Expériences du départ: la valse des symptômes (vendredi 20 mars 2020- vendredi 20 mars 2020-J4)

1- Carnet d'observation: vendredi 20 mars 2020, J4

Après deux semaines d’activités professionnelles passionnantes et inspirantes en Grand Est à détecter les jeunes et à animer des ateliers, mardi après-midi, j’ai décidé de prendre rdv en visio avec mon médecin qui au bout de 25 minutes ne pouvait pas affirmer l’absence de Covid19, mais juste affirmer la très forte suspicion des symptômes, valant diagnostic. Pas de test (les cas graves envoyés à l'hôpital sont seulement testés), 10 jours de congés-maladie (il a déclaré que les symptômes avaient commencé dimanche: 15 jours prévus de quarantaine) 

Avant ce diagnostic, la semaine d’avant, j’étais fatigué de mes déplacements et je n’arrivais pas le reprendre l'énergie utile, je pleurais des yeux (conjonctive des yeux) je me disais, oh c’est les jurys, ça demande de l'énergie...Lundi, mardi après midi, je n'en pouvais plus lors des jurys transformés en visio, je toussais et je manquais d’air...j’ai pris rdv pour 20H. Et la valse des symptômes à commencé… En route pour l’engagement dans l’expérience, j’ai alors ouvert un Carnet de Croisière Conarvirus pour être le témoin de cette nouvelle compagnie et de mon expérience corporelle. 

Voici une liste des symptômes éprouvés qui sont apparus au fur à mesure, à des degrés divers et ce souvent manière exponentielle :toux, essoufflement (manque d’air, souffle court difficulté de respirer jusqu’au bout), oppression plus ou moins forte au niveau des poumons, céphalées (maux de tête, effet gueule de bois, comme un casque lourd), bouche sèche, fatigue (je dors mais pas l'impression de m'être ressourcé au réveil), conjonctivite des yeux, courbatures (dos, cuisses jambes lourdes, douleurs musculaires et articulaires), front chaud mais pas de températures...Hier, c’était l'accalmie, mais c’est reparti un peu ce matin, moins bien qu’hier, mais hier c’était mieux que mardi et mercredi….

2- Journal de bord

Cette valse inconnue des symptômes qui apparaissent et disparaissent, c’est angoissant. Positif, j’éprouve ces sensations et j’essaye de ne pas penser à demain et à ne pas être perturbé par la minimisation et l’aggravation de son bavardage mental et de celui des autres (en plus des chaînes infos lol). C'est plus ou moins facile car j’ai déjà eu l’occasion d’expérimenter la nécessité de résilience. Affirmer sa maturité, son autonomie, sa responsabilité, sa dignité et sa liberté, c’est fondamental, j’ai les clefs et les ressources de mon expérience passée et présente. Faites confiance à l'homme: à sa capacité de gestion autonome, à son potentiel de développement et à sa liberté d'auto-détermination. Ca n’empêche pas de veiller à l’acquisition des compétences de sécurité (température, incapacité à respirer..).

J’en parlerai plus tard, mais je tenais déjà à remercier mes proches, mes amis, mes collègues actuels et jeunes de l'Institut de l'Engagement, mes anciens collègues de l'Université de Lorraine, mon entourage proche et lointain, les réels des réseaux sociaux (...): toute cette communauté humaine forte de soutien . Merci, quelle force, c’est mieux que de l’EPO pour booster vos défenses… Pour rester dans l'équilibre, un seul gouvernail: ne pas penser à demain, rester le témoin de ce qui se passe à l'Instant Présent dans l'expérience du corps, faire confiance à son expérience (du corps, de ses émotions, de son esprit) , laisser-advenir, toujours apprendre, résiste (dirait France Gall) en laissant advenir le kairos (à l’image du Wuwei, concept taoïste). Acteur dans le présent de l’incertitude, je m’engage à observer et agir en racontant comme patient acteur militant et expert, expert de mon expérience comme sujet (et non objet). Je vis maintenant, demain ça sera demain...Oui inconditionnel à la vie, au présent ( Amor fati de Marc Aurele, l'amour du destin)

Ne prenez pas ça à la légère, urgent! Serrons nous les coudes, soyons respectueux, prévenant et bienveillant. Agissez, engagez-vous pour vous et les autres (les soignants, vos proches…).

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(Mes propos et réflexions sont personnels, merci à mon père instituteur et aux expériences de vie pour ces clefs pédagogiques et humaines éprouvées)

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