#VendrediRetEx| Retour d’expérience : co-produire et animer "Les Experts au féminin"

Clap de fin, lundi 20 juin, pour la première saison « Les Experts au féminin », l’émission d’analyse socio-économique je co-produis et anime depuis l’an dernier sur Éclair TV. L’occasion de revenir sur les leçons de cette première saison de défis et riche en enseignements pour l’équipe. 

Ne pas renoncer ! 

L’émission avait été conçue pour une prise d’antenne à la rentrée 2020, mais malheureusement, nombre de facteurs m’ont obligé à différer ; à commencer par une grossesse à très haut risque qui, quelques mois plus tard a débouché sur la naissance d’un extrême prématuré qui aujourd’hui croque la vie à pleines dents. Mais à l’époque, ce différé m’a peinée, car c’est un projet qui me tenait particulièrement à cœur : pallier le manque de représentativité des femmes expertes dans les médias, c’est une cause qui nous aiderait à en défendre tant d’autres !

Lors de la prise d’antenne, nous sommes aussi arrivées dans un contexte postpandémie très difficile pour les annonceurs qui souhaitaient s’engager avec nous, et finalement, nous avons dû nous résoudre à faire en format start-up. À défaut de pétrole, nous avions les idées et les compétences grâce à une équipe de personnes complémentaires. À plusieurs reprises, nous aurions pu renoncer, mais la formidable énergie de tout un chacun nous a tenus les un.e.s les autres. Merci encore à toute l’équipe !

Apprendre des professionnels

Dès le départ, les chroniqueuses et moi avons été transparentes avec les téléspectateurs : bien que nombre d’entre nous sont régulièrement sollicitées et invitées dans les médias (en particulier Mahëlle et moi), nous ne sommes pas des présentatrices télé professionnelles. Nous n’avions pour nous que nos expertises respectives, l’envie de les partager, et surtout le désir de valoriser d’autres expertises guadeloupéennes et caribéennes, à travers le prisme des professionnelles que nous sommes. Et comme je suis une enfant de la télé (je le revendique), j’ai d’abord commencé par apprendre en revoyant et redécouvrant celles et ceux que j’estime être des pointures et qui ont participé à construire ma culture et mes exigences télévisuelles : Sylvie Gengoul, Gérard César, Angel Étienne, Jean-Pierre Sturm, Max Séverin, Michel Marvel, Michel Salbot, Oprah Winfrey (bien sûr !), l’équipe de « The View », « Good Morning America », David Letterman, Antoine De Caunes, et Michel Denisot, entre autres. 

Et puis mes chroniqueuses et moi avons surtout eu la chance d’avoir Mario Moradel comme coproducteur et réalisateur. Avec sa très riche expérience de la télévision locale, il nous a drivées, coachées, conseillées, et parfois gentiment sermonnées (rires), avec toujours beaucoup de bienveillance. Il en est de même pour nos techniciens, et particulièrement Morgan qui nous a même fabriqué un filtre pour Instagram ! Et vers la fin de saison, j’ai également pu bénéficier de conseils d’une pointure caribéenne de la télévision, que je remercie encore pour sa bienveillance et ses conseils qui ont aidé à continuer à faire la différence. 

Faire le tri entre les critiques constructives…et le reste

Se lancer dans la télévision, c’est accepter une exposition qui n’a pas toujours que du constructif et du bon. Nous l’avons expérimenté très tôt, mais fort heureusement notre équipe est bien entourée et est suffisamment soudée et mûre pour utiliser ce qui n’est pas toujours positif comme un effet levier pour avancer et donner le meilleur de nous. À moult reprises, il nous a fallu nous adapter, nous repositionner, et accepter de nous remettre en question pour satisfaire une exigence que toute l’équipe a en commun : l’excellence. Nous avons donc choisi d’entendre et de faire avec les critiques constructives, pour mieux faire, mais nous avons néanmoins aussi pris le parti de sourire et d’avancer malgré tout face à ce qui aurait pu nous décourager. 

Voir la lumière de l’autre et la faire briller plus fort

Ce que je préfère dans cet exercice de coproduction et d’animation pour « Les Experts au féminin », c’est d’avoir le luxe (petit jeu de mots de latiniste inside, lol) de montrer la lumière d’autres étoiles, comme dirait Sindy Bajazet. Notre Guadeloupe et notre Grande Caraïbe ont trop de talents, trop de compétences, trop de rêves, trop de qualités pour que nous puissions nous contenter d’un climat morose et mortifère de désespérance ; surtout lorsqu’il s’agit de jeunes Caribéens qui trop souvent ont du mal à trouver/se faire une place chez eux. 

Cette émission est donc une suite logique de tout ce que je prône, avec mon équipe et mes proches, depuis des années : il nous faut montrer des exemples, des role models, qui cultivent de belles valeurs comme le travail, le mérite, la détermination, la bienveillance et l’envie de réussir tant à un niveau individuel que collectif pour que progressent nos territoires. 

L’expertise doit demeurer la base

Cela fait beaucoup de bons sentiments, mais je sais aussi que nous ne sommes pas au pays des Bisounours. L’exigence que j’ai envers moi-même, je l’applique aussi dans le choix des personnes mises en valeur. Et pour cela, l’expertise doit demeurer la base. J’ai trop dénoncé le ibonkonsa, les filons, les moun a moun, le népotisme, le clientélisme, et bien d’autres travers, pour que moi-même je tombe dedans avec mon émission. Voilà pourquoi le maître mot demeurera encore, pour la saison 2 « EXPERTISE ». 

Ensemble, nous sommes plus fort.e.s !

Si j’ai eu l’idée de cette émission, le résultat que vous voyez à la télévision et sur vos réseaux, c’est avant tout un travail d’équipe et de confiance réciproque. Lorsque j’ai dû être hors antenne pour des raisons professionnelles et /ou politiques, pour rester dans le cadre de la réglementation du CSA, je savais que je pouvais non seulement compter sur Joëlle Bah-Dralou pour être bien plus qu’un joker, mais aussi que toute l’équipe serait mobilisée pour faire tourner la maison et la tenir avec professionnalisme, rigueur et élégance. Pour cela, merci encore ! Vous êtes ma fierté !

Et en dehors de l’équipe que vous voyez à la télé, il y a toute un biotope qui se construit et s’élargit de plus en plus en mode rhizomatique. Tout cela permet aux « Experts au féminin » de vivre. L’union fait définitivement la force, et plus que jamais, je crois en la force du travail collaboratif. C’est la confirmation d’une grande leçon avec cette aventure. 

Aimer les gens et ce qu’on fait

Nous le disons souvent sur le plateau des « Experts au féminin » : les expertises, oui, mais la passion et l’amour aussi ! Bien que cette émission représente un investissement de temps et d’énergie non négligeable, je n’ai jamais eu l’impression de travailler en la préparant, produisant ou animant.  J’y prends un plaisir tout particulier, à vrai dire, surtout lorsqu’il s’agit de mettre en lumière des compétences et expertises de Caribéennes et Caribéens. Pour ce faire, je suis convaincue qu’il faut une part de sincérité et surtout d’amour de ce qu’on fait et des gens, en général. Ce sont aussi des valeurs que je tiens à mettre au cœur du management de mon équipe, et c’est aussi une source de fierté pour moi. 

La suite : Rêver grand

Oui, nous avons fait une émission, mais ce n’est pas une fin en soi ! Il y a encore tant à faire, et surtout mieux. « Les Experts au féminin » n’a pas encore donné son plein potentiel, et c’est pourquoi je ne m’interdis pas de rêver grand ni de nous projeter dans la Caraïbe et à l’international, avec des transitions IRL que j’appelle vivement de mes vœux et sur lesquelles nous travaillons d’arrache-pied. J’ai vraiment hâte que cette saison 2 arrive. Assurément, ce sera une saison où il faudra être. Invité.e.s comme partenaires !

Enfin, je vous invite à regarder la seconde partie de la finale de la saison 1. Nous nous sommes livrés à un exercice de debriefing pour l’occasion, et nous avons aussi tenu à remercier toutes celles et ceux qui nous accompagnent et croient en nous.

Cependant, mes premiers remerciements sont pour vous, chers lecteurs et téléspectateurs. Vous nous avez accueillies chez vous, chaque lundi, mais aussi dans vos cœurs. Pour cela, je suis reconnaissante. 

Rendez-vous à la rentrée !

(Crédit photo: Charles BAH)