Pourquoi je ne réponds plus aux candidatures / sollicitations qui concernent les logements en France ? 🏠 + 🌳 - Contexte : « Allo Nicolas, bonjour c’est Philippe du Groupe XX. On répond à une fiche de lot dans une ZAC super ambitieuse d’un point de vue biodiversité et écologie. Le paysage a une place centrale dans notre processus. On a vu vos références et on aimerait vous intégrer dans notre groupement ». Ok Philippe. - Ce qu'il faut lire entre les lignes : ° C’est un cœur d’îlot de 300m2 sur dalle de parking (très grosse ambition en effet), mais tu comprends il faut un potager, une toiture bio-solaire avec abris à hérissons en R+6 🦔 ; ° « vous intégrer dans notre groupement » = on a besoin de tes références pour présenter notre candidature mais en vrai on s’en balec du paysage parce qu’on a pas le budget et on va tirer les prix et les honos au plus bas ; ° Après le PC on te dégage mais pour le moment on ne te dit rien, parce que faire un PRO DCE sur la partie paysage, le VRD ou les Archis peuvent s’en charger ; ° Une fois mon devis d’envoyer il va revenir vers moi, tout étonné, en se demandant pourquoi je demande autant alors que c’est JUSTE un jardin et il proposera : « on peut faire tout le jardin en participatif ». Parce que c’est bien connu que le participatif c’est gratuit. - Alors non, tant qu’on continuera à faire des logements en priorité avec une calculette froide et stérile, plutôt qu’avec bienveillance pour les gens qui y vivront, je ne répondrai plus aux candidatures / sollicitations qui concernent des logements en France. - Contre-exemple : Le jardin Lebour à Montreuil livré en 2017. Promoteur : REI Habitat, Architectes : Archi5, Paysagiste : Nicolas Deshais-Fernandez sous-traitant de Coloco de l'ESQ au chantier. Victoire du Paysage 2020. Photographie de Sergio Grazia.
Merci pour ce partage. 🙏 On a tendance à ne pas visibiliser ce que produisent (hélas en partie) certaines pratiques professionnelles, et comment chaque corps de métiers doit composer avec cela. Cela est pourtant essentiel pour permettre à l'extérieur de mieux comprendre ce qui se joue et qu'il ne suffit pas d'un projet avec une forte dimension écologique, pour que tout aille pour le mieux dans le meilleur des mondes. C'est un point sur lequel on sensibilise dans notre atelier-jeu Zig Zan en invitant les joueurs à voir "de la place de l'autre". ça amène à certaines prises de consciences. Vous avez une posture particulière. Comment cela est vécu par vos pairs ? Est ce que vous avez constaté un changement avec des acteurs comme Philippe ? Des choses qui indiquerait des remises en questions ? 🙂
Au combien je te rejoins sur la conception à deux vitesses scindant souvent le bâti, des espaces non bâti pour autant tout aussi important dans le projet. Souvent les programmations et l’économie de projet amènent à ce résultat Nous en déplorons tous les jours les incidences. Tes références sont exceptionnelles et je suis le premier à regretter de ne pas avoir eu la possibilité de collaborer avec toi sur un projet commun. Espérons que le futur permette de prendre en compte les attendus globaux dans les appels d’offres pour permettre aux usagers destinés de profiter pleinement d’une conception réfléchie dans tous les domaines.
Et conséquemment tu proposes ton travail pour des projets dans quels pays ? Juste par curiosité pour savoir où est-ce qu’on est prêt à mettre le prix pour de la qualité et pour penser aux habitants.
Même constat Nicolas Deshais - Fernandez . J’ai vu pire , me faire dégager dès la phase esquisse par un promoteur après avoir ete lauréat du concours… gros enjeu environnemental mais rien à foutre du paysage … je passe les petits arrangement entre constructeurs et entreprises…
Même situation en Belgique et ici je ne trouve même pas de contre-exemple 😉
Et que dire de la biodiversité, un mot vide de sens pour la majorité des intervenants. Personne n'y connaît rien mais tous savent faire.
Voilà, entre autres, pourquoi j’ai décidé d’arrêter mon métier….
Je suis architecte et travaille en grande majorité dans le logement. Malgré tout, je déplore que le travail du paysage soit si peu valorisé. Personnellement, j'aime l'échange et la conception qui émerge d'une intelligence collective. Aujourd'hui, nous devons tous nous battre pour le respect de notre travail et de celui des autres, et même si c'est nécessaire, cela n'en demeure pas moins triste. Bonne continuation à vous !
paysagiste concepteur et urbaniste OPQU®
5 moisQuelques conseils : - les opérations dont le maître d'ouvrage s'engage dans la démarche Biodivercity oblige à ce que le paysagiste concepteur assure la totalité de la maîtrise d'oeuvre pour avoir sa labellisation. - avoir un contrat directement avec le promoteur (lorsque cest une opération privée) et non en sous-traitance d'architecte. - bien choisir ses partenaires de maîtrise d'oeuvre ! Ce genre de mésaventure ne concerne pas que les cœurs d'ilot mais potentiellement toutes les opérations architecturales (je l'ai vécu sur de nombreux programmes notamment des cours d'école !) où le paysage est souvent la variable d'ajustement d'un programme et d'un reglement de consultation mal ficelés avec un budget dédié aux espace extérieurs oublié et/ou miscible avec le budget batiment qui explosera forcement.. En l'absence de solidarité entre concepteurs face à l'adversité c'est le paysage (et le ou la paysagiste) qui saute en premier !