Vers la fin des agences bancaires "à la papa"

La banque de demain sera « mobile 1st » ou ne sera pas

J’ai fait dernièrement l’expérience d’ouvrir un compte bancaire professionnel gratuitement et entièrement (sans coup de téléphone, ni courrier papier, ni guichet physique) sur mon smartphone à partir de l’application Shine ! Toutes les étapes, les validations et la soumission des documents nécessaire ont eu lieu sur mon écran mobile.

Si l’on prend du recul, on peut reconnaitre que depuis quelques années le monde bancaire traverse une révolution fracassante:

• Digitalisation

... avec l’arrivée des banques mobiles comme Revolut au UK ou N26 en Allemagne, qui ont toutes les deux annoncées récemment des levées de fonds gigantesques.

• Désintermediation

avec la blockchain... ou encore à travers le crowdfunding (comme Smartangels) et le crowdlending (comme Younited Credit) de particulier à particulier. Mais aussi le crédit au PME avec Lendix, Unilend ou Lendopolis.

• Arrivée des concurrents non bancaires

comme Orange Banque (operateur mobile) ou Rakuten bank (ecommerçant à l'origine) qui valorisent leurs actifs en matière de base de données et de connaissance clients pour leur proposer des services financiers et bancaires moins chers. La Poste annonce également sa banque 100% numérique pour 2019.

• Révolution interne chez les grands acteurs

au sein même des institutions historiques car certains se montrent plus agiles que d’autres, à l’exemple de la scission d’Arkea qui cherche l’indépendance vis à vis du Crédit Mutuel car elle a su aller plus vite vers le monde des startups, par l’investissement notamment. Le Crédit agricole a renforcé ses liens avec succès via la creation de Village By CA, les incubateurs de startups qui ouvrent partout sur le territoire français.

• Banques spécialisées

Dans cette effervescence créative se dégage aussi la tendance des banques spécialisées sur un besoin précis, un « pain point » clair : par exemple celui évoqué, dans le cas évoqué en préambule, des travailleurs indépendants dont le nombre est en forte croissance et qui a des besoins de services spécifiques autour du compte bancaire (signature de contrats, génération de factures, suivi des paiements, tenue de compte séparé du compte personnel, simplification de l’administratif, réduction des frais de gestion etc ...)

Bref le problème est clair : ce qui est réclamé par le marché est une expérience utilisateur simple et sereine pour banaliser ou "commoditiser" le service bancaire de base grâce à la technologie embarquée dans une simple application smartphone : tous les services front office sont potentiellement disponibles dans la poche de tout un chacun. Dans ce cas, non seulement l’agence bancaire de réseau n’est plus nécessaire mais même le bon site web classique « à la papa » de la banque n’aura peut être plus d’utilité !

Olivier Mathiot

Président de Rakuten France (ex PriceMinister)

Président de thecamp

Vice-Président de France Digitale