Vous avez dit "appropriation culturelle"?
La prestation du groupe suisse de reggae Lauwarm sur la scène d’une brasserie de Berne au mois de juillet dernier a provoqué un tollé suivi d’une polémique intense dans les colonnes de la presse locale. La cause ? L’ « appropriation culturelle » dont se seraient rendus coupables ces musiciens blancs arborant des dreadlocks, vêtus à « l’africaine » et égrenant des sons jamaïcains sur des paroles en dialecte alémanique.
Ce savant mélange n’a pas eu l’heur de plaire à une partie de l’assistance qui n’aurait manqué de le faire savoir bruyamment. La conséquence de cette levée de boucliers a conduit les organisateurs à procéder à l’interruption du concert dans un souci d’apaisement.
Quelques semaines plus tard, se produisait sur la scène Ella Fitzgerald , dans le cadre du festival « Musiques en été » organisé par la ville de Genève, le groupe japonais Mynio Crusaders.
N’ayant jamais entendu parler de cette formation musicale auparavant, la soif de découverte a conduit mes pas au pied de la scène d'où je me suis délecté d’un spectacle qui, à ma grande surprise, m’a procuré les plus fortes émotions de cet été. Une véritable claque !
Le tableau était saisissant. Un aéropage de musiciens – hommes et femmes – vêtus pour la plupart de kimonos aux couleurs chatoyantes et chaussés de geta (sandales traditionnelles) avec en prime quelques masques par-ci, par-là. Rien de surprenant, me direz-vous !
La surprise devait arriver plus tard, dès les 1eres notes de musique qui ont instantanément transporté la foule à travers un voyage aux 4 coins du globe.
En effet, loin de se cantonner au pays du soleil levant, le groupe s'inspire et reprend des chansons folkloriques japonaises traditionnelles (min'yō) avec des arrangements inspirés de divers genres musicaux internationaux, dont la musique caribéenne, latine et africaine. Et le résultat est bluffant !!!
Ce fut une soirée riche en découvertes , émotions et frissons, car tous les sens auront été sollicités et comblés par la qualité du son et la variété du spectacle. Et le nombreux public ne s’y est guère trompé, si l'on en juge par l’ambiance qui a régné tout au long de la généreuse prestation de ce groupe si attachant.
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A Genève, il n’aura nullement été question de soulever la thématique de l’appropriation culturelle en voyant des Japonais jouer de purs sons de salsa ou de reggae.
A Genève, il aura plutôt été question de « civilisation de l’universel », celle qui, prônée par le poète qui exhorte à l’« enracinement » dans ses valeurs culturelles avant l’ « ouverture » aux apports extérieurs.
Arrêtons donc de vouloir placer tout un chacun dans une case, surtout en matière d’art qui par définition ne connait pas de frontières.
Me revient à l’esprit l’histoire de l’écolière française d’origine camerounaise dont le professeur de musique s'évertuait à l'orienter vers les percussions bien que son choix se soit porté sur l’apprentissage du piano…….
Revenons à la raison. Certaines polémiques ne peuvent prospérer, principalement lorsqu’elles s’attaquent à l’expression artistique.
C’est la raison pour laquelle j’apporte tout mon soutien au groupe bernois Lauwarm et fais part de ma profonde admiration à Mynio Crusaders ainsi qu’aux artistes du monde entier.
Vive la culture !!!!
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2 ansAh bon Becaye écoute du reggae ? Je suis bien d'accord avec le sens de ton article. Avec une question. Tu parles d'un groupe bernois puis évoque une origine japonaise ?