Variables inconnues
Face au débat animé qui existe en ce moment sur le vaccin, le pass sanitaire et les mesures plus ou moins extrêmes prises par les différents gouvernements, je tenais à partager avec vous ces réflexions.
Nous sommes faces à diverses variables inconnues.
D'une part, nous avons une maladie en somme relativement nouvelle, dont nous ne connaissons pas exactement l'origine (bien que diverses théories aient été émises), et surtout dont les effets et l'intensité varient considérablement d'individu à individu, passant de l'absence de symptômes à un simple inconfort plus ou moins long, jusqu'à, pour certains, une mort dans d'atroces souffrances. Nous avons réussi, après bientôt dix-huit mois, à identifier plus ou moins les individus dits "à risque", mais là encore, des variables inconnues subsistent, puisque plusieurs personnes identifiées comme étant à risque n'ont développé qu'une version légère de la maladie (voire asymptomatique), et par opposition nous avons des personnes qui n'auraient jamais été identifiées comme étant "à risque" qui sont décédées du même-dit virus.
Quant aux symptômes en soi, là également, nous avons pu identifier quelques symptômes récurrents (maux de tête, fatigue, fièvre, perte d'odorat et/ou de goût), mais la variabilité symptomatologique entre individus est telle qu'il est impossible d'évaluer la présence ou non du-dit virus de façon clinique, et que nous sommes obligés de faire un test pour vérifier sa présence ou non dans notre organisme.
Pour tenter de faire face à cette nouvelle maladie, nous avons développé plusieurs vaccins. Ici aussi, certaines variables sont inconnues. En particulier, ces vaccins étant également nouveaux et ayant été développé particulièrement rapidement, nous ne connaissons pas encore leurs effets sur le long terme (les vaccins qui sont actuellement administrés à la population en Suisse et dans le reste de l'Europe sont en phase 4 d'essai clinique). La plupart de ces vaccins comportent également une technologie relativement nouvelle - l'ARN messager. Je dis relativement, car il semble que bien que cette technologie soit étudiée depuis plusieurs dizaines d'années, ce soit la première fois qu'elle soit utilisée à grande échelle.
Ceci n'est qu'une liste non-exhaustive des diverses variables inconnues auxquelles nous sommes actuellement confrontés.
Ces variables inconnues sont loin d'être anodines car elles placent l'humain face à sa peur de la mort. Nous avons peur pour notre santé et celle de nos proches. Nous avons peur pour notre vie, et celle de nos proches. Cette même peur qui a mené l'Homme à établir diverses croyances quant à l'"après-vie". Cette même peur à l'origine des diverses religions. À l'origine des siècles de guerres de religion qui nous précèdent.
Il est très difficile d'avoir un discours basé sur la raison lorsque nous sommes confrontés à notre peur ultime - la peur de la mort. Ainsi, les divers débats et opinions que nous pouvons observer actuellement sont tous, ou presque tous, émotionnels. D'où leur vivacité et leur ténacité.
Peur de la mort et stratégies de coping.
Pour ma part, face à ces diverses variables inconnues, j'ai pu observer plusieurs types de réaction, ou stratégies de coping:
1. "Moi, je sais" - l'individu n'accepte pas d'être confronté à ces incertitudes qui le mettent face à sa peur de la mort. Il se convainc donc (sous influence ou non de tiers) de l'une ou l'autre théorie qui le mettra "à l'abri". Par exemple :
- "Le virus n'existe pas, c'est une invention (et donc je suis à l'abri)".
- "Le virus est mortel pour les personnes à risque, mais moi je ne suis pas à risque donc je n'ai rien à craindre".
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- "Le virus est mortel mais le vaccin, quant à lui, ne comporte absolument aucun risque et donc je n'ai rien à craindre si je me fais vacciner. Au contraire, je serai sauvé".
- "Le virus n'est pas dangereux mais le vaccin oui. Tous ceux qui se font vacciner se mettent à risque. Moi, au contraire, en ne me faisant pas vacciner, je serai sauvé".
2. "Je ne sais pas, mais une entité plus puissante que moi sait, et je ne lui fais pas confiance" - dans cette catégorie se regroupe tous ceux que l'on définit de "complotistes". Ces individus pensent qu'une entité, plus puissante qu'eux, a des données supplémentaires qu'eux n'ont pas, et qu'elle utilise ces données à mauvais escient. Ainsi, ces individus se sentent manipulés. Cette entité plus puissante peut être: les gouvernements, les lobbys pharmaceutiques, le "Nouvel Ordre Mondial", etc. Les individus dans cette catégorie redirigent les sensations négatives liées à la peur de la mort (l'angoisse, la colère) sur une entité "plus grande qu'eux", une entité sur laquelle ils n'ont aucun contrôle. Cela leur permet de mieux accepter leur sensation de perte de contrôle face aux variables inconnues qui les confrontent à leur peur de la mort.
3. "Je ne sais pas, mais une entité plus puissante que moi sait, et je lui fais entièrement confiance" - ici sont regroupés tous les individus que je qualifierais de "passifs", qui suivent à la lettre tout ce que le gouvernement leur demande de faire. Face à l'incertitude qui les confronte à la peur de la mort, ces individus préfèrent se référer à une figure maternelle et rassurante (typiquement le gouvernement) qui assurera leur sécurité et les mettra à l'abri, se déliant ainsi de toute responsabilité quant à ce qui les effraie.
4. "Je ne sais pas, personne ne sait, nous avançons tous à tâtons (moi, les autres, le gouvernement), et qui vivra verra" - dans cette catégorie, nous avons des individus plus ou moins optimistes ou plus ou moins pessimistes concernant l'avenir, mais tous relativement réalistes quant à l'état actuel des choses. Ce sont les seuls qui, finalement, sont capables de vivre avec ces variables inconnues, ces incertitudes qui les confronte à leur peur de la mort. Ces individus sont en revanche ceux qui ont le plus de mal à prendre des décisions (et c'est compréhensible).
Il n'est pas rare que les individus passent de l'une à l'autre de ces catégories en fonction des évènements et du temps qui passe.
Rôle des gouvernements
Pour rebondir sur ce qui se passe actuellement et le débat animé quant aux questions de l'obligation vaccinale et du pass sanitaire, je suis consciente que les gouvernements aimeraient que nous nous trouvions tous dans la catégorie 3. Mais ils ne peuvent pas nier qu'il y a également énormément de gens qui se situent dans la catégorie 1, 2 ou 4! Je pense qu'il est indispensable que les gouvernements considèrent les réactions cognitives et les stratégies de coping des individus lorsqu'ils prennent des décisions et édictent des mesures plus ou moins restrictives. S'ils ne le font pas, ils seront fatalement confrontés à des réactions extrêmes de la part de la population (divisions, manifestations, révoltes, infractions, crimes, ...).
Nous sommes face à un grand nombre de variables inconnues qui nous confrontent à notre angoisse ultime - la peur de la mort.
Le rôle d'un gouvernement n'est pas de nier ces variables inconnues.
Le rôle d'un gouvernement est de les reconnaître, en laissant à l'individu la liberté d'utiliser la stratégie de coping qui fonctionne le mieux pour lui, et de prendre ce qui lui semble être les meilleures décisions pour sa santé et sa sécurité personnelle ainsi que celles des gens qui l'entourent.
Le rôle d' un gouvernement est de responsabiliser ses citoyens, non pas de les infantiliser.
Ainsi, le rôle d'un gouvernement est de partager avec ses citoyens les variables connues, mais également les variables inconnues. En toute honnêteté, et en s'assurant que tout le monde ait compris, de façon à ce que chacun puisse prendre, de façon personnelle et individuelle, des décisions qui soient le plus possible éclairées.