Venture Capital, tendances et stratégies…
Suite à un booming en 2014 et 2015, nous assistons à une baisse de la collecte de fonds en 2016 selon Venture Intelligence(1) ainsi que de nombreux cabinets spécialisés comme EY, KPMG, CB Insights... Les investisseurs font l’objet d’un recentrage par rapport à la conjoncture actuelle et d’une consolidation sur les valeurs de ces startups existantes qui doivent être génératrices de revenus à horizon 2017.
(1) Venture Intelligence, les tendances entre les Seed funding et les Series A
La répartition de ces investissements à évoluer et change drastiquement la donne notamment auprès des nouvelles startups qui désirent se lancer dans l’aventure.
Les Fonds d’amorçage spécialisés comme le Fonds YourNest Angel, Blume Ventures, India Quotient ont maintenu le rythme de leurs investissements (compris entre 11–13 investissements par mois). YourNest par exemple a annoncé 5 investissements cette année, contrairement à 3 investissements par Sequoia Capital et 2 par Nexus Ventures. Tant et si bien que le nombre d’investissements Seed devance les investissements de Series A en 2016, ce qui n’a jamais eu lieu dans le passé. Nous entrons donc dans une période de réajustement qui impacte également les Rounds des Seed, Series A et Series B.
Entre 2006 et aujourd’hui, on peut constater que les règles du jeu ont bien changé. Les exigences et la sensibilité des investisseurs varient du tout au tout.
En 2006, nous constatons les étapes de financement suivantes
Le préfinancement : vous parlez de votre idée et vous écrirez un business plan.
Seed Round : vous construisez un prototype de votre produit (Proof Of Concept).
Series A Round : vous obtenez le financement nécessaire pour lancer votre produit.
Series B Round : vous obtenez le financement nécessaire pour pousser votre produit (traction).
Series C Round : vous obtenez le financement nécessaire pour dimensionner votre produit (scale).
En 2014
Le préfinancement : vous construisez un prototype de votre produit (Proof Of Concept).
Seed Round : vous obtenez le financement nécessaire pour lancer votre produit.
Series A Round : vous obtenez le financement nécessaire pour pousser votre produit (traction).
Series B Round : vous obtenez le financement nécessaire pour dimensionner votre produit (scale).
En 2015 et 2016
Le préfinancement : vous parlez de votre idée, construisez un prototype (Proof Of Concept) et vous lancez un MVP (Minimum Viable Product)
Seed Round : vous obtenez le financement nécessaire pour pousser votre produit (traction).
Series A Round : vous obtenez le financement nécessaire pour dimensionner votre produit (scale).
Series B Round : vous obtenez le financement nécessaire pour développer l’entreprise et occuper le marché.
Il devient évident de repenser sa stratégie et la manière d’appréhender les différentes levées de fonds aujourd’hui. Les idées ne payent plus comment avant et les prototypes ne garantissent pas forcément des levées de fonds. Réaliser un MVP simple et efficace est devenu la nouvelle norme d’appréciation des investisseurs.
Au-delà de l’évolution de ces cycles, pour encourager les investisseurs à vous suivre, je reprendrai les propos judicieux de Bill Gross au travers de sa démarche et de son expérience d’entrepreneur.
Bill Gross a fondé de nombreuses startups, et en a fait éclore beaucoup d’autres, et il s’est demandé la raison de leur succès ou de leur échec. Il a donc collecté les données de centaines d’entreprises, les siennes et celles d’autres personnes, et il a classé chaque compagnie selon cinq facteurs. Un des facteurs est particulièrement ressorti du lot, ce qui l’a surpris lui-même. On peut considérer que cette analyse répond également aux attentes des investisseurs du moment.
Si on tient compte des retours d’expérience de Bill Gross, maîtriser le « Time to Market » représente une part importante de la réussite. La meilleure façon d’évaluer le timing est de regarder attentivement si les clients sont vraiment prêts pour ce que vous avez à leur offrir.
L’exécution de votre projet au travers de l’équipe appropriée avec la bonne idée et le bon business model apporteront les garanties requises à vos investisseurs.
De nombreux indicateurs de performance (KPI) permettent également aux investisseurs d’évaluer la pertinence du produit sur son marché. La metric la plus observée chez eux est le « burn rate » (taux de combustion), c’est-à-dire le montant déboursé chaque mois afin d’estimer qu’elle est la durée de vie potentielle de la startup avant d’atteindre son point d’équilibre. Cela permet d’estimer plus facilement les dépenses nécessaires à la bonne marche de chacun des objectifs précisés et jalonnés (milestones) tout au long de la roadmap du projet. On peut ainsi valoriser le rapport de l’exécution dans le temps par rapport à l’équipe exécutante et prédéterminer l’efficience de celle-ci.
Au-delà des critères de choix des investisseurs, l’environnement économique mondial impacte également les leviers de décision. Variation des taux d’intérêt, fluctuation des liquidités, risque de « sous-performer » les fonds si la « poudre sèche » est trop abondante (le montant de fonds levés et non-engagés)…
Si on doit se résumer, financer les étapes de votre projet nécessite un regard objectif et lucide sur vos futurs partenaires financiers et l’environnement économique afférent. Adopter une stratégie appropriée ou votre positionnement répond pleinement à leurs attentes et pas uniquement aux vôtres.