Une interprétation de la démission de Nicolas Hulot du Gouvernement

Nicolas Hulot a été confronté à l’incapacité de l’état et de nos concitoyens à affronter la nécessité écologique.

La structure politique actuelle, construction européenne, culture politique nationale et locale, décentralisation, contre-pouvoirs… fonctionnent encore selon leurs principes fondateurs datés d’une autre époque. Le collectif n’est pas à la hauteur de l’enjeu civilisationnel qui se présente à nous à cause de la pression sociale et économique de court terme. Le collectif ne sait pas à la fois gérer la crise et bâtir le futur. Il ne sait pas palier aux problèmes du moment dans les règles du moment et « en même temps » construire les règles du futur. Celles-ci demandent par exemple  d’ abandonner le culte de la croissance, de  créer un indicateur clé de « dette écologique », d’ investir massivement dans les technologies et les produits écologiques, de ne pas faire de l’opposition systématique ou  encore de ne pas informer que du pire.

Mais l’intervention de Nicolas Hulot a également mis en avant la responsabilité de chacun et pas seulement la responsabilité collective. Il démontre la passivité de chacun, tant dans son comportement quotidien et que dans son engagement collectif. Là encore il s’agit qu’une posture passéiste et consumériste : chacun attend du décideur de prendre les décisions et tant qu’elles ne sont pas prises on ne fait rien. Et en plus chacun peut critiquer à l’envie au risque de mettre la démocratie en péril par exemple en cherchant à ne pas respecter la durée des mandats électoraux.

Face à ce constat, nous retenons que le problème est moins dans le faire que dans la manière de faire, dans l’agir. Chacun, collectif comme individu, se cantonne à faire au quotidien ce qu’il a à faire sans véritablement se connecter au système auquel il appartient. Chacun défend des intérêts particuliers en oubliant l’intérêt général. Le ministère d’état de la transition écologique n’est pas un ministère transversal mais un silo supplémentaire en lutte contre les autres. Chaque individu n’est pas un membre d’une société mais un cas particulier qui se soucie d’abord de son intérêt particulier.

Bref, à tous les niveaux -collectif et individuel- et malgré les technologies d’hyper connexion, nous ne sommes pas connectés à notre contexte. Nous ne savons pas anticiper les conséquences de chacun de nos actes, nous ne savons pas penser l’intérêt collectif et nous ne savons pas changer nos habitudes. Ces changements comportementaux sont pourtant indispensables. Car c’est en entrant dans cet agir que nous pourrons affronter l’immense défi planétaire qui est le nôtre.