Valeur des terres: au-delà de 10% d’augmentation en 2021?
Assez fascinant de constater les réactions suite à la publication du dernier rapport de FAC sur la valeur des terres agricoles au Canada (en passant, chapeau, chers confrères et consœurs : excellent travail, comme toujours). Le rapport constate une croissance somme toute modeste en 2020 : dans la plupart des provinces, des hausses de valeur du même ordre que celles observées au cours des cinq dernières années. Au Québec, on parle de 7,3%. Ça n’étonne plus.
Asteure (j’adore ce mot, un « adverbe français canadien »), préparons-nous mentalement au « choc » de 2021.
Question ouverte : le taux de croissance de la valeur des terres en 2021 accottera-t-il ou surpassera-t-il celui du début des années 2010? Assurément, la table est mise pour un grand coup. Les taux d’intérêt sont bas. Le revenu agricole net en 2020 a été le meilleur de l’histoire canadienne et à moins d’un revirement majeur, 2021 y ressemblera. Le prix des grains est très élevé. Le prix du porc aussi (le bœuf traîne toutefois misérablement de la patte).
Y’a pas que les marchés qui ont un impact. Le versement des compensations au secteur laitier a été accéléré. Ça aide à supporter des coûts d’alimentation plus élevés, mais en revanche il y a peu de quota disponible au SCVQ. Les faibles proportions d’offres d’achat comblées parlent d’elles-mêmes. Personne ne sera surpris de faible offre de ventes et de forte offre d’achat au SCVQ au cours des années de versement des compensations AECG et PTPGP. Et cette période pourrait bien s’étirer, vu les engagements fermes de compensation pour l’ACEUM. Tout ceci redirige inévitablement des investissements vers la terre.
Quand on veut on peut, mais reconnaissons qu’il faut être imaginatif pour trouver des facteurs décélérateurs de prix des terres. Tout bien considéré, ne soyons pas surpris d’observer au Québec un taux de croissance de 9-11% en 2021, voire plus. La croissance se répartira différemment de la grosse période 2012-2014, toutefois. À l’époque, la hausse avait été particulièrement intense dans les régions centrales. Similairement, la hausse avait été très forte en Ontario, où se trouvent les terres parmi les plus chères au Canada. Une espèce de « y’a toujours ben des limites » pourrait donc s’installer dans les régions où les prix sont les plus élevés, alors que des hausses marquées sont attendues plus loin des grands centres.
Tant à court, moyen qu’à long terme, la terre constitue un actif d’une qualité indéniable. L’année 2021 le démontrera, une fois de plus, et ce ne sera pas la dernière. Votre humble serviteur partage cette inébranlable confiance.
À tous et toutes, une belle saison des semis.
Vincent Cloutier
Banque Nationale
CERESSYS - Intelligence Systémique, Agriculture et Agro-industries
3 ansAttendons-nous au retour des débats sur la place à laisser aux investisseurs non agricoles dans le marché du foncier agricole, et sur la faisabilité financière des transferts intergénérationnels.
Économiste, M. Sc.
3 ansEt en considérant le phénomène comme nord-américain, la progression des titres des fiducies foncières agricoles inscrites en bourse aux US ont affiché une croissance assez fulgurante dans les 6 derniers mois (voir symboles boursiers FPI et LAND).