Comment réconcilier politique et économie ?

Comment réconcilier politique et économie ?

Je suis intervenue aux Rencontres Economiques d’Aix-en-Provence 2022 à l’occasion d’un débat sur le thème « Réconcilier économie et politique ». 

Depuis l’apparition du colbertisme, les Français ont toujours été le peuple politique par excellence dans leur rapport à l’économie. Le Général De Gaulle déclarait ainsi : « La politique de la France ne se fait pas à la corbeille ». Cela contraste singulièrement avec la position dominante dans les pays anglo-saxons. Clinton disait d’ailleurs : « It’s the economy, stupid ».  

Cela donne lieu à des dérives comme avec Jean-Luc Mélenchon qui considère que l'économie doit se plier à son agenda personnel et à sa réalité politique. Pourtant, aujourd’hui, nous sommes rattrapés par les réalités économiques (inflation, pénuries…).

Excellence académique et pauvreté du débat économique : le paradoxe français

Il y a un paradoxe dans notre pays : c'est que, alors que deux des huit derniers prix Nobel d'économie sont Français, nous avons également 170 économistes qui signent une tribune en faveur du programme économique de la France Insoumise pour les élections législatives. Qu'est-ce que cela dit de la France ? Cela dit qu'il y a, en France, une passion de l'égalité bien supérieure à notre passion de la liberté. Une passion du social et de la question sociale qui domine tous les débats et même les réalités économiques les plus immuables. 

L’impact du « quoi qu’il en coûte » sur la perception des questions économiques

Le « quoi qu'il en coûte » a accentué le désintérêt des Français pour l'économie. Parce que si finalement on peut faire une politique de l'open bar en faisant des chèques à chaque fois qu'il y a un problème, à ce moment-là, pourquoi faire des efforts ? Pourquoi faire des réformes ? Pourquoi s'obliger à travailler davantage ? Pourquoi s'obliger à réorganiser complètement son travail, la façon dont on conçoit les rapports entre les uns et les autres ?

L'idée même de réforme est torpillée par le « quoi qu'il en coûte », qui d’ailleurs a une origine théorique : la théorie moderne de la monnaie de Stéphanie Kelton qui postule la nécessité d’utiliser la planche à billets peut provoquer une relance de l'économie et aboutir au plein-emploi. Finalement, dans sa démonstration, les déficits sont secondaires. Sauf que cette question-là, cette politique monétaire hyper expansionniste, se heurte aujourd'hui à la réalité économique de la remontée de l’inflation et des taux.

Aujourd’hui, on touche au bout du « quoi qu'il en coûte ». Et je crois que nous aurions été sans doute mieux avisés, pendant cette crise, de faire « tout ce qu'il faut » plutôt que de faire le « quoi qu'il en coûte ». L'argent magique, c'est terminé !

Pour des réformes

Le « quoi qu'il en coûte », c'est la politique de l’open bar. Je défends une politique plus ciblée et accompagnée de réformes structurelles. Comment est-ce qu'on réconcilie les Français avec l'idée de réformes ? Il faut qu'elles ne soient pas synonymes de sang, de larmes et de sueur. Il faut que la réforme soit gagnante et pas qu’elle soit synonyme de casse sociale. Il faut que les Français voient comment leur vie va s'améliorer concrètement. 

Je crois qu’il y a une responsabilité du politique qui n’a que très rarement réussi à faire cela, c'est à dire à expliquer comment une réforme peut se traduire par une amélioration de la vie. Alors comment fait-on pour rendre désormais la réforme compréhensible, comment on fait pour faire adhérer les Français ? En somme, rendre la réforme désirable pour les Français.

D’abord, il faut commencer par dire la vérité aux Français : nous avons une dette qui monte au ciel. Nous avons des déficits commerciaux records qui témoignent malheureusement de la désindustrialisation de notre pays et de la faiblesse de notre tissu productif... Et on a un chômage structurel qui, contrairement à ce que j'entends dire, est le double de celui de certains de nos voisins. C'est ça la réalité. Et ce n’est pas acceptable. 

Je le dis depuis des mois et je vais continuer à le faire car ma conception de la politique c’est de dire la vérité aux Français, pas de leur dire ce qu’ils veulent entendre. 

Aujourd’hui, je crois qu'il y a quatre ou cinq réformes indispensables qu'il va falloir prendre à bras le corps : la réforme de l’Etat, la réforme des retraites ou encore la décentralisation. 

Sur tous ces points, il y a une chose à dire : la performance publique ne doit plus être un gros mot. On ne peut plus rester champions du monde des impôts et avoir des services publics qui ne sont plus champions du monde. « Protéger, éduquer, soigner », voilà le triptyque clé du service public, l'âme de notre pays. Aujourd'hui, nous avons une très mauvaise performance dans ces trois domaines. On a une justice qui est complètement noyée sous les dossiers et les délais. On a une école qui est complètement dépassée et qui ne joue plus son rôle d’ascenseur social. On a un hôpital qui n’arrive plus à recruter et à soigner correctement.

Réconcilier les Français passe par la performance publique. Parce que si on leur offre des meilleurs soins, si on leur offre une meilleure protection et si on leur offre une meilleure éducation, plus de chance dans la vie de réussir une meilleure formation, alors on les réconciliera. Donc la bureaucratie, ça suffit ! Il faut réformer l'État et le décentraliser parce que c’est comme cela qu’il sera plus efficace. 

françois Gros

CO-GERANT chez COPYMIX

2y

Oui il faudrait déjà éviter de gâcher l argent du contribuable comme des panneaux à chaque entrée de ville qui dit que la région a financer vraiment à suoi ser cela

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Lakhdar Adrouche

Formateur de travailleurs sociaux chez IRTS PACA et Corse

2y

Qu'elle est votre légitimé de nantie rejetée par les électeurs ? Peut être vaut il mieux renoncer à la politique ?

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Jean-Paul LEMESLE

Retraité chez Débordé

2y

Pour expliquer comment faire la quête pour obtenir 5 millions pour renflouer ses faillites

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Ambelouis Remi

Chef d'entreprise, objective I.T.

2y

Madame 4%, taisez vous.... vous m'avez fait honte et lorsque l'on reçoit des claques on se cache..... Laissez la place à des adultes qui savent argumenter et discourir pour séduire et non pour faire fuir... Je votais Républicain, mainteNant je vote différenment, je vote pour l'action

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Jérémie Denis

En recherche active d'un contrat en alternance : Technicien assistance informatique ; Activité complémentaire : Assistant web en freelance

2y

50 ans de LR au pouvoir et maintenant c'est le LR qui explique que la situation financière est catastrophique.

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