Crabes et mammouths
L'exploitation des infrastructures françaises (aéroports, autoroutes, rail et réseaux énergétiques notamment, l'eau ayant été considérée sous l'angle d'un droit humain et non d'une marchandise) est en cours de privatisation. Le cas des réseaux ferrés et électriques est particulièrement intéressant, car pour eux il ne s'agit pas d'une simple ouverture du capital ni d'une concession traditionnelle, mais du passage à une gouvernance contractuelle dont le modèle est imposé par l'Union européenne.
Ce modèle stipule que les rapports du gestionnaire d'infrastructure avec les exploitants privés soient régulés par une autorité indépendante (l'ART, Autorité de Régulation des Transports, ou encore la CRE, Commission de Régulation de l'Energie) qui fixe notamment les services attendus et les tarifs d'utilisation dus pour les exploitants. C'est ainsi que l'activité du transport de voyageurs s'est ouverte à des opérateurs ferroviaires italien et espagnol, et c'est également la raison pour laquelle toute personne physique ou morale peut choisir son fournisseur d'énergie. L'effet sur les prix pour le consommateur découlant de la concurrence est plus ou moins visible selon les secteurs.
Le contrat de service public existe toujours pour le rail et le réseau électrique de transmission, dont les gestionnaires sont les héritiers des anciens monopoles (SNCF Réseau, RTE). Les deux parties y déterminent l'avenir de l'infrastructure en fonction de paramètres politiques et économiques. Enedis, responsable de la distribution, est missionné par les communautés de communes dans le cadre de concessions.
Cette libéralisation ne va cependant pas sans heurts, car, bien évidemment, malgré l'activité intense déployée par les régulateurs, les différents acteurs ont des intérêts très divergents, y compris lorsqu'il s'agit de deux organismes publics. Par exemple, si le tarif d'utilisation des réseaux publics d'électricité (TURPE) est perçu par RTE et Enedis, SNCF Réseau, propriétaire des sous-stations bordant le réseau ferré, est désormais redevable du TURPE tout en continuant à assumer le terme bouclant (l'ensemble des pertes électriques du réseau entre les sous-stations et les points de captage des trains). Elle prête donc gratuitement ses sous-stations à RTE pour assurer sa mission d'alimentation, tandis que son partenaire obligé les exploite et les entretient.
Nourrir un mammouth, c'est coûteux, mais au moins la bête est-elle puissante et docile (les spécialistes en laine de mammouth sont appelés à juger concernant la tonte) ; arbitrer des crabes en paniers pas très étanches est peut-être plus économe, mais beaucoup moins reposant ...
Ingénieur électrochimiste et Docteur en Chimie macromoléculaire
4 sem.C'est vrai ... A chaque seconde ... une continuité parfaite ... et pourtant le nombre de commutations de lignes pour réguler la charge du courant sont sans interruption ... Il n'y a pas de perfection absolue et parfois des installations posent des soucis ... mais les progrès sont constants ... Bonne année à Rte en 2025.