Je ne vous ferais pas l'affront de démontrer la réalité du changement climatique...
L'agriculture constate les conséquences depuis de nombreuses années avec une stagnation voir une régression des rendements depuis 25 ans. Des aléas climatiques majeures surviennent quasiment tous les ans, particulièrement ces 10 dernières années. 2024 a été une année marquée par des rendements historiquement faibles (proches du record de 2016) et une production la plus basse depuis 40 ans (rendement faible + diminution des surfaces du fait de l'impossibilité de semer le blé).
Les filières de qualité représentent un faible volume par rapport à la production nationale alors on pourrait finalement se poser la question de l'impact sur nos filières de qualité ? Les volumes sont suffisants pour le marché intérieur mais...
Tout d'abord, les blés étant contractualisés en amont (année N-1), la baisse des rendements affectent les volumes disponibles pour ces filières. C'est le principe d'une filière que d'anticiper et proposer des contrats aux agriculteurs et pas seulement acheter du blé une fois qu'il est récolté. Bien sûr, les organismes stockeurs prennent une certaine marge sur ces contrats. Néanmoins, quand les rendements baissent de 25%, cette marge est insuffisante...ainsi certaines filières n'ont pas les volumes attendus pour satisfaire leurs clients.
Résultat : des marchés à valeur ajoutée sont perdus et les clients non servis une année ne reviennent pas toujours l'année suivante...
Deuxièmement, le changement climatique impacte aussi des paramètres important pour la qualité. Dans les cahiers des charges, de nombreux paramètres sont encadrés (poids spécifiques, protéines, taux d'impuretés...). En 2024, les PS mais aussi les protéines sont plus faibles.
Si ces paramètres ne sont pas respectés, les opérateurs ont des non-conformités lors des contrôles, elles peuvent devenir récurrentes et il n'existe pas toujours de leviers disponibles...Dans le cas des protéines par exemple, le seul levier possible est l'ajout de blés de force plus protéinés (le gluten exogène est interdit) mais les volumes disponibles en blés de force sont également faibles...On est dans une impasse!
Il est possible de demander une dérogation auprès de l'INAO mais la procédure prend plusieurs mois et le Comité National peut refuser...
De toute évidence, dans le cas où ces aléas se généralisent et deviennent trop fréquents, faire des dérogations tous les ans n'est pas un système satisfaisant...
Ainsi, concrètement, les volumes de farine Label Rouge sont attendus en baisse en 2025, pas à cause de la demande mais à cause d'un manque d'approvisionnement.
Alors comment faire? comment gérer ses aléas pour nos filières de qualité?
Comment adapter le système et les procédures pour que l'on puisse être réactif et souple?
Il y a urgence à sérieusement y réfléchir ...
Institut national de l'origine et de la qualité (INAO), FedeLIS, PAQ, La Coopération Agricole - Métiers du Grain, ARVALIS