Patrick Drahi, fondateur du groupe Altice, a surpris les marchés en se retirant du secteur des télécoms britanniques.
Avant l’ouverture des marchés ce lundi, Bhartel, un géant indien des télécommunications, a annoncé avoir racheté les 24,5 % de British Telecom (BT) détenus par Patrick Drahi via son holding Altice UK.
Ce dernier était devenu le premier actionnaire de BT en juin 2021, après avoir investi 2,2 milliards de livres pour acquérir une participation de 12,1 %, augmentée progressivement à 24,5 % en mai 2023.
Cette montée rapide dans le capital de BT avait alimenté des spéculations sur une éventuelle prise de contrôle du groupe, un scénario qui aurait pu être stratégiquement intéressant dans le contexte du vaste projet de déploiement de la fibre optique au Royaume-Uni.
Cependant, malgré ces perspectives prometteuses, les actions de BT ont perdu 26 % de leur valeur depuis l’entrée de Patrick Drahi au capital.
Bloomberg estime que cette cession pourrait entraîner une moins-value d’un milliard de livres pour l’homme d’affaires.
Toutefois, Patrick Drahi a pu profiter des dividendes versés par BT ces trois dernières années.
Le désengagement de Patrick Drahi de BT s’explique en partie par les contraintes réglementaires croissantes au Royaume-Uni.
Un expert du secteur des télécoms souligne que « cela aurait pris des années à Patrick Drahi pour éventuellement prendre le contrôle de BT ».
En effet, la fibre optique étant considérée comme une infrastructure critique, toute tentative de renforcement de la participation de Patrick Drahi aurait pu déclencher une nouvelle enquête des autorités britanniques, qui avaient déjà investigué son entrée au capital en 2022.
Cette cession s’inscrit également dans une stratégie de désendettement, Patrick Drahi cumulant plus de 60 milliards de dollars de dette à travers son empire.
La vente de sa participation dans BT pourrait lui rapporter environ 3 milliards de livres, contribuant ainsi à apaiser ses créanciers.
Parallèlement, Patrick Drahi a ouvert le capital de sa maison de vente aux enchères, Sotheby’s, au fonds souverain d’Abu Dhabi pour 1 milliard de dollars, renforçant ainsi le bilan de l’entité endettée à hauteur de 1,8 milliard de dollars.
Ces deux opérations ont eu un effet immédiat sur les marchés financiers.
Benoit SOLER, analyste crédit chez Keren Finance, souligne que « les obligations d’Altice ont repris de la couleur », car ces transactions réduisent la nécessité pour Patrick Drahi de remonter des liquidités depuis ses activités dans les télécoms.
Cependant, des questions demeurent sur l’utilisation précise des fonds issus de la vente de BT, alors que les négociations autour de la dette d’Altice France, suspendues récemment, pourraient reprendre en septembre.
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