Vers un écosystème de transport interconnecté
En tant qu’ingénieur ayant travaillé dans le secteur des transports pendant la plus grande partie de ma carrière, je passe beaucoup de temps à réfléchir à l’expérience du transport. Demandez n’importe qui en Amérique du Nord quel est son moyen de transport préféré, la réponse la plus fréquente sera la voiture. Il est facile de comprendre pourquoi. On ne peut pas toujours compter sur la compagnie d’autobus de communiquer avec la compagnie ferroviaire, ou sur la compagnie ferroviaire de communiquer avec les compagnies aériennes. Beaucoup de gens à qui je parle dans la région trouvent que la transition entre les modes de transport en commun est fragmentée et peu commode; notamment, parce qu’ils doivent acheter un billet ou payer avec leur téléphone à chaque étape du trajet. Dans cette optique, la voiture se révèle l’option la plus flexible et la plus directe. Pourtant les choses pourraient être différentes.
Imaginons que vous vous réveillez un matin et que l’application de transport en commun de votre téléphone vous avise que le métro que vous prenez habituellement pour aller travailler est en retard. Donc, pour arriver à temps à votre réunion de 9 h 30, l’application vous présente un itinéraire révisé qui inclut monter dans un taxi au plus tard à 8 h 19 pour prendre le train de 8 h 30 vers le centre-ville, puis d’utiliser un service de partage de vélo pour les deux derniers kilomètres, le tout avec un seul et même billet, et un seul et même paiement. Oh, et voici un bon pour un café chez Starbucks, pour compenser l’inconvénient.
Cela vous paraît fantaisiste? Dans ce modèle connu sous le nom de « services de mobilité », les passagers n’utilisent pas qu’une simple application de planification de trajet; ils peuvent également réserver et payer plusieurs modes de transport qui utilisent un canal numérique commun. Ce service est déjà disponible dans certains coins du monde et arrivera probablement éventuellement dans votre région.
Les données démographiques montrent que le Canada, comme la plupart des pays, s’urbanise de plus en plus. Afin d’aider le pays à atteindre leurs objectifs de carboneutralité et à prévenir les embouteillages massifs, les urbanistes doivent construire des systèmes de transport en commun durables et interconnectés qui constituent une option moins coûteuse et plus pratique que les véhicules privés. Whim en est un excellent exemple; il s’agit d’une application finlandaise actuellement disponible dans certaines villes d’Europe et du Japon. Simplement à l’aide de leur téléphone, les utilisateurs peuvent réserver et payer pour les transports en commun, les trains, les vélos, les trottinettes électriques, les taxis, les voitures de location et les voitures partagées; ils accèdent facilement à un transport en commun durable et multimodal qui rivalise avec la commodité d’une voiture.
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Si les données sont le fondement de ce modèle interconnecté, elles sont également un facteur critique de la décarbonation d’un système de transport. Plus vous avez de données sur un actif et sur la façon dont il est utilisé, plus vous pouvez le rendre efficace. Cela vous permet également d’accroître votre efficacité. Par exemple, les efforts traditionnels visant à réduire les émissions de carbone d’une ligne de chemin de fer particulière pourraient comprendre l’électrification du matériel roulant, la transition à des trains plus écoénergétiques et la transition à un éclairage à DEL écoénergétique. Et si nous pensions plus grand?
Tout en nous concentrant sur des actifs précis, il est essentiel d’examiner l’ensemble du réseau. Des données exhaustives et détaillées sur les métros, les lignes de chemin de fer, les autobus, les véhicules routiers et les vélos qui composent le système, ainsi que sur la façon dont les gens utilisent ces moyens de transport, permettraient aux services de transport en commun, aux investisseurs, aux concepteurs, aux entrepreneurs, aux urbanistes et, au bout du compte, aux passagers de prendre de meilleures décisions. Les installations comme les voies réservées aux autobus, les points d’appels de véhicules et de stationnement des vélos et des trottinettes, et les futurs points de connexions du réseau peuvent ainsi être placés aux endroits où ils seront les plus utilisés et les plus pratiques. Les horaires peuvent être adaptés en fonction de la demande, presque en temps réel. Des véhicules de taille adéquate peuvent être choisis en temps réel ou retirés des routes moins achalandées pour soulager les routes qui sont en période de pointe. De plus, si nous réussissons à convaincre plus de gens de délaisser leur voiture pour le transport en commun, moins d’espace sera nécessaire pour les parcs de stationnement au centre-ville.
Les données donnent également au personnel de conception une meilleure idée de la durée de vie d’un actif de nos systèmes de transport, ce qui est essentiel pour maximiser la durabilité. Dès le départ, ce personnel devrait se poser les questions suivantes : « Comment tirer le meilleur parti de l’économie circulaire? »; « Comment réduire au minimum l’utilisation du carbone dans les matériaux et le processus de construction? »; « Comment optimiser la durée de vie opérationnelle et réduire au minimum les temps d’arrêt pour les réparations et les renouvellements, et comment pourrait-on effectuer les mises hors service, les démolitions et le recyclage? » L’utilisation de données pour modéliser et tester de tels scénarios au moyen de jumeaux numériques et d’autres technologies permet d’assurer une durabilité de bout en bout.
Cependant, il n’y a aucun avantage à ce qu’un réseau de transport soit durable si personne ne l’utilise. En Amérique du Nord, de nombreux centres urbains ont été construits pour la voiture, encore considérée comme l’option de transport la plus commode et la plus souple. Depuis le début de la pandémie, l’utilisation des transports en commun a diminué et le trafic automobile a augmenté. Les trajets de porte à porte dans les transports en commun doivent être bien plus pratiques, plus sécuritaires et plus agréables si l’on veut que les gens qui se déplacent fassent la transition.
En raison de sa capacité, l’option de transport en commun qui a le plus de grand potentiel d’attraction des conducteurs automobiles en Amérique du Nord est le train. Cependant, pour en faire une option plus durable et plus pratique, il faudra apporter des changements majeurs aux réseaux ferroviaires existants, le principal étant leur électrification. Non seulement les trains électriques alimentés par des carburants faibles en carbone sont plus propres, mais en plus les phases de freinage et d’accélération sont considérablement comprimées, ce qui augmente la vitesse moyenne et permet aux gens de se rendre à destination plus rapidement.
L’industrie ferroviaire doit également améliorer ses relations avec les clients. Pour faire revenir les passagers, le train doit être un endroit où l’on peut travailler confortablement, se détendre grâce à une connexion à large bande stable ou avoir une conversation en famille autour de la table. Et cela ne s’arrête pas au moment où les passagers quittent le train. Dans de nombreux pays, le réseau ferroviaire est un réseau assez fermé qui ne fonctionne pas bien avec d’autres modes de transport, des efforts sont donc nécessaires pour améliorer la connectivité avec les métros, les autobus et d’autres options de mobilité. Les planificateurs du transport en commun doivent également se tourner vers l’avenir, à mesure que de nouvelles options, comme les taxis aériens électriques et la mobilité aérienne avancée urbaine, deviennent disponibles. Une fois qu’un avion urbain sera en mesure de décoller en toute sécurité du sommet d’un immeuble de bureaux, nous devrons faciliter les connexions directes à la gare ferroviaire la plus proche.
Un réseau de transport plus efficace, à la fine pointe de la technologie et axé sur les données aura un impact important sur la durabilité d’un état ou d’une ville et sur la qualité de vie des gens qui y vivent. La convergence de nombreux éléments est nécessaire pour créer un système de transport durable, notamment les choix des consommateurs, la politique gouvernementale, une meilleure éducation, des déplacements plus harmonieux, l’électrification et les infrastructures durables. À mesure que nous avançons dans l’avenir, l’augmentation de la connectivité et l’utilisation plus efficace des données se traduiront par un transport multimodal plus fluide, plus agréable et durable pour les années à venir. Je suis fier de travailler pour une entreprise qui contribue à cet avenir.