Retour d’expérience : Ce que 2021 m’a réappris

Ce lundi, Laïza Marie était l’invitée de ma chroniqueuse Mahëlle Félix-Henry pour «Les Experts au Féminin» afin de discuter e-réputation. Leurs échanges m’ont redonné envie de créer ici, sur LinkedIn et de partager des retours d’expériences. Je ne sais pas encore si les Vendredi RetEx vont revenir comme avant, sous le même format, mais c’est quelque chose que je considère, car ces deux dernières années ont mis l’entrepreneure que je suis à rude épreuve, comme nombre d’entre vous. Mais chaque chose en son temps. Aujourd’hui, alors que l’année arrive à sa fin et que les projets de 2022 sont en cours de finalisation, j’ai envie de partager avec vous ce que 2021 m’a réappris. Réappris, oui, car parfois, rien ne vaut une belle claque de crises successives pour vous remettre les neurones et les synapses en place !

C’est OK d’être fatigué.e et/ou au bout du rouleau

Aucune année ne m’a autant secouée que 2021 sur bien des plans ! Pour celles et ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux, vous avez dû le voir passer : l’an dernier, à pareil époque, mon second fils est arrivé de façon très prématurée, dans des conditions traumatisantes, et il est resté longtemps en couveuse en néonatalogie, jusqu’en début 2021. C’est une épreuve qu’aucun parent ne devrait jamais avoir à traverser, mais, ces bébés préma sont de véritables guerriers qui nous apprennent que la résilience est l’une des plus belles capacités que l’on puisse cultiver. Néanmoins, cette épreuve m’a chamboulée au point de ne plus pouvoir faire quoi que ce soit au niveau professionnel. L’épuisement physique et émotionnel a longtemps été mon lot quotidien, avec une impression de ne plus retrouver l’énergie nécessaire pour faire surface. 

Quand j’ai compris que c’était OK d’être fatiguée et au bout du rouleau, dans ma situation, et que j’ai embrassé ce moment de vulnérabilité, l’énergie a commencé à revenir presque tout naturellement. Et puis un jour, je suis tombée sur un replay de Super Soul Sunday d’Oprah qui recevait la Dr Brené Brown, et il était question de son livre Daring Greatly:  Why Vulnerability Is Your Greatest Strength. Bien sûr, je l’ai acheté sans tarder, et je dois dire que cette lecture, ainsi que celle de What Happened to You ? : Conversations on Trauma, Resilience  d’Oprah et du Dr.Bruce Perry, m’a permis d’avancer malgré tout, en prenant mieux soin de moi. 

Être bien entouré.e : « Rappelle-toi qui tu es ! »  

Dans cette période de crises qui peut avoir un impact terrible sur notre motivation et notre moral, surtout quand on est un entrepreneur et que les difficultés s’accumulent, comme si elles étaient déterminées à édifier une montagne concurrençant l’Evrest, l’entourage fait toute la différence. Des clients qui sont dans l’incapacité de payer, des créanciers qui vous relancent, des projets qui n’avancent pas…cette année a été USANTE ! Et il y a de quoi être découragé.e parfois. Souvent même !

Cette année, j’ai connu un grand moment comme ça, où j’avais l’impression d’avoir tout échoué, d’être en retard sur tout, et de ne parvenir à rien de constructif, au point de penser que j’avais raté ma vie. Ce jour-là, j’étais avec une personne qui compte beaucoup pour moi à un niveau professionnel, mais aussi amical. Avec elle, nous avons déjà réalisé beaucoup de projets, mené des délégations d’entrepreneur.e.s en Haïti et en Côte d’Ivoire, traversé aussi des moments moins glorieux, entre autres. Cette personne, c’est Mylène Colmar, avec qui j’ai co-écrit Abécédaire LKP: Clefs analytiques et critiques du mouvement, et aussi animé le podcast « Objectif Boss Lady ». C’est une entrepreneure qui s’inscrit dans une démarche d’exigence envers elle-même, et nous partageons le sens du pays,  les valeurs d’excellence , de progrès et de développement endogène, entre autres. Lorsque je lui ai fait part de mes doutes, elle m’a lancé, piquante et cinglante, une seule phrase, lourde de sens et qui fait encore écho en moi : « Rappelle-toi qui tu es, Axelle ! Tu es THE Caribbean Boss Lady ! ».Elle n’avait pas besoin de dire plus pour me rebooster et réactiver ma confiance en moi. Je vous souhaite à toutes et tous d’avoir des Mylène Colmar dans vos vies. 

(Mylène Colmar et moi en décembre 2017 - Crédit photo: Cédrick-Isham Calvados)

La nécessité de continuer de créer, d’une façon ou d’une autre

Ce que cette satanée année m’a aussi réappris, c’est qu’en période de crise, il faut continuer à créer, vaille que vaille. C’est le carburant de celles et ceux qui font bouger les lignes et qui s’inscrivent dans une logique progressiste. C’est ce qu’une conversation profonde avec mon ami photographe et réalisateur Cédrick Isham-Calvados m’a rappelé (nécessité de bien s’entourer, encore une fois, CQFD). Qu’il s’agisse de création entrepreneuriale, artistique, ou juste pour le plaisir, garder l’esprit et la puissance de l’imagination vivaces est important pour sortir de la survie et être dans l’existence flamboyante. J’ai repris ma plume, j’ai écrit, encore et encore. Après deux ans d’écriture anesthésiée, j’ai recommencé la poésie, et tout a coulé presque naturellement par la suite : écrire les projets, réorganiser mes priorités, et enfin avoir de meilleures perspectives que l’an dernier, malgré les difficultés. 

Diversifier ses sources de revenus et miser sur la digitalisation 

De façon très pragmatique, c’est l’une des plus grandes leçons de ces crises qui se succèdent chez moi, en Guadeloupe : il est plus que jamais nécessaire de diversifier ses revenus et embrasser la transition numérique. C’est d’ailleurs ce qu’a rappelé Jessica Brudey, lundi dans Les Experts au Féminin, lorsque je lui demandais comment est-ce qu’elle faisait pour continuer d’exister avec Food’Îles le Mag malgré toutes ces crises. « Il ne faut pas mettre ses œufs dans le même panier », nous a-t-elle conseillé, et, surtout, le digital est un excellent moyen pour continuer à valoriser ses expertises. 

Il y aura toujours des haters. Il faut les apprécier. 

Enfin, si j’ai aussi compris quelque chose, c’est que les haters ne prennent jamais de repos. Quand vous créez, innovez et proposez des espaces, supports, initiatives ou autres, vous vous exposez à la critique pas toujours constructive de personnes qui, je le pense profondément, n’ont pas toujours la capacité et/ou la volonté de sortir de leurs frustrations pour créer et proposer elles aussi. Il ne faut pas leur en vouloir, mais au contraire les apprécier, car plus que jamais, si j’ai appris quelque chose, c’est qu’on ne critique jamais celles et ceux qui ne font rien. Comme le dit si bien le dicton créole guadeloupéen : « Yo paka voyé wòch adan pyé mango ki paka pòté ». Littéralement : on n’envoie pas des pierres dans un manguier qui ne porte pas de fruits. Pas besoin de parler créole pour comprendre la morale derrière cette sagesse populaire !

Bien sûr, ce ne sont pas les seules leçons tirées de 2021, au niveau professionnel, mais elles ont été les plus importantes pour moi, et je compte bien capitaliser sur tout cela pour réussir 2022. 

Et vous, quelles ont été vos leçons de 2021 ?