On sait à quoi vont servir les 32 millions d’euros que France 2030 a alloués à la start-up Jimmy dans le cadre de l’appel à projets "réacteurs nucléaires innovants". Le 14 février, la jeune entreprise, qui développe des microréacteurs nucléaires destinés à produire de la chaleur pour l’industrie et remplacer les chaudières à gaz (par exemple dans l'agroalimentaire ou la production de papier), a annoncé l’acquisition d’un terrain de 125 000 m² en face de la gare Le Creusot TGV, en Saône-et-Loire.
Elle veut y construire trois usines pour fabriquer en séries ses chaudières nucléaires de 10 MW de technologie graphite-gaz, en assurer la maintenance, et produire le combustible nucléaire Triso qui les alimentera. Cela représente un investissement de 100 millions d’euros et la création, à terme, de 300 emplois directs.
Les travaux doivent débuter en septembre 2024 pour une mise en service en 2025 d’un atelier de stockage et d’assemblage des principaux composants du générateur (pompes, système de ventilations...) de 13 000 m² où travailleront 150 personnes à terme. La mise en service de l’usine de montage du combustible Triso dans les blocs de graphite avec une équipe de 15 personnes dans un second bâtiment de 3000 m² est, elle, prévue pour 2026. Enfin, un atelier de préparation du combustible, sous la forme de particules Triso, de 10 000 m² sera fonctionnel en 2028 et créera encore 100 emplois. Aucune énergie par fission ne sera produite sur le site. L’uranium en poudre accueilli dans l'usine pour la préparation des particules Triso sera quant à lui inerte, non activé et sans nocivité, que ce soit à l’intérieur du site industriel comme à l’extérieur.
Les particules Triso, pour "Tri-structural Isotropic" sont formées d’un noyau en oxyde d’uranium revêtu de couches qui servent de première barrière de confinement pour retenir les produits de fission. Elles ont la forme de billes d' 1 millimètre d’épaisseur environ, qui sont ensuite compactées dans une poudre de graphite, formant des "compacts" de particules de 2,5 centimètres de hauteur et 1,2 centimètre de diamètre. Ce type de combustible résiste à une chaleur de 1600 degrés, ce qui confère une très sureté aux réacteurs qui l'utilisent.
L’entreprise vise une production de 20 à 30 micro-réacteurs par an. Un premier client a pris une commande ferme pour un microréacteur. Son nom devrait être dévoilé très prochainement.
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