[Édito] C'est qui… le futur patron?
Des salariés dépités, des syndicats énervés et des maires agacés. Localement, le passage en location-gérance ou en franchise de magasins appartenant à des groupes intégrés ne laisse pas indifférent. Si la tendance n'est pas nouvelle, il faut reconnaître qu'elle s'accélère tant le modèle économique du commerce est mis à mal. Résultat, pour les enseignes qui veulent investir dans leur modernisation, c'est l'heure des choix. Chacun se recentrant sur les actifs les plus performants et s'interrogeant sur les magasins les moins rentables, mais aussi les moins stratégiques opérationnellement ou géographiquement. Avec une récurrente question : est-il envisageable de ne toucher à rien (ou presque) et de s'assurer un lent déclin faute de rénovation du point de vente ou, à l'inverse, est-il souhaitable de changer de propriétaire et donc de statut juridique avec cette part de risque et d'incertitude? Dans ce dernier cas, des salariés se retrouvent du jour au lendemain avec un nouveau patron ou patronne qui peut aussi bien réussir…qu'échouer.
La vraie question est de savoir ce qu'il vaut et quelles sont ses intentions. Est-il de passage ou là pour longtemps ? Un commerçant dans l'âme ou à la recherche d'une opération financière ? Ensachant que l'intérêt du groupe intégré qui passe la main est d'éviter d'éventuels contentieux et donc de choisir la bonne personne. Certes, à court terme, des avantages sociaux seront peut-être perdus. Ce qui n'est pas facile à accepter, surtout pour des équipes peu rémunérées. Et il est évident que l'objectif est souvent de vite baisser la masse salariale et de composer une autre équipe. Mais, à terme, des magasins seront peut-être sauvés.
Pour commencer, il convient de savoir si l'enseigne apporte une aide suffisante pour se lancer ou se transformer (sans aller trop loin pour éviter une requalification en lien de subordination). Si le magasin en question disposera ou non d'une organisation et d'une équipe au siège qui ont bien intégré ses attentes, ses besoins et ses ambitions de franchisé ou de gérant.
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La centrale est-elle au service des magasins, pour que le directeur ne soit pas un simple vassal de cette même centrale ? A-t-il assez de marge de manœuvre ? Ensuite, il faut comprendre que, finalement, un franchisé ou un gérant mandataire ou un locataire-gérant n'est ni plus ni moins un chef d'entreprise. Avec ses passions et ses excès, ce patron d'une PME veut relever le défi et prend des risques. En a-t-il les moyens financiers ? A-t-il de réelles capacités d'investissement ? Ces questions sont importantes.
Mais n'oublions pas que, dans le commerce, si la structure juridique compte, la qualité du patron prime. Il sait ou ne sait pas entraîner ses salariés dans un projet motivant. Avec ses qualités managériales, il écoute les demandes et inquiétudes, accompagne son personnel dans le changement et définit avec lui des objectifs clairs. Sans oublier de faire preuve d'empathie, de responsabiliser et d'oser la confiance. C'est pourquoi il convient de lui laisser du temps pour convaincre ses équipes... et ses clients.