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Une pointe de coordination culturelle et artistique

Il existerait une frontière bien réelle entre « l’initié.e » et « les autres ». Nous, professionnel.le.s artistes et xn--oprateur-c1a.rice.s du spectacle vivant subventionné l’aurions créé il y a des dizaines d’années, et nous persévérions encore, inconsciemment, à faire perdurer ce fossé dans le temps. Des pros complètement déconnectés de la réalité ? Serions-nous dans un délire collectif, tenus d’une mission symbolique que celle de délivrer une parole émancipatrice à laquelle le peuple se devrait d’adhérer ? Aurions-nous travesti à tord notre filière (ah, le tabou!), nos écoles (ah, l’élite!), nos relations de travail (ah, la communication!), nos repérages (ah, cette émergence !), nos codes (ah-ttention à utiliser le bon lexique!) .. ? Avec ses coups de gueule, le podcast de Mathis Grosos m’a interpellé. Je vous conseille de l’écouter, le découvrir et/ou vous le rappeler. La morale que j’en retiens ? Qu’il nous faut peut-être (encore et toujours) prendre du recul sur nos pratiques professionnelles, sur nos façons de conduire nos métiers qui composent une filière intrinsèquement liée à la loi de Baumol, que les politiques publiques n’arriveront pas à résoudre seules. Cette écoute me ramène à des réalités de terrain que j’entends chaque jour de la bouche des professionnel.le.s, artistes comme xn--oprateur-c1a.rice.s. L’ensemble de la profession est consciente et convaincue, mais quand aura-t’elle le temps et les possibilités de faire évoluer ses pratiques alors que 1/ les possibilités créatrices des artistes sont liées aux appels à projets et à la reconnaissance de leurs travaux dans la filière 2/ les xn--oprateur-c1a.rice.s n’ont plus les moyens suffisants pour développer le lien entre l’œuvre et les personnes, et qu’ils se retrouvent en face d’un nombre de sollicitations toujours croissant 3/ les administrations ne peuvent soutenir les acteurs culturels que par un cahier des charges politique et non sociétal, elles-mêmes survivants en budgets contraints 4/ l’inflation que nous connaissons ces dernières années ne permet pas aux personnes de bénéficier de plus d’activités culturelles, même si un soutien renforcé à la diffusion ou l’accessibilité des œuvres voyait le jour. Peut-être pourrais-je avancer timidement et naïvement quelques réponses que je vois s’amplifier en Nouvelle-Aquitaine, et probablement dans d’autres régions. Faire participer tout un chacun à la filière, comme il le souhaite. Créer avec ceux qui habitent, ceux qui vivent. Sortir du spectacle institué dans une boîte noire, un rapport frontal, et sortir. Réaliser des œuvres uniques et actuelles, en étant sur le territoire et avec les gens. Créer un théâtre qui parle d’aujourd’hui. Regarder la société telle qu’elle vit et non telle qu’on veut la qualifier.

‎Dramathis : S2E14 (2/3) : l'heure du thé : Les théâtreux sont-ils complètement hors sol ? sur Apple Podcasts

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Tiphaine F.

Chargée de développement culturel

8 mois

Merci Kévin, ça donne très envie de découvrir ce podcast !

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