WhatsApp et ses nouvelles conditions d’utilisation : Quand Mark Zuckerberg nous impose de partager nos données personnelles avec Facebook.
La question de la vie privée sur les médias sociaux a toujours été un débat sur pas mal d’instances. Partout à travers le monde, les plateformes de communication digitale recueillent en masse les informations personnelles des utilisateurs. Nous somme véritablement à l’ère du Big data où les données constituent une véritable niche d’or. Au-delà de leur importance capitale, elles permettent aux géants du net de mener à bien leurs activités lucratives. Ce business a fait que depuis un certain temps, l’humanité assiste à une explosion exponentielle de réseaux sociaux. S’il en existe plus d’une dizaine, Facebook et WhatsApp font partie des plus célèbre, mais aussi les plus utilisés. Et pourtant, ces deux plateformes ont un dénominateur en commun : Mark Zuckerberg est leur patron. Ainsi, une actualité sur ces applications était devenue virale la semaine dernière. Il s’agit de nouvelles mises à jour que WhatsApp vient de proposer à ses utilisateurs. Une telle décision n’est nullement pas dépourvue de réflexion profonde, surtout pour le continent africain qui est l’un des plus grands producteurs de données.
L’usage significatif des médias sociaux dans le monde : quelques chiffres importants à retenir
De nos jours, les réseaux sociaux occupent une place importante dans la communication. De manière instantanée et interactive, des millions d’informations transitent par heure sur les différentes plateformes. Les utilisateurs augmentent de façon croissante, ce qui fait que les médias sociaux constituent dorénavant les nouveaux outils pour communiquer sur la politique, l’économie, l’éducation, etc... Ainsi, cette augmentation se justifie par les chiffres alarmants déclarés par We are Social et Hootsuite, deux structures qui ont réalisé le Global Digital Report. Se fiant à ce document, le dernier trimestre de l’année 2020 a été marqué par une hausse considérable du nombre d’usagers des réseaux sociaux. Sur une population mondiale de 7.81 milliards, les 4.14 milliards utilisent constamment les plateformes de communication digitale, soit un taux de pénétration de 53%. Ces chiffres confirment ainsi que plus de la moitié de la population planétaire préfèrent l’innovation technologique axée sur les OTT (Over the top). Même si que ses statistiques concernent tous les médias sociaux, les réseaux de Mark Zuckerberg battent les records du nombre d’utilisateurs mensuel. Facebook à lui seul capitalise 2.7 milliards d’usagers actifs, suivit de YouTube et de WhatsApp avec 2 milliards de comptes actifs. Sur l’usage du numérique dans le cadre professionnel aussi, les applications proposées par le patron de Facebook ne sont pas laissées en rade. Si l’email est utilisé par 92% des personnes interrogées, il n’en est pas moins pour WhatsApp qui vient en seconde position avec un taux d’utilisation de 79%, ce qui peut être jugé satisfaisant. Compte tenu de cet exploit majeur dans le monde de la technologie, Facebook et WhatsApp continuent d’enregistrer quotidiennement de nouveaux utilisateurs.
Toutefois, nonobstant l’importance indéniable recensée sur ces plateformes, leurs politiques de confidentialité ainsi que les conditions d’utilisation de ces dernières continuent d’alimenter les débats. En réalité, rares sont les utilisateurs qui s’intéressent réellement sur le sort de leurs données personnelles collectées par géants du net. Et pourtant, si l’utilisation des réseaux sociaux s’avère gratuite, derrière nous constituons cette matière première qui permet à ces entreprises de réaliser des chiffres d’affaires colossaux.
L’interconnexion des données entre WhatsApp et Facebook : un contrat d’adhésion entre la plateforme et ses utilisateurs.
Comme la plupart des médias sociaux, WhatsApp propose des conditions d’utilisation pour les usagers. Généralement, c’est un texte assez volumineux qui s’articule sur le contenu, l’utilisation ou encore sur la politique de confidentialité. Ainsi pour se servir de la plateforme, l’utilisateur doit impérativement accepter les règles édictées par le réseau social, même si que ces dernières peuvent ne pas l’arranger des fois. Dans le jargon juridique, cette pratique est appelée le contrat d’adhésion. En principe, ce type de contrat est conclu entre deux parties dont l’une d’elles impose de façon unilatérale et sans discussion possible les termes du contrat à l’autre partie. Autrement dit, le contrat se caractérise par un ensemble de clauses non négociables qui sont intégralement déterminées à l’avance par l’une des parties. Dans le monde des médias sociaux, ce type de contrat est le plus utilisé par les plateformes. Pour preuve, une nouvelle mise à jour sur les conditions d’utilisation de l’application WhatsApp a défrayé la chronique tout récemment. Les utilisateurs de ladite plateforme se sont réveillés avec un message leur faisant part d’un changement opéré par le réseau social sur la politique de confidentialité et les conditions d’utilisation qui doivent entrer en vigueur le 08 février prochain. Sur le texte, on pourrait lire trois points essentiels :
· Le service WhatsApp et la manière dont nous traitons vos données
· La manière dont les entreprises peuvent utiliser les services hébergés par Facebook pour stocker et gérer leurs discussions WhatsApp
· La manière dont nous collaborons avec Facebook pour offrir des intégrations sur les produits des entités Facebook.
A y voir de près, ces nouvelles conditions d’utilisations permettent à l’application WhatsApp de partager les données des utilisateurs avec sa maison mère Facebook et ses entités (Messenger, Instagram). Dorénavant, nos données vont transitées entre les différentes plateformes de Mark Zuckerberg sans qu’on y bénéficie le droit de s’opposer. Dans le site officiel de WhatsApp, il est mentionner que « les informations que nous (WhatsApp) partageons avec les autres entités Facebook incluent les informations d'enregistrement de votre compte (comme votre numéro de téléphone), les données de transactions, des informations liés à des services, des informations sur la façon dont vous interagissez avec d'autres, y compris des entreprises, lorsque vous utilisez nos Services, les informations sur votre appareil mobile, votre adresse IP, et peuvent inclure d'autres informations identifiées dans la section de la Politique de confidentialité titrée « Informations que nous recueillons », ou obtenues après vous en avoir averti(e) ou sur la base de votre consentement ».
Cette nouvelle mise à jour imposée par la firme met en jeu la question de la protection des données personnelles des utilisateurs. En effet, le respect à la vie privée constitue de plus en plus un mythe pour les GAFAM qui continuent d’exploiter massivement nos données. Ainsi, ce qui est le plus déplorable dans cette situation est que les utilisateurs qui refuseront d’accepter les nouvelles conditions et politiques de confidentialité à compter du 08 février 2021 n’auront plus accès à ce réseau social. Toutefois, le continent africain reste le plus grand perdant dans cette nouvelle mesure édictée par WhatsApp compte tenu de plusieurs aspects.
Quelles sont les conséquences d’une telle mesure pour le continent Africain ?
Aujourd’hui, il faut comprendre que l’Afrique constitue un grand producteur de données personnelles. Les utilisateurs de ce continent adoptent les plateformes de communication digitale sans modération. Au moment où des questions importantes sont en train d’être débattues par les autorités sur la souveraineté numérique, la taxation des GAFAM et l’hébergement de nos données, WhatsApp a pris une telle mesure sur la politique de confidentialité. En effet, il faut comprendre que ces nouvelles conditions d’utilisation diffèrent entre l’Union Européenne et le reste du monde. Pour l’UE et le Royaume-Uni, on peut noter ainsi une perspicacité sur cette décision. Dans un communiqué du réseau social WhatsApp, on peut identifier clairement que ce dernier ne partage toujours pas les données des utilisateurs de sa plateforme dans l’Union Européenne avec Facebook dans le but que Facebook utilise ces données pour améliorer ses produits et ses publicités. Pour rappel, l’Europe a adopté dans un passé récent un règlement général sur la protection des données (RGPD). Ce document représente une contrainte majeure pour les prédateurs de données personnelles. Toutefois, si le sort est édifié pour ces pays, il n’en est pas le cas pour l’Afrique. Au moment où la question des données constitue un enjeu géostratégique mondial, certains pays du continent préfèrent laisser le terrain vide, sans aucune réglementation adaptées. Pour le peu de pays qui en disposent une loi et une autorité de régulation, ils sont souvent confrontés à des problèmes d’inadaptation, compte tenu d’une évolution exponentielle de la technologie .Dès lors, nous produisons et mettons à la disposition de ces géants du net des informations capitales se rapportant à notre personne et à nos organisations. En réalité, si de telles mesures s’apprêtent à être appliquer dans le continent, c’est parce que derrière on note une absence d’harmonisation des législations en matière de protection des données personnelles et de la vie privée. L’existence de textes épars sur cette question est très souvent considérée comme un maillon faible pour ces pays. A ce rythme, ces GAFAM continueront d’exploiter à leur guise nos données personnelles au grand merci du public africain. Néanmoins, on peut espérer une maitrise de la situation si les acteurs concernés prennent au sérieux la question des données personnelles en adoptant de nouvelles réglementations appropriées. Tout de même, il serait important de miser sur la recherche et l’innovation technologique pour espérer au moins des applications locales qui nous sont propres.
Entre temps, abordons la sensibilisation pour conscientiser les utilisateurs de ces plateformes sur les contenus qu’ils doivent poster.
ASSANE SY
Cyberjuriste-Consultant, Spécialiste en protection des données personnelles
Mail : sy1assane2018@gmail.com Tel : +221 77 862 08 21
Full Stack Developer | Data & AI Enthusiast
3 ansJe pense même que ce partage de données entre Facebook et WhatsApp a commencé il y a longtemps. J'avais fait la remarque et je l'ai dit à un ami que je viens à peine de connaître. La remarque que j'ai faite est que dans le passé, Facebook se basait du nombre d'amis en commun pour faire des suggestions d'amis à une personne(d'après mon analyse). Et depuis quelques temps, j'ai remarqué qu'une fois que j'enregistre un nouveau contact et qu'on discute sur whatsapp, une fois sur Facebook on me suggère. Et cet ami là à qui j'en ai parlé, j'ai pris son numéro, on se connaissait pas avant. On a parlé sur whatsapp, je me connecte sur Facebook et on me le suggère. J'avais mm pris une capture d'écran pour lui montrer. Je pense vraiment qu'ils n'ont même besoin de nous aviser pour ces sois disant politiques de confidentialité. De toutes façons, ils nous ont toujours volés nos données personnelles.
Facebook propose de partager avec WhatsApp et lors de vente il propose que les clients répondent via WhatsApp. Un monde numérique et non protégé, ils font ce qu'ils veulent...
Senior Consultant Cybersécurité GRC | NIS2 | REC | Career Manager | DPO | IA SEC enthusiast
3 ansBravo 🎈 merci pour le partage
Juriste à l'AMF-UMOA/CDFP
3 ansAbsolument Assane Sy , le big data ne devrait pas rimer avec méconnaissance des droits des utilisateurs en la matière. Et l UE a pris la pleine mesure de la question.
Chef de Service Conformité et Suivi évaluation
3 ansJ'ai lu avec grand intérêt cet article merci Assane Sy