Yaël Braun-Pivet : un itinéraire hors norme

Yaël Braun-Pivet : un itinéraire hors norme

Sous le feu des projecteurs depuis son élection à la tête de la commission des lois, Yaël Braun-Pivet est l’une des figures de proue de la majorité. Ancienne avocate et responsable de centres d’accueil des Restos du cœur, cette femme d’action et de conviction bouscule les règles établies. Portrait d’une députée des temps modernes.

Si la République en marche devait avoir une égérie ce pourrait être elle. Dynamique, décontractée, spontanée… Yaël Braun-Pivet incarne mieux que personne le renouveau politique. Élue députée dans la cinquième circonscription des Yvelines au printemps dernier, la « marcheuse » est rapidement choisie par ses pairs pour prendre la tête de la prestigieuse commission des lois. Pas de quoi impressionner l’ancienne avocate touche-à-tout de 46 ans. Si certains lui reprochent son inexpérience de la vie publique et sa méconnaissance des institutions, elle sait qu’elle est « à sa place ». Forte d’un caractère bien trempé et d’une volonté d’être « dans l’action », Yaël Braun-Pivet s’intéresse au débat public depuis son plus jeune âge. Elle rejoint même un temps les rangs du PS. « Je me suis vite rendu compte que l’organisation du parti ne me correspondait pas », confie la mère de cinq enfants, devenue au fil de ses engagements associatifs, une véritable meneuse d’hommes et de projets. Avec toujours la même ambition : « Être utile. »

« Éprise de justice »

Avocate de formation, la pénaliste fait ses premières armes aux côtés d’Hervé Témime, ténor du barreau parisien. « Je me souviens d’une jeune femme extrêmement prometteuse, se rappelle-t-il. Elle avait un caractère, une énergie, une capacité d’écoute et de conviction très grande pour son âge. » Très vite, naît chez elle l’envie de venir en aide aux plus démunis. Une cause que Yaël Braun-Pivet gardera chevillée au corps toute sa vie. « Elle est véritablement éprise de justice au sens large », poursuit son mentor, non surpris de la voir aujourd'hui présider la commission des lois à l’Assemblée nationale. Après sept années d’exercice, l’avocate choisit néanmoins de quitter le barreau pour suivre son mari muté à l’étranger. Une décision qui étonne. « Elle avait toutes les qualités requises pour s’illustrer dans notre métier », estime Hervé Témime. Peu importe, Yaël Braun-Pivet n'a pas l’intention de laisser sa vie privée de côté. Le couple s’expatrie à Taïwan puis au Japon. Quelques années plus tard, la famille s’installe au Portugal. La juriste y reprend ses études et s’inscrit en Master de droit des affaires. « Ces expériences à l’étranger m’ont apporté une grande capacité d’adaptation », considère-t-elle.

Entrepreneur social 

Cette expérience hors de l’Hexagone n’a pas altéré son envie d’œuvrer pour les plus faibles. De retour en région parisienne en 2012, elle s’engage bénévolement au sein des Restos du cœur. Ne faisant jamais rien à moitié, Yaël Braun-Pivet prend rapidement la responsabilité de deux centres d’accueil et se transforme en véritable entrepreneur social. « J’avais une équipe d’une centaine de bénévoles à gérer entièrement », raconte-t-elle. Forte de son expérience d’avocate et de son solide réseau, elle convainc le barreau de Versailles de proposer des consultations gratuites aux six cents familles accueillies chaque semaine. Un soutien juridique qu’elle estime crucial dans la lutte contre l’exclusion. « Lorsqu’une personne est mal orientée sur le plan juridique, cela peut devenir dramatique », rappelle la juriste, consciente qu’il reste encore beaucoup à faire sur le sujet. C’est d’ailleurs pour « porter la voix » des plus démunis qu’elle décide de s’engager en politique au printemps dernier.

58,99 %

Ce qui l’a convaincue de rejoindre Emmanuel Macron ? Ses propos modérés sur la déchéance de nationalité en 2016. « J’ai eu le sentiment d’entendre une position nouvelle », se souvient-elle. Alors, quand l’ancien ministre fonde En Marche!, cette femme de conviction participe aux réunions, puis rejoint le comité de sa région. Séduite par l’aspect concret des problématiques abordées et la dynamique qui se dégage du mouvement, l’avocate y prend rapidement ses marques. Quelques jours après la victoire d’Emmanuel Macron, quand elle apprend que les investitures pour les législatives sont ouvertes, elle n’hésite pas une seconde. « J’avais l’impression d’être à ma place », explique celle qui l’emporte très largement avec 58,99 % des voix, face au Républicain sortant Jacques Myard.

« Il ne faut pas décevoir »

Une fois élue à la tête de la commission des lois, Yaël Braun-Pivet donne rapidement le ton : « Nous ne sommes pas là pour nous adonner à des querelles partisanes, mais pour travailler. » Elle le sait : les Français attendent beaucoup du groupe LREM à l’Assemblée ̶ sauront-ils véritablement renouveler les pratiques ? Conserveront-ils leur liberté de ton face au gouvernement ?... . Premier chantier en date pour la commission : la loi dite de confiance, dont la marcheuse est désignée rapporteure au début de l’été. « Les attentes autour de ce texte sont très grandes, il ne faut pas décevoir, affirme-t-elle. Nous devons trouver un consensus le plus large possible. » Près d’une vingtaine d’experts (associations, déontologues, autorités indépendantes, élus locaux…) sont entendus par les membres de la commission sur ce projet de loi. Persuadée que « le compromis naît de la discussion », l’élue se montre confiante. « Notre collaboration avec les membres de la commission s’annonce bien, chacun a envie d’avancer », assure celle dont la moindre maladresse est néanmoins pointée du doigt par l’opposition. Comme lorsque, en Commission, elle oublie d’éteindre son micro avant de confier à son voisin au sujet de la majorité : « On a un groupe qui dort, qui ne sait pas monter au créneau, qui est vautré. » Un « couac sans importance », pour Hervé Témime, convaincu que Yaël Braun-Pivet saura « parfaitement et très vite s’adapter à cette mission des plus importantes ».

Ambition

« Elle possède une grande force de travail, poursuit l’avocat. Elle est solaire, extrêmement positive, elle a de l’ambition au sens noble du terme. » Comme ses prédécesseurs à la tête de la commission des lois – Jean-Jacques Urvoas, Michel Sapin… – brigue-t-elle un poste de ministre ? La question n’est pas à l’ordre du jour. « Je suis à ma tâche, je n’y pense pas, répond-elle. Ma seule ambition, c’est de servir. » ....

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