Être et avoir
(c) Hillary Ungson-Unsplash

Être et avoir

Vous vous souvenez de ce documentaire de Nicolas Philibert (2002) ? Deux verbes synonymes de traumatismes pour certaines têtes (pas forcément) blondes. Ce titre m’est venu presque spontanément en tête lors d’échanges avec une amie, travaillant dans l’audiovisuel public, et un ancien-collègue biberonné au domaine social.

« Tu ne devrais pas supprimer ton post linkedIn, sur la manière dont ton contrat de travail s’est arrêté ? Un futur employeur pourrait trouver ta franchise dérangeante et ne pas t’embaucher sur ce ressenti » et « les précaires, intermittents, très nombreux qui sont sur des contrats flottants ont presque tous entendu -parfois écouté ces messages pseudo-paternalistes-« tu ne vas quand même pas te mettre en grève ? (ndlr implicite : Tu risques la non reconduction de ton contrat) ? Ne va pas manifester ton soutien à Guillaume Meurice, la direction pourrait en avoir écho ».

Être…aligné sur ses valeurs, être convaincu que défendre ce en quoi en croit…primerait donc sur avoir. Avoir un cdi, avoir…la sécurité de l’emploi ? Ce n’est pas si tranché.

Avoir le courage de ses opinions se heurte, de plus en plus à « avoir » du discernement quant au canal de partage. Réseau social amical, professionnel, déversoir sans filtre… Facebook, LinkedIn, X, Insta, Tiktok et cie ont bouleversé notre manière de réagir, d’interagir… de râler aussi !

Avoir envie de pointer un dysfonctionnement en espérant que cela ait une incidence, ou soit porteur de changement, c’est assurément être présomptueux (orgueilleux ?). Être dans la certitude qu’il faut défendre le service audiovisuel public, le droit à pratiquer l’humour et la satyre politique pour l’humoriste Guillaume Meurice, c’est peut-être « être » encore un peu Charlie. N’en déplaise aux dépositaires de la marque, ce droit ne peut être à géométrie variable. Il ne peut avoir valeur de « vecteur de pondération » dans une société qui se fissure, où le vivre ensemble est bousculé quotidiennement.

Être ou avoir ?

Avoir le regret de ne plus travailler avec des collègues formidables…avoir la crainte d’une maison de la Radio où l’on n’entendrait plus les voix discordantes, les trublions… les journalistes de l’école « luttes sociales », les défenseur.e.s de la poésie, de la littérature « francophone », des humoristes poils-à-gratter, m’emm… assurément. Être dans l’incertitude de l’avenir c’est pourtant, paradoxalement, avoir un champ de possibles plus vaste. Et c’est surtout avoir le temps pour défendre ce en quoi je crois.

 

Ps : pourquoi le choix de cette photo ?

Parce que les moteurs de recherches sont parfois surprenants : « team building » était ma requête. Et, finalement, hop, de la verdure... Herbier... Dans un premier temps, j 'y ai vu une gigantesque préparation pour des tartes aux herbes... et cuisiner dans la joie, partager autour d’une table, c’est quelque chose de récurrent dans mon parcours pro (Llacan, l’équipe, pci, envergure)

Samuel MATHIEU

Apprendre et évoluer

7 mois

Super le questionnement, ça fait écho à tous ce que j'ai vécu ces derniers mois.

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