Suite au succès de mon précédent essai "Il faut une alternative à la startup nation", voici la deuxième partie : "Pourquoi la Tech Française va droit dans le mur". La vision de la France en 2030, écrite avant la crise du COVID et la guerre en Ukraine, est obsolète. Je pense que si rien ne change, nous allons droit dans le mur. J’étaye évidemment mon point dans cet article, le deuxième de cette trilogie de l’été. Quelques citations de l’article : ▸ “En cas de retournement brutal du secteur, nous serions extrêmement fragilisés et exposés, bien plus qu’aux États-Unis où une grosse purge de 800 milliards de dollars de valeur de ces derniers jours n’a pas altéré les fondations du modèle tech." ▸ “Les Big Tech, sous pression des investisseurs d’augmenter leurs revenus, ont un moyen simple pour le faire : provoquer une inflation du prix de la tech en Europe." ▸ “Cette refondation numérique est d’autant plus nécessaire que dans le monde numérique, la France vit dans un hôtel. Elle ne possède rien et loue tout. Et cela plombe nos déficits." ▸ “Les investisseurs étrangers ont délaissé la France sauf pour l’IA, et un crash de plusieurs licornes de la French Tech semble désormais inévitable, sauf nouveau sauvetage de dernière minute du gouvernement." ▸ “Nous sommes confrontés à deux choix : profiter de cette période pour repenser notre infrastructure et construire quelque chose qui nous correspond, ou continuer à copier la Silicon Valley sans en avoir les moyens." ▸ “La France, qui a imaginé historiquement une vision originale de l’IA, se retrouve à copier et former ses ingénieurs pour les préparer à travailler pour les entreprises US. La vision américaine de l’IA est de traiter l’Europe comme une culture indigène." ▸ “La politique numérique de la France plaît beaucoup aux patrons des Big Tech car elle minimise les atouts de l’Europe : La culture ne vaut rien, elle est extractible gratuitement comme une matière fossile." ▸ “La richesse culturelle de la France est un soft power extraordinaire et un potentiel économique sous-exploité. Il est incompréhensible que nous acceptions de jeter en pâture tout ce qui fait notre richesse aux grands modèles de données américains." 👉 https://lnkd.in/efkCf85t
Tariq Krim les dépenses US pharaoniques en IA sont une bonne chose pour l'humanité. Celles de la France en "cérémonies" volatiles une moins bonne. (OK, une giga-catastrophe totale.) Le soft power n'existe que pour les pays qui ont un véritable hard power incontesté. Par miracle, grâce à de Gaulle (dissuasion nucléaire, 1960) nous, avons encore un hard power, mais en pratique, c'est un peu symbolique, Le virage numérique à été totalement raté depuis le Plan Calcul (de Gaulle aussi), une malfaisace persistente. Confirmé : nous allons droit dans le mur. Nous restons un très joli parc d'attractions.
Une autonomie dans le logiciel est possible mais restera toute relative, car on ne maîtrise toujours pas le silicium pour faire nos CPU, RAM, Flash. Pour ce qui n'est pas matériel , il faut faire avec les moyens qu'on a et pas ceux qu'on fantasme d'avoir, du pragmatisme et de ma frugalité seront nécessaires 🙏
260 000, c'est le nombre de structures pour l'ensemble de la filière (conseil, édition, services...). Plus de 88 % sont sans salariés et plus de 97 ont mois de 10 collaborateurs. Il y a 270 structures françaises ayant plus de 250 salariés et seulement 3, ont plus de 10 000 collaborateurs. On sait pertinemment que les petites structures sont moins résilientes que les plus grandes. Alors que l'essentiel de la filière d'un point de vue économique s'appuie sur les services. Si nous voulons une filière résiliente, il faut que la consommation d'un numérique local soit la norme. Que ce soit pour les individus, aussi bien pour les organisations (associations, collectivités, entreprises...). Car ce sont, outre l'économie de la filière, des emplois qui sont en jeux. Il faut absolument aider les P'tits Poucets du numérique à devenir grands. Leur acheter leurs produits et services, sait les soutenir pour qu'ils puissent grandir et exporter. Cela vaut aussi bien sûr pour les entreprises qualifiées de Startups, qui ne sont pas si nombreuses. Leur permettant ainsi de faire jeu égal avec les autres sur le volet RH. Pour cela, ceux qui décident doivent entendre ceux qui sont les mains d'dans au quotidien ! Autrement dit, descendre du nuage...
Bravo : L’autonomie stratégique a minima sur notre patrimoine informationel est possible : il va falloir faire preuve de courage politique ...Mais est ce dans la stratégie electorale ? Sortir de la maxime du pain et des jeux pour le bon peuple ...
Notre excellence réside dans notre créativité, notre interdisciplinarité et notre éthique. Investissons massivement dans le futur que nous voulons voir plutôt que de chasser celui, déjà révolu, que nous imposent les autres. Investissons dans les logiciels libres respectueux de la vie privée, la neutralité du net, le web ouvert et décentralisé, etc.
Bonne vision, bon papier. ça me rappelle la discussion d'hier. Tu as mis pas mal de citations sur ton post. J'en rajoute une que j'apprécie particulièrement : "Traire la vache à lait européenne n’est pas un bug mais une feature."
Que des évidences que nous ressasses depuis quelques décennies. Merci de les rassembler dans un livre. Il faut aussi faire comprendre que le numérique seconde génération peu et doit être européen. Cela dépend de notre volonté
Quelles mesures concrètes devraient être prises pour que la France et ses partenaires européens développent une infrastructure technologique indépendante et résiliente, en valorisant les atouts locaux et en se détachant des modèles existants ?
CSO, Cybersecurity and Digital transformation advisor
6 moisDe très bons constats bien formulés (quoique un peu trash), même si je suis moins aligné sur le discours apocalyptique notamment concernant la culture. La culture ça se partage et se diffuse, ça ne disparaît pas en étant "consommé" en tant que données. Si - par exemple - les algorithmes d'IA repompent nos modèles culturels pour leur apprentissage et bien soyons en ravis. (Mais ce n'est presque pas le cas, l'extrême majorité des données d'apprentissage - je n'ai plus le chiffre estimé - provient de sources de données US, donc avec les biais US). Un peu comme la diffusion des standards techniques internationaux, où les européens n'ont jamais bien brillé. On doit pouvoir trouver des modèles de "soft power" plus efficaces par la diffusion et non par le renfermement. Un navigateur européen open source respectueux de la vie privée, à mon avis ça ne va rien solutionner du tout (sauf nous couper encore plus des interopérabilités mondiales).