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Bonjour à vous, chers abonnés ! 👋

Voici une adaptation pour LinkedIn du dernier numéro de la lettre d'information du site proxitravail.fr.

Avant tout, je souhaite la bienvenue aux personnes qui lisent cette newsletter pour la première fois, et je me présente à elles. Je suis Rémy LASSET, entrepreneur individuel, avec comme activité principale la rédaction web pour des sites et blogs d'entreprises.

Je suis par ailleurs passionné par les nouveaux modes de travail et notamment les formes alternatives de télétravail, hors du domicile.

Je vous en parle chaque mois, dans cette newsletter. Et je vous parle en particulier du proxitravail, que je définis comme un télétravail vertueux, dans des espaces de type coworking ou autres tiers-lieux dédiés, à proximité du domicile des salariés. Parce que c'est probablement la forme alternative de télétravail la plus intéressante et la plus accessible pour le plus grand nombre d'employeurs (privés et publics) et de salariés.

Au sommaire de ce numéro d'octobre :

• Mes retours sur la journée d'études consacrée aux « enjeux et perspectives des mutations des relations travail-loisirs-tourisme », et plus particulièrement au phénomène des tracances et du nomadisme numérique, à l'Université de Bretagne Sud ;
• Mes retours sur la journée de restitution et d’échanges sur la thématique des tiers-lieux ruraux et de leur impact, co-organisée par l'Agence Ariège Attractivité ;
• Les propositions des maires ruraux de France, réunis en congrès, en faveur de la rénovation du bâti rural, problématique dans laquelle le proxitravail pourrait parfaitement s'insérer, avec de nombreux avantages à la clé.

Allez ! Vous avez 6 minutes ? C'est parti ! ⏱️

Retours sur la journée d'études à l'Université de Bretagne Sud

Mardi 1er octobre, à Lorient, je participais à une journée d’études, de conférences et d’échanges sur le thème des « enjeux et perspectives des mutations des relations travail-loisirs-tourisme ».

🧑🏫 La journée a commencé par l'introduction de Florence Gourlay , Claire Mahéo et Clément Marinos . Les 3 enseignants-chercheurs ont donné un aperçu de leurs travaux de recherche, menés depuis 2018 au sein d'unités de recherche associées à l' Université Bretagne Sud , sur le phénomène des tracances (ou workation, en anglais) et des nomades numériques (ou DN, pour digital nomads).

Leurs questionnements peuvent se résumer en 2 axes principaux :

• Les tracances et le nomadisme numérique, notions devenues médiatiques mais encore mal définies et aux contours flous, s'inscrivent-elles dans une évolution continue et durable des modes de travail ?
• Ces phénomènes représentent-ils une nouvelle manière de vivre sur les territoires, touristiques ou non ?

Les travaux de recherche abordent notamment, entre autres sujets :

• Les stratégies publiques et privées pour attirer les DN et autres tracanciers ;
• Les externalités positives et négatives, et en particulier les enjeux importants pour les territoires.

🙋🏻 J’ai pris le relais en partageant mon propre témoignage de nomade numérique, depuis plus de 6 ans, et ma vision sur ce phénomène :

• Critères de choix d'un espace de coliving ou autre lieu de séjour, facteurs qui incitent (ou pas) à y retourner ;
• Typologie de DN, une population finalement pas complètement homogène (voir la photo ci-dessous) ;
• Exemples de lieux (au sens large) et d’établissements proposant un espace et une communauté aux DN, et en particulier Les Briques , à Lion-sur-Mer (Calvados), et Alpiness Coliving , aux Haudères (Suisse), reprenant le témoignage que je donnais dans la newsletter de septembre.

À noter que ces 2 colivings proposent aussi (à partir de novembre pour Alpiness Coliving) un espace de coworking / télétravail accueillant également des proxitravailleurs locaux et des tracanciers disposant d'un hébergement par ailleurs.

🗒️ Je donnais déjà un peu plus de détails sur le contenu de mon intervention dans cette publication sur LinkedIn.

🧑🏫 Ensuite, la parole est revenue à la recherche et aux universitaires. L'intervenant suivant, Ignasi Capdevila , a fait remarquer que l'on parle plus des tracances et du nomadisme numérique dans les publications spécialisées en tourisme que dans celles orientées management ou ressources humaines.

Il a développé aussi les différences entre tracanciers et DN. Cette seconde catégorie (celle des nomades numériques) correspond à un style de vie sur le long terme, et on y trouve encore beaucoup plus d'entrepreneurs que de salariés.

🧑🏫 Ensuite, Alberica Bozzi a présenté une étude de cas qu'elle a menée dans le cadre de sa thèse en cours. Il s'agissait d'étudier les initiatives privées et les politiques publiques en direction des DN dans la région Algarve, au Portugal.

Cette étude démontre comment tout est parti de communautés, en ligne et/ou physiques. L'ouverture d'espaces de travail de divers types à destination des DN a suivi, dont 4 sont publics (payants ou gratuits). Puis des établissements hôteliers hébergeant des touristes en été ont pris la décision de se convertir en colivings pour DN en hiver.

Certains acteurs de la région sont désormais convaincus que "le travail à distance est la clé pour développer l'Algarve".

🧑🏫 À son tour, Catherine Minet-Letalle a apporté un éclairage du point de vue juridique.

En effet, le télétravail en général pose déjà de nombreuses questions en matière de droit du travail. Quant à elle, la modalité des tracances demande à prendre un certain nombre de précautions pour ne pas entrer en conflit avec les règles du travail, de la sécurité sociale, des impôts, ou encore en matière d'assurance, de conditions de travail, de dumping social, etc.

🧑🏫 Enfin, dans la dernière présentation de cette journée, philippe duhamel a replacé les tracances dans le phénomène plus global du tourisme, qu'il présente comme "une activité d'urbains qui produit de l'urbain".

Un territoire se développe d'abord avec un tourisme de loisirs, balnéaire ou autre. Puis il se diversifie en accueillant dans un centre urbain ou à proximité immédiate :

• un tourisme lié aux activités économiques et commerciales, avec notamment la construction d'un centre des congrès, d'un palais des expositions, etc. pour l'accueil de séminaires et autres événements professionnels ;
• un ou plusieurs établissements d'enseignement supérieur, campus universitaires, etc. avec leurs étudiants et leurs personnels enseignants et administratifs.

Progressivement, une partie des touristes et des habitants temporaires (par exemple les étudiants) deviennent des habitants permanents.

Le développement de l'agglomération de Nice tout au long du XXème siècle est un exemple emblématique qui illustre très bien ce modèle.

Le développement du tourisme dans une ville ou sur un territoire pose la question de l'acceptabilité par la population locale. Il relève aussi de stratégies et de politiques locales reposant sur l'expression de la démocratie locale.

🟤 Après ces différentes interventions, fruits de la recherche universitaire, et mon modeste témoignage empirique, la journée s'est conclue par une table ronde à laquelle participaient différents acteurs socio-professionnels du Morbihan et du Finistère sud :

• Akira LAVAULT , co-fondatrice de Maison Glaz , un tiers-lieu situé sur la presqu’île de Gâvres, qui fait "le pari du lien social pour un territoire littoral habitable, solidaire et vivant" et qui se propose d'"imaginer les solutions d’adaptation et de résilience sur un territoire aux premières loges de la vulnérabilité climat" ;
• Thierry Acquitter , co-fondateur de Bigouden Makers , société créée en 2020, regroupant aujourd'hui près de 200 "actionnaires impliqués dans l’avenir du Pays Bigouden", labellisée "Fabrique de Territoire" en décembre 2021, gagnant ainsi le soutien financier apporté par l’Etat et dont l'ADN est d'"acquérir des lieux inoccupés, ou en voie de l’être, pour créer des espaces d’attractivité et de partage" ;
• Mathias Hocquart , maire adjoint de Séné, commune du Golfe du Morbihan, en charge de la culture, du patrimoine et de la communication ;
• Gilles Poupard , directeur d' AudéLor , agence d’urbanisme, de développement économique et technopole du Pays de Lorient.

Entre autres sujets de conversation, l'impact de toutes les formes de tourisme sur les territoires a particulièrement fait débat. L'attention portée à l'attractivité d'un territoire ne doit pas se faire au détriment de l'habitabilité.

Une des clés se trouve dans la dé-saisonnalisation du tourisme. L'orientation vers l'accueil de tracanciers et de nomades numériques présente un intérêt en ce sens.

Akira Lavault constate d'ailleurs déjà une croissance des séminaires d'entreprises et autres "workation" de groupes à la Maison Glaz.

Concernant l'activité espace de coworking / télétravail, toutefois, force est de constater que, jusqu'à présent, elle ne représente encore qu'une très faible part du chiffre d'affaires, tant pour Maison Glaz que pour Bigouden Makers Pont-l'Abbé. Elle contribue toutefois à l'image et à la réputation du lieu.

🗓️ En plus de ces présentations et de ces échanges plus ou moins formels, je retiens aussi de cette journée des rencontres et des échanges à poursuivre. Et aussi des lieux à visiter lors de mon prochain passage en Bretagne, auquel je consacrerai beaucoup plus de temps, en 2025.

🙏 Merci encore à l'équipe organisatrice et à toutes les personnes qui ont participé.

Retours sur l'événement de l'Agence Ariège Attractivité

2 jours après cette journée d'études, j'avais prévu d'assister à un autre événement, à Lézat sur Lèze, en Ariège : une journée de restitution et d’échanges sur la thématique des tiers-lieux ruraux et de leur impact.

Un gros rhume aura eu raison de moi. Je remercie Clément Cayla-Giraudeau , directeur de l' Agence Ariège Attractivité (agence co-organisatrice de l'événement), qui m'a toutefois permis de suivre les présentations du matin à distance, depuis mon hébergement toulousain.

Clément Cayla-Giraudeau a commencé par la présentation de l'enquête "travail, mobilités et numérique", réalisée par l'agence en 2023.

Entre autres enseignements, cette étude montre que l'intérêt pour un espace de coworking / proxitravail est particulièrement élevé pour les personnes qui télétravaillent quotidiennement ou presque depuis leur domicile (40 %), et aussi assez significatif pour celles qui télétravaillent au moins une fois par semaine (24 %).

Laura SONNEVILLE a ensuite présenté son étude menée d'avril à juillet 2024 sur le thème : "Les tiers-lieux et espaces de coworking en milieu rural, facteurs d'attractivité territoriale ?"

Je retiens particulièrement :

• Parmi les particularités des tiers-lieux ruraux (notamment en Ariège) : opportunité du bâti à réhabiliter (j'y reviens dans le dernier sujet de cette newsletter), manque de recul, jeunesse de ces lieux, difficulté à faire entrer les tiers-lieux dans une culture commune, à faire comprendre à tous ce qu'est un tiers-lieu... ;
• Le fait que les personnes les plus attirées par les tiers-lieux, voire porteuses de projets, sont majoritairement néo-résidentes sur le territoire ;
• Un point de vigilance sur le modèle économique, encore fragile pour les espaces de coworking / télétravail, d'où la nécessité d'intégrer d'autres activités ;
• Le "rôle clé des tiers-lieux dans la redéfinition des modes de vie ruraux" ;
• La collaboration nécessaire des collectivités locales ;
• La "nécessité de travailler en réseau de tiers-lieux".

Enfin, une table ronde sur le thème de l'impact des tiers-lieux dans les territoires ruraux a réuni une élue locale, deux fondatrices de tiers-lieux et Dominique Valentin, président-fondateur de Relais d'Entreprises .

Dominique Valentin a partagé une fois de plus son expérience et sa vision en temps que pionnier des espaces de proxitravail en milieu rural (depuis 2012), puis animateur du "réseau Relais d'Entreprises, engagé depuis plusieurs années dans la promotion du télétravail au sein de tiers-lieux en milieu rural et péri-urbain", et agissant également en tant que bureau d'études pour dimensionner et accompagner de tels projets de tiers-lieux.

🖥️ Vous pouvez retrouver l'essentiel de son intervention dans cette vidéo.

L'après-midi était consacré à des ateliers animés par le personnel de l' Hôtel d'entreprises Arize-Lèze , tiers-lieu co-organisateur de l'évènement. Je n'ai donc pas pu y participer.

🗒️ Vous trouverez quelques-uns des éléments qui en ressortent dans cette publication LinkedIn de Clément Cayla-Giraudeau.

Congrès des maires ruraux de France : propositions pour la rénovation du bâti rural

Lors de son dernier congrès, tenu du 27 au 29 septembre en Côte-d'Or, l' Association des Maires Ruraux de France - AMRF a adopté une motion préconisant la création d'une agence nationale de la rénovation rurale.

Bon, à l'heure des restrictions budgétaires, on peut s'attendre à ce que cette demande connaisse un parcours difficile. Elle ne manque pourtant pas d'intérêt... y compris en lien avec le proxitravail.

Comme l'indique la motion, la réhabilitation du bâti existant, public et privé, représente "un enjeu majeur dans les zones rurales". J'y relève encore les idées suivantes (et j'ajoute mes commentaires) :

① "Le potentiel de rénovation ou de reconstruction des cœurs de villages est la réponse première aux enjeux de lutte contre l'artificialisation" des sols.

Ceci est en lien avec l'objectif zéro artificialisation nette (ZAN) auquel sont contraintes les collectivités territoriales. ✅

② "La rénovation du bâti doit s'inscrire dans une perspective d'aménagement global de son territoire", avec plusieurs volets : "rénovation énergétique", "création de services localisés dans les campagnes [...] avec un effet mécanique sur une réduction de la mobilité grâce à la localisation de fonctionnalités et de services".

🤔 Et si on dédiait une partie du bâti rénové au cœur des villages de nos campagnes à la création d'espaces de proxitravail ?

On offrirait alors une troisième voie, une solution alternative à la fois au télétravail à domicile (pas toujours possible, ou pas toujours idéal) et aux trajets quotidiens au bureau de l'entreprise. ✅

On contribuerait ainsi à réduire les mobilités des salariés domiciliés dans ces villages ou à proximité, à remplacer une mobilité subie à 20 ou 30 km, parfois plus, souvent parcourue en voiture, par une mobilité choisie à quelques minutes de chez eux, et même réalisable à pied ou en vélo. 🚶🚴

Ces kilomètres non effectués peuvent être valorisés en termes de non-émission de gaz à effet de serre et même, par suite, en termes financiers, grâce à un double mécanisme (label bas carbone et certificats d’économies d’énergie) via la plateforme VALO-RE, créée par Relais d'Entreprises avec le soutien de l' ADEME . 💶

③ "La démarche de rénovation doit prendre en considération : les spécificités locales et le paysage ; l'adhésion des habitants, les besoins des usagers et les usages qui seront faits des bâtiments."

🤔 Une telle démarche est évidemment indispensable. J'y ajouterais 3 points :

• Cette démarche requiert aussi au préalable une étape informative et pédagogique, car les usages possibles et leurs avantages ne sont pas forcément bien connus et anticipés par toute la population ;
• Des expérimentations peuvent même être utiles, par exemple pour un espace de coworking / proxitravail, en expliquant bien qu'elles s'opèrent en mode dégradé, provisoire, pour permettre à chacun de tester le service, de mesurer ses avantages, de préciser les besoins... ;
• Après l'adhésion des habitants, il est bon de les associer pleinement au projet et à sa mise en œuvre, a minima les usagers, par exemple en attribuant la gestion et/ou l'animation du lieu à une association ou coopérative à laquelle ils prendraient part.

Avant de se quitter...

Voilà, c'est (presque) fini pour aujourd'hui ! Maintenant, vous pouvez retourner à vos activités. En proxitravail, peut-être ? 😉

¡Hasta la vista! ✌️

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