Vers une société de l’altérité

Vers une société de l’altérité

Une profession prend son essor lorsque son utilité sociale est mise à jour. Cette rencontre constitue une preuve de ce rôle social.

Les noms et lieux sont modifiés afin de conserver la confidentialité des discussions qui ont eu lieu entre le médiateur professionnel et la personne accompagnée.


Lors d’un rendez vous à Rodez, en Aveyron,  j’ai fait la connaissance de Pierre, à la retraite, handicapé par le développement de la maladie de Parkinson qui se traduit chez lui par des troubles de l’élocution et de la mobilité.
Après un long échange, nous nous sommes quittés, impossible pour moi de l’accompagner, il a été redirigé vers une association de consommateur.

Pierre m’a cependant témoigné une reconnaissance qui m’a mis mal à l’aise.

«Merci, vous m’avez mis à l’aise, ça faisait un an que je n’avais pas réussi à parler aussi facilement avec un inconnu ».

Cette reconnaissance pour quelque chose qui paraissait si inhabituel pour lui et si éthique pour tout médiateur professionnel démontre le besoin de cette profession.

En effet, je n’ai fait que me mettre en posture de médiateur professionnel, ni plus ni moins. L’accueil de l’autre, la reconnaissance, les outils de la qualité relationnelle, rien de magique ou d’exceptionnel. Cette reconnaissance de l’autre, si profondément liée à la posture de médiateur, qui lui apparaît inhabituelle, agréable, confortable, qui lui permet de dire ce qu’il y a à dire sans peur du jugement, de ce qui est dit ou de ce que l’on est, cette reconnaissance est l’outil de l’altérité, ce paradigme qui de fait de l’autre non pas un autre soi-même mais une personne à part entière, légitime dans ses points de vue, ses actes, sa bonne intention.

C’est ce changement de paradigme qui fonde le rôle social de la médiation professionnelle.

En effet, la médiation professionnelle ne se catégorise pas dans les clivages habituels, ni juridique, ni psychologique, ni confessionnelle, la médiation professionnelle apporte une vision en altérité de la personne, une vision transversale qui en fait une profession à part et à part entière.

La profession diffuse l’altérité qu’elle sous-tend à chacun d’entre nous, pour qu’elle devienne le paradigme qui prévaut à l’appréciation et à l’analyse de toute situation avant d’agir en retour.

Pierre était tenté de sacraliser le médiateur professionnel qu’il a rencontré, c’est regrettable, cela signifie qu’il y a un manque de ce type de profil, un manque si criant pour certains que Pierre a été reconnaissant au-delà de ce qui devrait être.

 

C’est un manifeste pour que l’altérité soit sous-jacente à l’humanité et non le fait de personnes sacralisées. L’exemple ne vaut que s’il permet de s’en inspirer pour le reproduire, pas pour se dédouaner de ce que l’on trouve remarquable.

On peut se contenter de ce sentiment de reconnaissance exagérée vis à vis des médiateurs professionnels ou faire évoluer la culture commune pour que la reconnaissance de l’autre soit à sa juste place, un pilier de la République, porté par une profession : la médiation professionnelle.
Pour une société de l’altérité…

Céline Provence Carriou

Thérapeute conjugale et familiale - Consultante QVCT Funéraire et médico-social - Formatrice Neuro-atypisme, Parentalités, Risques psychosociaux, Deuils ...

8 ans

Très beau témoignage, Jérôme Messinguiral Et j'adhère à votre approche de cette forme de relation d'aide.

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