#Balance ton bailleur !
Suis-je la seule à avoir été choquée par cette campagne d’affichage de la mairie de Paris sur l’encadrement des loyers enjoignant aux locataires de vérifier que leurs propriétaires n’abusent pas d’eux ; une forme de #MeToo immobilier.
Cette campagne est-elle vraiment surprenante lorsque l’on sait qu’en 2023, les services d’Anne Hidalgo ont lancé une plateforme permettant de « signaler » - notez au passage la sémantique moins violente et connotée que « dénoncer »- un bailleur que l’on estime - à tort ou à raison – s’affranchir du dispositif d’encadrement des loyers ? D’autant qu’un procédé similaire de plateforme a été employé au printemps dernier par le sénateur et conseiller de Paris Ian Brossat visant, cette fois, à prévenir les autorités de congés potentiellement frauduleux durant la période préolympique.
Attention, les lois protectrices des locataires et de leurs finances doivent, bien sûr, être scrupuleusement respectées par les bailleurs. Ce que, d’ailleurs, l’immense majorité fait… La Fondation Abbé Pierre constate en septembre que 80 % des annonces de locations étaient conformes à la réglementation en matière de fixation des loyers.
Alors pourquoi montrer ainsi du doigt les propriétaires bailleurs, contribuant à véhiculer le poncif du rentier joufflu et arrogant si souvent caricaturé au XIXe siècle ?
L’Observatoire du Groupe BPCE a délivré un portrait-robot du bailleur privé français riche d’enseignements. On y apprend qu’environ les deux tiers des propriétaires sont des monobailleurs ayant réalisé un investissement locatif et que seuls 32 % ont hérité de leur parc locatif. Pour 54 % d’entre eux, l’investissement a été réalisé pour percevoir un complément de retraite. Une enquête menée par l’Anil-Adil, révélait qu’un peu plus de 50 % des bailleurs déclaraient moins de 46 000 € de revenus par an et que 40 % étaient retraités. Là encore, bien loin des portraits de Daumier…
Fin 2022, les bailleurs privés détenaient 7,5 millions de biens et hébergeaient 24,7 % des ménages français… Leur rôle est plus que jamais capital au moment où s’enkyste une crise du logement d’une ampleur inédite. Ils subissent depuis des années sans ciller une érosion de leur rentabilité (encadrements des loyers, application d’un bouclier en période inflationniste, hausse exponentielle de la taxe foncière, etc.) et sont, maintenant, ouvertement suspectés d’illégalité. On voudrait les décourager et les pousser à arbitrer leurs biens locatifs, on ne s’y prendrait pas autrement… À l’heure où les pouvoirs publics confient la charge du locatif intermédiaire aux institutionnels, on peut, d’ailleurs, légitimement se poser la question. Molière n’a-t-il pas écrit : « qui veut noyer son chien l’accuse de la rage » ?
Norbert FANCHON Loïc Cantin Olivier Princivalle Dubrac Danielle Olivier Lendrevie Grégory Monod #FFB #FNAIM #PôleHabitatFFB #FPI #UNIS Dominique ESTROSI SASSONE Lionel Causse Caroline Arnould Jacques Baudrier Arnaud Hacquart