Winston : comment un seul homme a fait l'histoire par Boris Johnson
Un ouvrage dont je recommande la lecture. D'abord parce qu'il est bien écrit, intéressant et souvent drôle. Ensuite, parce qu'il fourmille de commentaires et parallèles faits par l'auteur qui peuvent peut-être apporter un éclairage sur sa personnalité, comme sa conception de la politique ou sa vision pour son pays.
Quelques exemples :
- à propos d'une paix séparée entre le Royaume-Uni et l'Allemagne nazie au moment de la défaite de la France : "si la Grande-Bretagne avait signé un accord en 1940 (…) le continent européen n'aurait pas été libéré. Il n'aurait pas été un foyer de résistance, mais le sinistre Etat client d'une infernale Union européenne nazie" pp 48-49 edition Le livre de poche
- sur la vie politique : "comment Churchill traita-t'il les partis? Il a avoué avec une candeur qui serait intolérable dans le paysage desséché d'aujourd'hui que choisir un parti, c'était comme choisir un cheval. Vous prenez le canasson le plus rapide et le performant (…). Personne, ni avant ni après, ne fut d'une déloyauté aussi sublime et assumée" pp 76-77
- sur le leadership : « Pour diriger un pays en temps de guerre, maintenir la cohésion d’un peuple à un moment de suprême danger, il faut créer un lien avec ce peuple, un lien profond, d’ordre « émotionnel » (…). Il (Churchill) avait besoin de capter leur attention, de leur remonter le moral, de les galvaniser, si nécessaire de les faire rire ou, mieux encore, de rire de leurs ennemis. Pour toucher les Britanniques, il avait besoin de s’identifier à eux, aux aspects de leur tempérament que lui et tout le pays jugeaient constitutifs de la psyché nationale. » - p189
- sur les attributs des « British » : « nous considérons que la Grande-Bretagne est la terre d’accueil naturelle des excentriques, des fieffés originaux et des individualistes » - p190
- à propos de l'immigration (en évoquant la loi de 1908 sur le salaire minimum) : "Il s'agissait surtout des ouvriers de la confection (…) dont les salaires se voyaient cassées à cause de la concurrence des immigrants essentiellement de l’Europe de l’est (« plus ça change… ») » - p209
- à propos de la City (en citant le défaitisme d’une partie des élites en 1940) : « La city fourmillait – elle fourmille toujours – de personnes qui préféraient faire de l’argent que faire la guerre » - p318
- sur les relations avec les USA et l'endettement : « Le programme prêt-bail a continué à empiéter sur le droit de la Grande-Bretagne à mener sa propre politique commerciale aérienne, même après la fin de la guerre. Il est sidérant de voir que cet accord du gouvernement, soi-disant ni sordide ni égoïste, stipulait un paiement qui ne finit – tenez-vous bien – que le 31 décembre 2006, lorsque que M. Ed Balls (…) signa un dernier chèque de 83,3 millions de dollars, accompagné d’une lettre de remerciement au gouvernement américain. A-t-on jamais vu un pays aussi servilement scrupuleux à honorer ses dettes de guerre ? »
- à propos du plan Schumann : « Non, Churchill n’est pas contre l’Europe (…). En revanche, il avait une certaine idée de la Grande-Bretagne (…), transcendant l’Europe toujours tournée vers le reste du Monde » - p 419