#16 - Méd!a : au Mexique, informer tue
Minatitlàn, Veracruz, 25 janvier 2022. Photographie de journaliste participant à la mobilisation.

#16 - Méd!a : au Mexique, informer tue

En bref dans l’actu média de la semaine : le Mexique s’indigne des assassinats de journalistes, Erdogan resserre son contrôle sur les médias et institutions turcs, Matthieu Pigasse cède des parts supplémentaires du Monde à Xavier Niel, le rebond d’audience de Salto qui se fait attendre, une vague de départs chez Prisma Media et des médias indépendants qui font rimer popularité avec précarité

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¡ Justicia ! : indignation et mobilisation après l’assassinat de la journaliste Lourdes Maldonado

Le 25 janvier, une mobilisation a eu lieu dans une quarantaine de villes du Mexique, pour protester contre les assassinats de journalistes après une série de quatre meurtres depuis le début de l'année 2022 dans ce pays, le plus meurtrier au monde pour la profession. Le 23 janvier, la journaliste Lourdes Maldonado a été tuée d’une balle dans la tête à Tijuana. Se sachant menacée, la journaliste avait appelé à l’aide le président de centre gauche Andrés Manuel López Obrador, qui avait promis de « protéger la liberté d’expression », rappelle Le Monde. « Sans une réelle volonté politique les journalistes menacés resteront pris en étau entre le silence et la mort », a déclaré Temoris Grecko, journaliste mexicain auteur du livre No se mata la verdad (« On ne tue pas la vérité »).

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Xavier Niel rachète le gros des parts de Matthieu Pigasse dans le groupe Le Monde

Quarante-neuf pourcents, c’est maintenant le nombre de parts que détient Xavier Niel, fondateur de Free, dans la structure Le Nouveau Monde (LNM). Selon Libération, il aurait acquis la majorité des parts de Matthieu Pigasse qui ne détiendrait plus que 2 % de LNM. Pigasse en reste toutefois « l’unique associé et gérant commandité », n’entraînant aucun changement de contrôle. Pour rappel, la société LNM est l’un des trois actionnaires d’une autre société Le Monde libre (LML), elle-même actionnaire de référence du groupe Le Monde.

Salto arrière : la SVOD française à la traîne

Alors que Delphine Ernotte, présidente de France Télévision, se vantait de 700 000 abonnés à Salto, Capital.fr dévoile les vrais chiffres du fiasco : à peine 500 000, soit la moitié des objectifs. Le service de SVOD français, créé par TF1, M6 et France Télévision, n’a pas su décoller. Il reste à la peine face aux mastodontes américains Netflix, Amazon Prime et Disney +. Accusant un déficit de 130 millions d’euros sur l’année 2021, Salto cumule les handicaps dont le plus important : son contenu est en partie disponible gratuitement sur les services à la demande des chaînes. 

Erdogan augmente la pression sur les médias

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a décrété « l’état d’urgence des médias » samedi 22 janvier. Le Point rapporte que ces mesures ont déjà conduit à l’arrestation de plusieurs journalistes et au limogeage de responsables politiques. Erdogan a déclaré vouloir ainsi « protéger les familles, les enfants et la jeunesse contre les contenus nocifs des médias ». Cette politique autoritaire intervient dans un contexte de forte inflation en Turquie, une épine dans le pied du chef d'État à dix-huit mois des prochaines élections.

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Prisma : 60 départs de journalistes après le rachat par Vivendi

L'AFP relate que 61 journalistes, parmi lesquels 21 pigistes, ont quitté le groupe Prisma Media qui regroupe les titres Femme Actuelle, National Geographic, Voici, Cuisine Actuelle, Capital, Ça m’intéresse, Télé Loisirs, Télé 2 Semaines et Géo, entre autres. Emmanuel Vire, secrétaire général du syndicat SNJ-CGT et journaliste à Géo estime qu'il pourrait y avoir 140 départs dans le groupe sur le long terme. Un phénomène qui s'expliquerait par la peur d'une « ‘zemmourisation’, d’une droitisation » mais aussi par la crainte « d’une dégradation des conditions de travail ».

Les médias indépendants conjuguent popularité et précarité

Levée de fonds, appel aux dons, développement des abonnements, nouveaux actionnaires… Les médias indépendants, souvent de gauche, multiplient les initiatives pour garder la tête hors de l’eau. Le Monde s’intéresse à un état de fait un peu paradoxal : ces médias sont aussi précaires que populaires. En témoigne le montant des dons récoltés. « Ces succès sont le signe que les gens veulent des médias indépendants qui contribuent au débat public », se réjouit Agnès Rousseaux, coordinatrice de Basta ! et directrice de Politis.


Lettre d'information Méd!a rédigée et éditée par Marius Caillol, Céline Dupuis et Laure Étienne

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