Une voie vers la métamorphose d'Edgar Morin? (20200312)
A Septante quatre ans je pense pouvoir considérer avec quelque lucidité les étapes parcourues dans ma vie, et celles qui sont encore ouvertes devant moi.
Chaque phase importante de ma vie procédait de choix risqués et non-conformistes, motivé par des considérations éthiques profondément ancrées en moi.
Les choses que j'ai entreprises, souvent avec d'autres, à chaque moment important de ma vie ont demandé d'être traités pour un certain résultat qui dépassait la "chose" proprement dite. Elles se situaient en effet et étaient conduites comme partie d'un tout avec une raison d'être: Je la qualifierais aujourd'hui de perspective cosmopolitique (Isabelle Stengers) ou à la poursuite d'une "Evolutionary Vision" (Erich Jantsch) qui les excédaient de façon significative, la plus plus élevée possible.
Ceci m'a éloigné de la facilité, m'a aussi poussé à prendre des voies souvent divergentes, originales, comportant des risques importants. Je me suis ainsi aussi préservé du goût du pouvoir à tous prix et des tentations qui peuvent résulter d'un tel goût.
Le cours de chaque "chose" entreprise, à chaque fois, m'a poussé continuellement à me dépasser, à innover, à me confronter à l'inconnu, l'incertitude, la nouveauté, l'impossible souvent.
Il m'a obligé, en cours d'action, à des réflexions auto-éthiques et auto-critiques nouvelles et permanentes, souvent hétérodoxes, immergé que j'étais dans des contextes fluctuants, toujours singuliers, complexes, systémiques, aux facettes multiples et interdépendantes: toujours différentes et situées, jamais prévisibles.
En résumé, une grande partie de ma vie a été un apprentissage oscillant sans cesse entre l'action, la réflexivité et l'étude pour approfondir les raisons de mes succès et surtout celles de mes échecs.
L'humanité aborde depuis des années déjà - à partir de la fin des trente glorieuses - une époque historique tout à fait particulière et unique.
Des circonstances personnelles me l'ont révélé au grand jour, et me l'ont fait ressentir à mes dépens (quelle leçon!) au détour du siècle. Mais avec une insistance et une intensité toute particulière depuis début 2017.
Cela m'a amené à une étude et une réflexivité toute particulière et extrêmement fructueuse depuis.
Le premier janvier de cette année (2020) est sorti un livre, un Magna Opus: celui de Pierre Charbonnier, Abondance et Liberté, Une histoire environnementale des idées politiques (je vous envoie à la demande une transcription éditée de la présentation YouTube du livre).
Ce livre a été annoncé par Bruno Latour - comme fondamental - dans une interview par Carolina Miranda, intitulée Troubles de l'Engendrement, parue le 17 octobre 2019 dans la Revue du Crieur(N° 14)
D'un coup en effet ce livre met à jour de manière infaillible la faille béante que je n'avais pas encore totalement perçue et intégrée, malgré à mes lectures depuis 2017.
Preuve s'il en est que l'étude approfondie de centaines de livres et de milliers d'articles émanant des meilleurs esprits multidisciplinaires mondiaux, de toutes origines de pensée, n'est qu'un processus propédeutique préparatoire, obligé. Il n'est pas évident à conduire pour des âmes non préparées, même très intéressées et engagées. C'est mon expérience, et ce passage m'a été indispensable, et le restera.
Le thème du livre est le suivant (présentation de l'éditeur):
Sous la forme d’une magistrale enquête philosophique et historique, ce livre propose une histoire inédite : une histoire environnementale des idées politiques modernes. Il n’ambitionne donc pas de chercher dans ces dernières les germes de la pensée écologique (comme d’autres l’ont fait), mais bien de montrer comment toutes, qu’elles se revendiquent ou non de l’idéal écologiste, sont informées par une certaine conception du rapport à la terre et à l’environnement.
Il se trouve que les principales catégories politiques de la modernité se sont fondées sur l’idée d’une amélioration de la nature, d’une victoire décisive sur ses avarices et d’une illimitation de l’accès aux ressources terrestres. Ainsi la société politique d’individus libres, égaux et prospères voulue par les Modernes s’est-elle pensée, notamment avec l’essor de l’industrie assimilé au progrès, comme affranchie vis-à-vis des pesanteurs du monde.
Or ce pacte entre démocratie et croissance est aujourd’hui remis en question par le changement climatique et le bouleversement des équilibres écologiques. Il nous revient donc de donner un nouvel horizon à l’idéal d’émancipation politique, étant entendu que celui-ci ne peut plus reposer sur les promesses d’extension infinie du capitalisme industriel.
Pour y parvenir, l’écologie doit hériter du socialisme du XIXe siècle la capacité qu’il a eue de réagir au grand choc géo-écologique de l’industrialisation. Mais elle doit redéployer l’impératif de protection de la société dans une nouvelle direction, qui prenne acte de la solidarité des groupes sociaux avec leurs milieux dans un monde transformé par le changement climatique.:
Quelques phrases marquantes terminant les concussions de l'ouvrage:
Ce qui fait écran à l’émergence d’une pensée politique ajustée à la crise climatique n’est donc pas seulement le capitalisme et ses excès.
C’est aussi en partie l’acception même de l’émancipation dont nous sommes les héritiers, qui s’est construite dans la matrice industrielle et productionniste et qui s’est traduite par la mise en place de mécanismes protecteurs encore tributaires du règne de la croissance.
L’obstacle est en nous, parmi nous : dans nos lois, nos institutions, plus que dans un spectre économique surplombant que l’on pourrait confortablement dénoncer de l’extérieur.
L’État social, en dépit de ses immenses bénéfices, a par exemple contribué à consolider les objectifs de performance économique qui conditionnent son financement, et qui en retour provoquent une mise en concurrence des risques sociaux et des risques écologiques.
In fine ma conclusion après cet exposé préalable, et l'offre/proposition que je formule:
1. Je me propose de m'orienter dans les 20 ans qui suivent, si la vie et la santé m'en donnent la possibilité, en partant des prémices/expériences suivantes:
Spéculant qu'il il est difficile pour des leaders, particulièrement dans la période actuelle, surchargés qu'ils sont pour assurer la survie à court terme de ce dont ils ont la charge (organisation, institution, initiative privée, publique, politique, ONG, entreprise, association, coopération, réseau, chaque personne engagée en fait, et d'autres qui se révèleront)
Spéculant que beaucoup d'entre eux savent que la bonne gestion du court terme n'engendre pas nécessairement la réussite à moyen et long terme
Spéculant qu'introduire un nouveau cours des choses est difficile, dangereux, énergivore et chronophage
Sachant par expérience la difficulté à comprendre la jonction à laquelle l'humanité se trouve et à percevoir et tester les voies (interstices) qui s' ouvrent
Sachant que l'obstacle est en nous, parmi nous, dans nos lois, nos institution (voir ci-dessus)
Sachant que le changement ne viendra que si une minorité engagée et visionnaire se met en route, avec confiance et détermination, pour sauver ce qu'il y a à sauver
Spéculalnt que de leur succès dépendra la diffusion graduelle de la nouveauté (s'ils peuvent résister à la capture par le système en place - qui par cynisme, myopie ou ignorance - voit (à tort) son intérêt partisan menacé.
Spéculant qu'en chaque humain réside un désir profond, inaliénable, orientée vers la perpétuation de la vie par les générations qu'il a incarnées.
Spéculant que de plus en plus entre nous seront prêts à croire en la possibilité d'un engendrement d'un nouveau monde, et à s'engager à le tenter, si seulement on peut leur démontrer que des voies nouvelles s'ouvrent et réussissent mieux que les anciennes.
Spéculant que l'humain possède en lui/elle des ressorts insoupçonnés qui peuvent être activés (en ce compris une résilience inimaginable à surmonter les obstacles)
Spéculant qu'une fois la pompe amorcée, d'autres, toujours plus nombreux, suivront et ouvriront des voies multiples et nouvelles pour s'engager à leur tour vers une métamorphose de notre monde
Spéculant qu'un tel mouvement devient alors irrésistible
Mon offre et mon engagement envers ceux qui désirent s'engager
Je m'engage à me mettre au service de leaders (au sens le plus large) et de l'équipes, à faire corps avec eux, pour tenter la réalisation positive des premières métamorphoses dans leur secteur. De cette façon, d'autres pourront être incités à s'y engager à leur tour (voir texte Eloge de la Métamorphose d'Edgar Morin dans le Cahier de l'Herne qui lui est consacre - le texte (2 pages) sera également envoyé sur demande).
Pour terminer, écoutons Jean Monnet
Je me souviens de la phrase de Roosevelt .. "Nous n'avons rien à craindre que la crainte elle-même". En 1950, cette crainte engendrait la paralysie, et la paralysie appelait la fatalité. Recréer le mouvement était nécessaire. J'écrivais alors: "Il faut changer le cours des événements. Pour cela il faut changer l'esprit des hommes. Des paroles n'y suffisent pas. Seule une action immédiate portant sur un point essentiel peut changer l'état statique actuel.
Jean Monnet Mémoires p.344
Puis Bruno Latour
"There is no greater intellectual crime than to address with the equipment of an older period the challenges of the present one. "
Bruno Latour in "Has Critique Run Out of Steam, Matters of Fact and Matters of Concern " Stanford Presidential Lecture 7 April 2003
Puis Machiavel
... it ought to be remembered that there is nothing more difficult to take in hand, more perilous to conduct, or more uncertain in its success, than to take the lead in the introduction of a new order of things. Because the innovator has for enemies all those who have done well under the old conditions, and lukewarm defenders in those who may do well under the new. This coolness arises partly from fear of the opponents, who have the laws on their side, and partly from the incredulity of men, who do not readily believe in new things until they have had a long experience of them. Thus it happens that whenever those who are hostile have the opportunity to attack they do it like partisans, whilst the others defend lukewarmly, in such way that the prince is endangered along with them.
Nicolo Machiavelli in De Principatibus (The Prince) Chapter 6
Charles van der Haegen
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Mind (H)opener | Creative Thinking & Strategic Futuring Expert | #Dyslexic Thinker | Author of Shapership: The Art of Shaping the Future | Louvain School of Management Fellow | Narrative Therapist | Club of Rome Member
4 ansMerci Charles Je partage du fond du cœur Et je m engagé du fond du cœur, je le suis déjà , avec toi si tu souhaites Et ce pour la durée d’au moins 20 ans, je fais confiance à tes 20 ans mais ne sait pas i je tiendrai Si tu es d accord je veux bien le texte Eloge de la Métamorphose d'Edgar Morin dans le Cahier de l'Herne qui lui est consacre - le texte (2 pages) et le lien vers le texte ou la vidéo de Bruno l’atour Au plaisir de te revoir