10 défis pour la Polynésie française : l'environnement
Quatrième défi : l'environnement, protéger une ressource exceptionnelle.
Les Polynésiens vivent dans un environnement grandiose. Si leur mode de vie traditionnel leur permettait de concilier subsistance et préservation des ressources tant halieutiques, marines plus généralement, que végétales, le mode de vie apporté par les Européens puis les Américains, fondé sur une surconsommation de produits importés vient percuter violemment l'environnement. A titre d'exemple, très nombreux sont les lagons à receler des coraux morts ; il n'est qu'à faire quelques séances de vaa'a, cette pirogue traditionnelle à balancier, pour se rendre compte de la qualité de l'eau : dans cette étendue marine relativement fermée, ne bénéficiant pas autant que la mer libre d'un phénomène de chasse d'eau, les pollutions liquides stagnent et les déchets s'accumulent.
Il est donc nécessaire de passer la vitesse supérieure sur trois chantiers : l'éducation à l'environnement, le développement d'une véritable « filière déchets » et surtout la mise en place d'un corpus légal et réglementaire incitatif et répressif.
L'éducation à l'environnement. Des actions existent déjà : défis écologiques dans les écoles, campagnes dans les media ou actions concrètes de terrain des associations. Il faut les poursuivre et surtout les approfondir, afin qu'elles perdent ce statut de gadget et engagent la population, principalement les jeunes, à agir, non pas dans un cadre espace-temps ponctuel mais permanent. Il s'agit de sensibiliser tout un chacun sur la nécessité à se prendre en main pour protéger la santé, garantir le cadre de vie des générations futures et en faire un atout notamment pour attirer les visiteurs mais plus largement de développement économique et social. Des actions simples et concrètes peuvent être entreprises : limiter l'usage de produits jetables, trier vraiment ses déchets, faire du compost, économiser les ressources, ramasser ses déchets...
Le développement d'une filière déchets. Il est souvent aisé de botter en touche sur le sujet, en arguant de l'étroitesse des territoires et surtout de l'éloignement. Il s'agit avant tout d'acquérir un nouvel état d'esprit et faire de cet éloignement le point de départ d'un changement de paradigme : la lecture d'une carte du Pacifique permet en un clin d’œil de tirer la conclusion que la Polynésie française est vraiment au centre d'une vaste, très vaste étendue d'eau et que les distances entre les îles de la Polynésie se comptent en centaines de kilomètres et avec le reste du monde en milliers de kilomètres. C'est donc justement parce que l'on est loin qu'il faut développer les principes d'une économie circulaire pour diminuer cette dépendance à l'extérieur et cela passe notamment par le développement d'une filière de tri et de traitement des déchets et de recherche systématique de recyclage. Il est certes sympathique d'entendre à la radio ces campagnes sur la réutilisation du verre en matériau concassé pour le bâtiment et les travaux publics mais il est tellement dommage de le cantonner à cette utilisation alors que le verre est par excellence un matériau recyclable à l'infini !
Développement d'un corpus légal et réglementaire. Il est indispensable de développer des mesures incitant les changements de comportement et sanctionnant lourdement les contrevenants sur les rejets d'effluents, les dépôts d'ordures sauvages et le traitement des déchets. Il est ainsi vain de mener des combats retardateurs juridiques favorisant systématiquement l'export des déchets, alors que des moyens techniques éprouvés permettent d'en traiter une grande partie sur place.
En synthèse, ce défi de l'environnement doit être relevé car il est gage de préservation d'un écosystème époustouflant, de protection de l'avenir des enfants de la Polynésie et riche de nombreuses perspectives de développement économique direct ou indirect.