faire parler ces dernières, elles auraient pas mal d’histoire à nous conter, des histoires amusantes, cocasses et touchantes mais toutes seront d’accord que la fin de cette histoire en est une d’oubli, de pièce sombre, poussiéreuses, des places sans vie, sans aucun bruit : un grenier, une mansarde ou une pièce de débarras. Triste fin ?
Nous les transformons en caches secrètes de ces trésors auxquels nous tenons tant, mais que l’on oublie trop rapidement lorsque nous les rangeons loin des yeux ( du cœur aussi!) dans une mansarde ou un grenier.
Sitôt rangée sitôt oubliée, et pourtant nous y mettons dedans ces instants de notre vie. Ce bonheur parfois ravivé survient lors d’un grand ménage ou d’un déménagement. On s’arrête, on se tait, on oublie presque de respirer, on ouvre grands les yeux, les doigts soulèvent le couvercle libérant cette quantité d’air emprisonnée depuis si longtemps, le charme est revenu, la découverte toute nouvelle. Le retour à la réalité nous arrache lorsqu’une voix nous appelle pour nous ramener à cette réalité, le dilemme est réel, rester et voguer au pays des souvenirs qui reviennent par vagues langoureuses, ou quitter, sans oublier de poser le couvercle signifiant le charme rompu.
J’ai découvert aujourd’hui deux de ces boites qui avaient réussi à se dissimuler, bien cachées dans un lieu que je regarderais presque pas. Une fois passée la fébrilité curieuse de voir ce qu’elles contenaient, plusieurs enveloppes d’origine, le papier jauni et l’écriture qui résistaient aux stigmates du temps. Mes photos d’enfance. Mes propres photos d’enfances, ces photos que l’on prenait avec un appareil photo que les initié savaient manipuler (Mon papa et tonton Henry eux savaient comment faire). Ces mini-tirages de pas plus de 5 ou 6 centimètres de côté, un beau noir et blanc lustré, que l’on avait découpé au massicot dentelé. Des centaines de ces moments de ma vie que je regardais tel un film, se dérouler devant mes yeux.
Je ne sais combien de temps ai-je passé à reprendre contact avec mémé et pépé, tatie, tonton, cousine et cousin, une certaine tendresse de pouvoir leur adresser une pensée, la plupart ayant quitté ce monde, mais toujours présents dans ces images que le temps n’avait pu vaincre.
Puis un sourire lorsque je me suis vu à moitié nu devant la baignoire, heu dites quel enfant aime prendre son bain lorsque ce n’est pas le temps du bain, disons que ce n’était jamais le temps du bain pour moi. Certaines photos je me suis vu grimaçant et pointant du doigt, probablement mon papa me demandait de sourire. Hé avez-vous réussi à faire sourire vos petits trésors quand vient le temps d’une photo pour grand papa ou grand maman ? J’ai relu les mots écrits par mon père, je reconnais son écriture soignée et bien moulée, au stylo à encre s’il vous plait, sans omettre la ponctuation qui va avec.
Au fond me découverte aujourd’hui fut celle de moi dans le temps, mais aussi des personnes qui ont accompagné mes premiers pas, mes premiers mots et mes premières sautes d’humeurs.
C’est en votre mémoire que je garderai précieusement ces instants que j’ai eu le bonheur de vivre en votre présence.
Quant à la seconde boite à chaussures, ceci est une bien autre histoire, mais je laisserai à mes enfants le soin de vous en parler un jour futur, lors qu’ils feront cette même découverte à leur tour !
À la prochaine,
Michel J.B. – © 2016