2017 : It’s time to break rules !
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2017 : It’s time to break rules !

De l’autorité « sur» à l’autorité « pour réussir, ensemble et autrement »,

Managers ! Du comptable des résultats au leader charismatique.

L’étymologie du mot « autorité » nous revoie au latin «autoritas », qui désigne la capacité à faire grandir. Le concept s’est élargi au pouvoir d’obliger les autres et d’être par eux obéi, ce qui réclame une certaine légitimité. Il y eut de tout temps quatre manières de gravir les échelons totémistes de l’entreprise : bénéficier de l’appui népotique d’un proche, devenir un « poil à gratter » grâce à une information susceptible de dégommer un ponte, suivre le parcours du combattant pour mériter ses écussons de bedeau ou démontrer une inclination forte, sincère et courageuse à rendre ses collaborateurs heureux, compétents et productifs. Motiver, c’est le caillou dans la chaussure du manager. Le chef profitait hier de son image auréolée d’érudition pour inféoder son personnel, souvent moins instruit. Tout se réglait au son des cloches. Avec le niveau de connaissances aujourd’hui répandu sur la planète, il va falloir remplacer les pantalonnades du chefaillon par des comportements collaboratifs. Le monde évolue !

Qu’est-ce qu’un chef naturel ? Peut-on vivre sans chef ? A quoi sert un chef ? Ce n’est pas à la soirée du capitaine qu’on reconnaît le commandant du navire, mais quand il faut garder le cap dans la tempête. Qui mérite vraiment les attributs de la gouvernance ? Au fait, l’homme est-il indispensable ? Situons-nous dans l’univers sur l’échelle du temps. La planète a vécu plus de 12 milliards d’années sans nous !

Après le « Big Bang », il fallut 4 milliards d’années pour refroidir la terre et l’auréoler d’une fine couche d’ozone à 11 000 mètres d’altitude, ce qui la rendu viable. Il y eut ensuite pendant 180 millions d’années 800 espèces de dinosaures, maîtres absolus de tous les territoires. Après ce règne sans partage et faute de s’être adapté à de soudaines mutations, ils ont tous disparus. Il fallut attendre longtemps, très longtemps, le pliocène, peut-être même le miocène, voici quatre cents mille ans à peine, pour qu’un mammifère simiesque se dresse sur les pattes arrière et scrute l’horizon par dessus l’herbe haute de la savane. Il voulait cueillir des fruits, jusqu’alors inaccessibles. Pour recouvrer ses équilibres dans la position verticale, la nature lui offrit une protubérance frontale et le néocortex y développa les appareils du langage. La consommation des agrumes lui creusa le larynx et il battit le perroquet dans l’art d’aligner les syllabes. Cette strate ultime du cortex cérébelleux lui permit de relier les signifiés qu’il captait par les sens, à des phonèmes symboliques, qu’il prononçait. Séduit par les jolis mots de son discours, il se décréta « intelligent ! » et s’inventa toutes sortes de divinités à son effigie, pour légitimer son illusion de pouvoir. « In principio verbum erat », dit la genèse de Saint-Jean, traduite par Saint-Jérôme.

En collant une étiquette sur chaque émotion, « Homo Ergaster », devenu sur ces entrefaites « Habilis », fit de son paradis un enfer. Sa conscience lui infligea la peur de mourir et il bâtit des temples et des mausolées, demeures pour toujours. Pour légitimer ses ardeurs et sa violence passionnelles, fossiles de son animalité, ses pensées interlopes accueillirent sept démons : l’orgueil, la luxure, la gourmandise, la colère, l’avarice, la paresse et la jalousie. Indéniables perturbateurs endocriniens, ces diables n’eurent de cesse que d’aiguillonner « l’homo (à peine) sapiens, » pour lui donner le gout d’être Vizir à la place du Vizir. Il y a moins de 200 000 ans, une première famille de ces « grands singes qui parlent » quitta son berceau en Afrique centrale et remonta le Nil pour échapper aux maladies tropicales. Ils seront bientôt dix milliards de cette souche unique à revendiquer des identités absurdes, parce qu’ils veulent ignorer qu’ils furent eucaryotes et procaryotes avant d’être les enfants d’Adam et Eve. La seule grande différence entre l’homme et l’animal est un « ego » démesuré », à l’origine d’une addiction frénétique au pouvoir, à une ambition illimitée, à un incontrôlable appétit sexuel, aux ridicules prétentions, qui, aujourd’hui encore, empêche de rassembler ce qui est épars. Dommage ! On en ferait tellement plus et mieux ensemble.

Difficile aujourd’hui de dominer les autres au titre d’une prétendue supériorité intellectuelle. Le WEB rabote les aspérités culturelles avec une information immédiate et exhaustive. Depuis le vingt et unième siècle, le développement des systèmes d’information a révolutionné les flux de connaissances. La manutention s’est robotisée et la gestion a été digitalisée. Ces nouvelles donnes font éclore des expertises nouvelles, plus sophistiquées. La parcellisation du travail de la première génération industrielle a jeté les ponts de la modernité, certes, mais de nouveaux modèles s’imposent. La complexification des technologies disperse la production aux quatre coins du monde. L’un tient la cuiller, l’autre la fourchette. Les centres de profit jettent leurs filets par dessus les frontières. Nous pénétrons l’ère de la mondialisation où la confiance et le partage du savoir font l’apanage des plus grands succès. L’auto-management international réduit les besoins d’autorités locales. Le nouveau monde s’enfonce dans le brouillard comme un train fou, sans en détenir les clés sociologiques. Prigogine a démontré que tout chaos génère un ordre nouveau. La hiérarchie patriarcale, les contrôles infantilisants, la législation lénifiante et le prestige des roitelets prétentieux, vissés sur leurs trônes comme le polypore sur le bouleau, n’ont plus leur place dans le paysage économique qui s’impose.

Eh bien vous n’allez pas me croire ! On trouve encore de nos jours des organigrammes décatis comme ces vieux meubles poussiéreux, bourrés d’archétypes, dont on peut jeter quelques tiroirs sans que rien ne change. Ces structures superfétatoires alourdissent les organisations. Pour demeurer manœuvrable, le bateau qui va dans le sens du courant doit aller plus vite que l’eau. Si les turbulences des marchés dépassent la vitesse d’adaptation d’une entreprise, ses incompétences se voient. Quand la marée descend trop vite, on repère ceux qui nageaient sans maillot. Les opportunistes qui grimpaient au mât de cocagne chaque fois que la chance tournait ne peuvent plus cacher les trous qu’ils ont à la culotte.

C’est comme ce pauvre cormoran dans la mouise de nos pollutions, les ailes chargées d’hydrocarbures dans l’eau salie. Les structures lourdes peinent à décoller. Il faut séparer l’ivraie du bon grain pour que poussent les nobles céréales. Le « brown paper » est un outil d’analyse libérateur, qui libère des armées de leucocytes pour bouter les parasites dehors. D’impitoyables « Ghost Hunters », mettent en lumière les dépenses inutiles, doublons, emplois de courtoisie et autres handicaps. M. Henri Savall, Professeur d’université et Conseiller en gestion financière, a trouvé dans les industries françaises, des dépenses non justifiables, à hauteur de 50 à 220% de la masse salariale. Les tiques suspendues aux branches de l’arbre guettent encore le passage des bovins pour leur tomber sur le poil et se gaver de leurs globules rouges. Le calcul des temps de travail comparé à la productivité réduit à sa portion congrue ces « shadow factories ».

In illo tempore, Fréderic Taylor prétendit qu’à salaire égal, la performance s’alignait sur la plus mauvaise, justifiant ainsi l’organisation scientifique du travail. Ce modèle de valorisation des ressources participa à la déresponsabilisation des travailleurs, attelés à leurs tâches comme des bêtes de somme avec des œillères. Ils lançaient les boules sans jamais voir tomber les quilles. Dans certaines structures autorégulées par leurs grandes tailles, on a créé des postes, des services et des départements pour des amis sûrs, au lieu de penser l’employabilité selon les besoins du marché. Les nouveaux tableaux de bord sont impartiaux, plus question de voler au secours de la victoire des autres, chacun se valorisera de ses propres œuvres. Le digital n’attend ni l’évolution culturelle ni les navettes parlementaires pour s’imposer. Il bouleverse les paradigmes. L’entreprise moderne est foyer d’intelligence et un incubateur de talents, pas une maison de retraite.

Machiavel a dit que celui qui détenait l’information détenait le pouvoir. Avec la démocratisation de la connaissance, les écarts s’estompent. Il devient difficile de justifier des rémunérations pharaoniques au regard des gens qui produisent les dividendes. Après les grands sauriens, ce sont probablement les « sleeping partners » trop chers qui vont sortir des rangs. Pour pérenniser les activités dans un environnement concurrentiel mondial, l’urgent est d’améliorer la productivité de chaque poste, à commencer par les plus coûteux. Les leviers de l’évolution privilégient l’intelligence collaborative et le partage des compétences pour franchir les points de bascule des sociétés. Elles ont besoin de leaders charismatiques, capables de donner envie à tous les collaborateurs. Les focus groupes de Kurt Lewin anticipent les aspects sociaux du changement et jette une lumière crue sur les profils en phase avec la démarche instrumentale du changement. Méfiez-vous des cadres qui transforment les pique-niques en conciles. Faites goûter le miel plutôt que d’en expliquer les saveurs. Le nouveau chef montre l’exemple et consacre la plus grande partie de son temps à insuffler les bonnes pratiques par capillarité émotionnelle.

Une étude dénonce les 5 manières de diriger qui nuisent à la bonne marche des projets.

  • Le manager machiavélique : Toujours prompts à corriger la voilure dès que le vent tourne, ce manager opportuniste est animé par la crainte de décevoir ses maîtres.
  • Le manager invulnérable : Il se démarque par une confiance exacerbée dans sa propre expérience et lutte sans ménagement contre toutes formes de changement exogènes.
  • Le manager résigné : Désillusionné par ses échecs, il ne rêve plus. Il revêt son discours des oripeaux de la défaite et témoigne de bien peu d’enthousiasme.
  • Le manager narcissique : En guerre ouverte contre toutes les idées qui n’émanent pas de lui, c’est un égocentrique accompli.
  • Le manager impulsif : Le rythme de sa production d’idées révolutionnaires donne le vertige, à moins qu’elle ne soit compensée par la fluctuation de ses changements d’humeur.

Le véritable leader est avant tout un premier de cordée, courageux, entier et loyal, pour qui la motivation des hommes constitue la seule vraie priorité. Il pilote les activités avec la tête, le cœur et les tripes.

« Heureux et satisfait, un laboureur travaillait aux champs, dans la bonne humeur. Sa terre fut conquise par un investisseur qui lui suggéra un manager pour organiser son activité. Ce dernier supporta mal de ne dominer qu’un seul homme et recruta un chef comptable pour rendre compte de la solvabilité de la production. Il fallut enregistrer les entrées et sorties du travailleur et un expert eut en charge la mise en place d’un système de compte rendu. Débordé par le traitement de la documentation, l’actionnaire instaura des comités dévolus à l’organisation du travail des organisateurs. Se rendant compte du déficit progressif des rendements, un consultant fit remarquer que la charge salariale était devenue supérieure aux bénéfices. L’homme qui passait ses journées à travailler aux champs fut congédié. »

Professionnellement vôtre.

Armand Mabille – Coach et Formateur


Carine Thielemans

Management Assistant at BNP Paribas Fortis

8 ans

À méditer 😀

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