💶 La financiarisation inéluctable, mais doit être relativisée 💶
✳️ Pour Serge Gilodi, fondateur de Serendipity Conseil, la financiarisation constitue davantage une menace pour les petites officines que l'ensemble du secteur. Si elle semble inévitable, elle ne doit pas être perçue comme une fatalité
✳️ La financiarisation du secteur officinal passage obligé à ce stade du marché pharmaceutique ?
Cette financiarisation des officines par des capitaux extérieurs est encore marginale. Par exemple, Hygie31 et son groupement Lafayette ils sont accompagnés par des fonds d’investissement, mais en dépit de puissants moyens, ils peinent à investir dans plus de 5 à 10 pharmacies par an. Egalement Arpilabe, une structure hybride qui accompagne une centaine de pharmacies, avec des fonds d’investissement extérieurs purement financiers, sans imposer d’enseigne ou de groupement
✳️ Existe-t-il encore des moyens de le freiner ?
Le freiner, je ne sais pas. L’encadrer, oui ! Mais il sera impossible de revenir en arrière. Ce qui me gêne, c’est qu’il y a une hypocrisie qui persiste chez les pharmaciens, qui disent refuser la financiarisation pour des raisons éthiques, sans pour autant se gêner à recourir à des montages financiers comme les obligations convertibles ou les actions de préférence
✳️ Et concernant les groupements ?
nous assistons à une accélération de la financiarisation des groupements
Cette dernière a commencé il y a 15 ans, après la reprise de PharmaVie par le groupe Phoenix, qui désormais détient aussi Pharmacie Référence Groupe et Pharmactiv via OCP. Rachat d’Aprium par Sagard puis Ardian, investissement de Five Arrow, puis Latour Capital et BPI France chez Hygie31… On peut s’attendre à voir d’autres groupements repris par des fonds d’investissement, il est plus aisé d’investir dans un groupement avec 300 pharmacies que dans 300 officines une par une
✳️ Mais ce n’est pas le seul modèle…
En effet, de nombreux groupements ou fédérations de groupements coopératifs comme Giropharm, Evolupharm, Elsie Santé ou Apsagir existent et rencontrent beaucoup de succès, en arrivant à mêler services et bonnes négociations commerciales, en s’assurant que tout reste dans la profession. Je pense que les modèles capitalistiques, en quasi-franchises, les coopératives et les pharmaciens indépendants vont encore cohabiter longtemps
✳️ Comment voyez-vous l'évolution du secteur officinal dans les 5 à 10 prochaines années à l’aune de cette financiarisation ?
Plus que l’indépendance du pharmacien, c’est la survie des petites officines et le maillage territorial qui sont menacés par cette financiarisation sans garde-fou
Pour une grosse pharmacie avec des effectifs, mettre en place les nouvelles missions est facile, pour beaucoup de petites pharmacies isolées, c’est mission impossible. Avec un rythme de 300 fermetures par an, un cap finira par être franchi. Le pire reste à venir, avec la mort des petites pharmacies
Source François TASSAIN pour le Quotidien du Pharmacien