“You are safe, no judgment here”

Pendant les vacances de Noël, j’ai eu la chance d’aller aux US, dans le Colorado, retrouver mes beaux-parents que nous n’avions pas vu depuis (trop) longtemps en raison des contraintes sanitaires et de la crise du COVID. Le 31 décembre, j’ai eu l’occasion d’échanger avec 2 groupes de jeunes américains dont les propos et l’attitude m’ont touché…

En réalité, pendant les fêtes, les US n’étaient pas « confinés » comme nous le sommes en France. Il y a même eu un grand feu d’artifice le 31 décembre auquel nous nous sommes rendus avec notre fille de 9 ans. L’occasion était trop belle (et elles ont été rares en 2020 ;( )

A l’issue du feu d’artifice, nous sympathisons tout d’abord avec un groupe de 5 trentenaires, anciens camarades de promo se retrouvant pour passer un séjour au ski ensemble. Au bout de quelques minutes, j’entends l’un d’entre eux nous lancer : « guys, you are safe here, no judgement here » En d’autres termes et en français dans le texte « les amis, vous êtes ici en sécurité, personne ne vous juge ». Whaaat ? Ne seraient-ce pas là les propos que l’on entend chez nous très rarement ou dans les séminaires de développement personnel ? 

Un peu plus tard, alors que nous rentrons vers la station de ski, d’autres jeunes s’intéressent à notre petite famille. En quelques minutes à peine et de façon très ouverte et naturelle, ils nous demandent de nous raconter notre rencontre, nous complimentent sur notre fille… L’un d’entre eux, sachant que je suis Français, vient même vers moi en particulier me demander des conseils sur les relations interculturelles, ce que je pensais de ces options de vie, etc. J’étais scotché ! 

C’est d’ailleurs ce même jeune homme de 23 ans qui me lâche, quelques minutes plus tard, que pour lui (je traduis ici comme je l’ai entendu) « Aux US, il n’ y a pas de culture ». 

Il n’y a en effet peut-être pas aux US l’ancrage historique et patrimonial dont nous pouvons jouir et nous réjouir sur le Vieux Continent et dans d’autres parties du monde, mais il me semble qu’il y a des choses à prendre dans cette culture-là. Et notamment l’ouverture à l’autre, la capacité à rentrer en communication ouverte et décontractée et même à donner du feedback positif très facilement. 

Le melting-pot a peut-être tendance à noyer les cultures et les histoires mais il me semble que cette histoire et l’attitude de ces jeunes-là en tout cas (ne généralisons pas) montre que ces sociétés plurielles ont le mérite de générer de l’ouverture d’esprit, un intérêt pour l’autre et pour son histoire. Comme je l’ai senti également à d’autres moments de ma vie, et notamment à La Réunion dans la créolité.

Les feedback reçus sur notre famille et notre fille, en à peine quelques minutes, au-delà de m’encourager et je dois l’avouer de me rendre fier (car c’est aussi beaucoup d’efforts que de réussir ce pari-là) m’ont également permis de mieux comprendre parfois la frustration de mon épouse (et la mienne) lorsque nous devons parfois faire face à une ouverture d’esprit toute relative, pleine de convictions ou de vérités toutes faites. 

Je suis conscient, pour avoir lu l’excellent livre « Evidences invisibles » de l’éthnologue Raymonde Caroll que ce premier contact chaleureux peut aussi être pour les Français très déstabilisant. Car il ne veut pas dire qu’une relation d’amitié va se créer et qu’il peut donc paraitre superficiel. 

Pour ma part, je me sens citoyen du monde et j’essaye de prendre ce que je perçois comme le meilleur de chaque culture voire de chaque personne que je rencontre. C’est comme cela que je me suis construit et que je continue de la faire. C’est également ce que j’essaye de partager lors de mes conférences ou de mes interventions avec des publics français ou internationaux.  

Cela n’est pas sans doute non plus le seul chemin à suivre mais c’est le mien et je le partage simplement avec vous. Et vous ? Qu’en pensez-vous ?