Post de Lorine AZOULAI

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Agronomist, Sustainable Food Systems expert, Agroecology and Food Sovereignty enthusiast

Crise #agricole, crise alimentaire, crise #climatique, effondrement de la #biodiversité, on ne peut que constater l’échec d’un système mondialisé, dérégulé, qui en pleine crise génère des profits et dividendes records sur les marchés financiers - la spéculation sur la faim ça paye bien - et pour les actionnaires… Le tout au détriment du droit à l’alimentation des populations, et du revenu des #agriculteurs.   Depuis plusieurs semaines, le gouvernement français agite le drapeau de la souveraineté alimentaire pour justifier le maintien d’un modèle agro-industriel à bout de souffle, qui épuise les agriculteurs et les écosystèmes.    Ce même modèle qui génère les crises actuelles, et qui ne parvient pas à « nourrir le monde » : en France, 10% de la population ne mange pas à sa faim, et un tiers de la population mondiale est en situation d’insécurité alimentaire.   La définition « à la française » de la #souverainetéalimentaire est à contre-sens des fondements même du concept, issu des mouvements paysans : démocratie alimentaire, solidarité internationale et transition agroécologique.   La souveraineté alimentaire des uns ne doit pas nuire à celle des autres, et ça, la France l’oublie un peu vite. Si le gouvernement admet volontiers que confier son alimentation à d’autres serait une folie, il promeut, en même temps, un modèle agricole tourné vers l’export. Il faudrait donc contrôler à la fois notre alimentation ET celle des autres.  C'est "stratégique" nous dit Emmanuel Macron.  Il faut être "compétitif" nous dit Marc Fesneau.  Il nous faut une agriculture "puissante" nous dit Bruno Le Maire. Mais regardons de + près : nos exportations, plutôt que de « nourrir le monde », concurrencent de façon déloyale les filières locales des pays tiers, et entravent leur souveraineté alimentaire. Nos exports de poudres de lait écrémé coûtent deux fois moins cher que le lait local sur les marchés ouest-africains, et nos exports de blé, subventionnés indirectement par la PAC, déstabilisent les filières céréales locales des pays du Sud. Et que dire de nos exports de pesticides interdits ? La France confond habillement souveraineté alimentaire et souverainisme, et devrait commencer par adresser ses propres contradictions : alors qu’elle voudrait nourrir le monde avec ses céréales, elle importe la moitié de sa consommation de pâtes et de semoule ! Et la moitié des ses fruits et légumes, aussi. Notre gouvernement s'inspire de la novlangue orwellienne : la guerre c'est la paix, la liberté c'est l'esclavage, la souveraineté alimentaire c'est la conquête des marchés extérieurs. On marche sur la tête 🙂 Nous allons continuer à nous battre pour que la France s'aligne sur la VRAIE définition de la souveraineté alimentaire, celle qui respecte les #paysans, les populations et leur donne une vraie place dans le débat sur la construction du modèle agricole et alimentaire. Cette définition a été actée par la Déclaration onusienne des droits des paysans, merci de la respecter.

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