➡ Alexandre del Valle : Les irrégularités dans les élections en Moldavie et l’indignation à géométrie variable de l’Occident
TRIBUNE. Ce dimanche, un double scrutin présidentiel et référendaire a lieu en Moldavie, petit pays tiraillé entre l’Occident et la Russie, de surcroit potentiellement déstabilisé par la proximité de la guerre russo-ukrainienne. Pour Alexandre del Valle, l’exclusion des ONG étrangères en tant qu'observateurs internationaux, qui conduit à des élections sans garanties, est étrangement passé sous silence par les Occidentaux.
Les élections du 20 octobre prochain, véritable bras de fer entre l’Union européenne et la Russie dans un contexte de risque de contagion du conflit ukrainien, seront déterminantes pour l’avenir de la Moldavie. Or, si l’issue du référendum en faveur de l’adhésion à l’Union européenne fait peu de doutes, les observateurs de la politique moldave et les opposants ont tiré la sonnette d’alarme à propos de l’exclusion de nombreuses ONG européennes du processus d’observation électorale (Fundación Sociedad Civil ; Fortius Foundation Principios ; Instituto Trezeno ; Association Est-Ouest ; Le Diplomate Media ; Association Brukmer ; ACMID ; Donna Donna Onlus ; CF2R ; etc).
Cette décision de la Commission électorale centrale (CEC) moldave, qui a rejeté, le 14 octobre, par simple courrier électronique ces ONG (lesquelles ont pourtant envoyé leurs candidatures en respectant les exigences légales), constitue pour l’opposition moldave une atteinte à la transparence démocratique. Ce rejet remet en question les garanties démocratiques des élections. Il soulève non seulement des questions sur la transparence du processus électoral, mais il affecte la confiance dans les institutions démocratiques moldaves. La présence d’observateurs issus d’organisations européennes aurait pourtant conféré une plus grande légitimité au processus puis dissipé les soupçons d’irrégularités.
Huile sur le feu
La situation politique en Moldavie, déjà sismique, n’avait pas besoin que de l’huile soit jetée sur le feu : rappelons que le Parti action et solidarité (Pas), de Maia Sandu, présidente depuis 2020, a assis sa popularité sur une démagogie pro-européiste et antirusse qui fracture une société très partagée sur ce point et qui, bien qu’attirée par l’Eldorado occidental, veut rester neutre sans s’aligner sur l’Otan et sans se mêler du conflit ukrainien. Le Pas, qui contrôle le Parlement, prétend être libéral de centre droit et anticorruption, mais les ONG et l’opposition dénoncent depuis des années une concentration du pouvoir et un manque de progrès sur les questions économiques.
Dans l’opposition, le Parti socialiste de la République de Moldavie (PSRM), d’Igor Dodon, ancien président, prorusse et conservateur, a, certes, lui aussi contribué à la polarisation politique du pays en s’opposant fortement au pro-européisme du Pas et en défendant une politique traditionaliste sur le plan sociétal.
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