2040 : SURPOPULATION DE NOS SENIORS ; VERS UNE NOUVELLE CRISE SANITAIRE ?
En pleine pandémie associée au coronavirus COVID-19, nous espérons tous sortir de cette crise rapidement. Mais le bilan risque d’être (très) lourd, sur le plan économique, politique mais surtout sanitaire et humain avec une grande inquiétude pour nos séniors qui seront les plus touchés. Cette crise montre à l’évidence que nous sommes coincés entre un temps court et un temps long. Le temps court est celui de l’urgence. Nous sommes inondés par un flux d’information continu, lui-même alimenté par des décisions en cascade parfois mal comprises des acteurs politiques, économiques après avis des experts, médecins et institutions de la santé. Le temps long est celui de la réflexion ou de l’absence de réflexion qui a placé notre pays devant des manques dont nous mesurons tous aujourd’hui les conséquences. Qu’a-t-on manqué pour en arriver là ? S’il est sans doute encore un peu tôt pour répondre à cette question, on peut d’ores et déjà tirer des enseignements sur un sujet tout aussi inquiétant, celui qui concerne nos séniors les plus fragiles à horizon 2040.
Perdu à la recherche du temps…
Pris en otage par le temps ? Victimes du temps court ? Ne nous imposons-nous pas un rythme effréné qui nous fait finalement perdre le contrôle au risque d’en perdre nos vies ? Sans doute est-il qu’un certain nombre de nos erreurs arrivent parce qu’on n’a pas pris suffisamment le temps ; le temps d’analyser, le temps de réfléchir, le temps de se renseigner, le temps de comprendre, le temps de se documenter, le temps d’associer, le temps d’anticiper ! Cependant, pour l’essentiel, il n’est plus temps d’attendre.
« A force de sacrifier l’essentiel pour l’urgence, on finit par oublier l’urgence de l’essentiel » Edgar Morin.
Alors, que va nous apprendre cette crise et qu’allons-nous faire ensuite ? Au-delà d’un nouvel équilibre qu’il nous faudra réinventer collectivement avec plus de solidarités, de bienveillance et de soin de l’autre, il est encore temps de tirer le signal d’alarme sur une autre crise sanitaire majeure qui nous attendra demain si nous n’agissons pas aujourd’hui.
Cette crise émanera notamment de l'arrivée aux âges élevés des baby-boomers, associée à l’allongement de l’espérance de vie. Les rangs statistiques du vieillissement de la population vont considérablement grossir.
Pendant que la population française augmentera de 7,7% d’ici 2040 les plus de 65 ans augmenteront certes de 45%. Mais les plus de 80 ans de 72% et les centenaires de 314%... (source : les études de Matières grises - https://www.ehpa.fr/matieres-grises/)
En 2040, il devrait y avoir 10,6 millions de personnes de 75 ans et plus contre 6,1 millions aujourd’hui. Une partie d’entre elles seront dépendantes et auront besoin d’une prise en charge spécifique. Aujourd’hui, il y a 1,4 million de personnes dépendantes, un chiffre qui augmentera de 70% de plus en 40 ans.
D’après le rapport Libault, le nombre de personnes âgées dépendantes (Allocation personnalisée d’autonomie) augmenterait de 20 000 par an jusqu’en 2030 puis de 40 000 par an jusqu’en 2040 du fait de l’arrivée à un âge avancé des premières générations du baby-boom.
… vers un temps d’avance
Alors une fois ce court et rapide constat posé d’un vieillissement de la population inéluctable, posons-nous cette question essentielle : où logerons-nous nos aîné.es, vous, nous, nos parents, nos grands-parents, nos amis vieillissants, ces gens admirables : les caissier.ères, éboueurs, soignant.es, livreurs, chauffeurs... Tous ces gens -pour un grand nombre aux faibles ressources- qui démontrent encore davantage durant cette période confinée à quel point ils sont essentiels.
Où logerons-nous les plus âgé.es en perte d’autonomie en particulier à faibles ressources si tout de suite nous ne pensons pas le temps long ? Si dès à présent nous ne commençons pas à construire, réhabiliter, restructurer, rénover les résidences et établissements médico-sociaux pour accueillir nos séniors avec respect et souci de la qualité.
Cette crise-là, si elle se pense aussi maintenant c’est pour l’éviter demain et après-demain. Cette crise-là, nous sommes tous et toutes concernés ; et pour cette crise-là réhabiliter ou construire ne se fait pas en 6 semaines avec des tests ou une semaine avec des usines de production. Non !
Néanmoins, nous pouvons encore faire en sorte que cette nouvelle crise sanitaire n’intervienne pas ; mais sans une réelle prise de conscience collective aujourd’hui, cette crise-là sera, elle, insurmontable demain !
Prenez-soin de vous et de vos proches !
AURELIA LEROUX
Logement social
4 ansUne question essentielle. Les chiffres sont là pour rappeler l'urgence à agir. Le mouvement HLM, au service de l'intérêt général, peut et doit contribuer à apporter une partie des réponses. Pour loger dignement et à coût abordable.