3 MESURES FORTES POUR FORMALISER L’ECONOMIE CONGOLAISE.

3 MESURES FORTES POUR FORMALISER L’ECONOMIE CONGOLAISE.

En République démocratique du Congo (RDC), le secteur informel représenterait plus de 80 % de l’économie. Cette situation est globalement néfaste pour les raisons suivantes :

  • Faible réglementation et contrôle : Dans l'économie informelle, il y a un manque de réglementation et de contrôle, ce qui peut favoriser des pratiques abusives, une mauvaise qualité des produits et services, et des conditions de travail précaires ;
  • Concurrence déloyale : Les entreprises informelles qui ne paient pas d'impôts et de charges sociales ont un avantage concurrentiel déloyal par rapport aux entreprises formelles, ce qui peut nuire au développement du secteur formel ;
  • Absence de protection sociale : Les travailleurs de l'économie informelle n'ont généralement pas accès à la sécurité sociale, aux assurances maladie, aux retraites, etc. Cela les rend vulnérables en cas de maladie, d'accident ou de vieillesse.
  • Difficultés statistiques : L'importance de l'économie informelle rend difficile la collecte de données fiables sur l'activité économique, ce qui complique la prise de décisions politiques éclairées ;
  • Favorise la corruption et l'instabilité : L'économie informelle peut être liée à des activités illégales, à la corruption et à l'évasion fiscale, ce qui nuit à la bonne gouvernance et à la stabilité économique du pays.

Pour y faire face, la RDC a prise plusieurs mesures, notamment :

  • la création Guichet unique des entreprises qui centralise toutes les formalités de création d’une entreprise dans un seul endroit ;
  • la diminution du coût d’enregistrement d’entreprise qui est à 30 USD pour les établissements ;
  • la simplification documentaire dans le processus d’enregistrement de l’entreprise.

Cependant, malgré ses mesures, nous ne connaissons pas une baisse significative du secteur informel dans l’économie congolaise. Afin de comprendre pourquoi les entrepreneurs congolais préfèrent demeurer dans le secteur informel, je me suis entretenu avec quelques-uns d’entre eux qui situerait plutôt dans la catégorie dite « établissement ». Il s’agit d’un coiffeur, d’une couturière et d’un cordonnier.

La première remarque dont ils m’ont fait part est la procédure d’enregistrement de l’entreprise et encore moins le Guichet Unique des Entreprises qui ne sont pas connu du grand public et paraissent, de surcroit, peu accessible.

La deuxième remarque est le coût. A première vue, le montant de 30 USD parait modique mais dans un pays où environ 75 % de la population vivent avec moins de 2,15 dollars par jour, ce montant est quelques peu prohibitif.

La troisième raison est la tracasserie découlant des charges fiscales. En effet, comme le disait, Mado, la vendeuse de vêtement, « si je formalise mon activité, je vais voir débarqué tous les services de contrôle de l’Etat qui vont m’exiger de payer des taxes, des redevances et des impôts dont le poids financier sur mes charges d'exploitation me plongera inévitablement à la ruine ».

En analysant ses différentes raisons, je recommande les mesures ci-dessous pour y faire face.

  1. La possibilité d’un enregistrement en ligne des entreprises via une application mobile ou un site internet.
  2. La gratuité de l’enregistrement des entreprises de catégorie « Etablissement ».
  3. Une exemption fiscale pour les deux premières années suivant la date de création d’entreprise de catégorie « Etablissement ».

Enregistrement en ligne : Au regard de l’immensité du territoire, du nombre élevé des potentiels entrepreneurs susceptibles de vouloir se formaliser et compte tenu que 50% des congolais possèdent un smartphone, l’enregistrement en ligne permettra d’atteindre un plus grand nombre d'entrepreneur en lieu et place d’un bureau au centre-ville. Le Guichet Unique des Entreprises doit être accessible en un click partout où se trouve l'entrepreneur.

Gratuité de l’enregistrement des entreprises : Il faut prendre conscience que lorsque l’on admet que 75% des congolais vivent effectivement avec moins de 2$/jour, il est important de saisir que, dans ce lot, il existe aussi des entrepreneurs qui vivent avec moins de 2$/jour.  Les coiffeurs à 3000 CDF la coupe à Bandal, la vendeuse de vêtement d’occasion à 5000 CDF le pantalon au croisement Huilerie-Itaga, le Cordonnier au coin de la rue, ce sont là des entrepreneurs pauvres qui ne peuvent pas se permettre de payer 30$ (+ $$ suivi, encouragement) pour enregistrer une entreprise.

Exemption fiscale : Il est important de saisir ce que j’appelle « le temps de la naissance ». En effet, nous devons comprendre qu’une entreprise comme un salon de coiffure ou une maison de couture n’est pas en mesure d’être un contributeur fiscal dés sa création car il y a le temps de l’amortissement de l’investissement initial. Il s’agit là de la mesure la plus forte car elle permet à l’entrepreneur d’entreprendre en toute quiétude, c’est-à-dire de se concentrer non seulement à la création d'une clientèle, donc d'une trésorerie stable, mais surtout d'amortir investissement en lieu et place de consacrer son temps à se justifier, contrôle fiscal après contrôle fiscal de tel et tel service.

En conclusion, je tiens tout simplement à rappeler que l’une des actions prévues dans le programme du gouvernement actuel est l’élaboration d’une stratégie visant à encourager le passage de l'économie informelle à l'économie formelle en simplifiant les processus de reconnaissance légale. Ainsi, j’ose espérer que l’autorité en charge de l’application de cette mesure tiendra compte de mes propositions ainsi que ceux des autres intellectuelles concernant cette problématique.

ENGUNDA IKALA  

Philippe Mochamps

Marketing digital, cybersécurité & développement socio-économique du Congo-Kinshasa (de l'agriculture au digital, en passant par la promotion des langues congolaises)...sous conditions !

5 mois

le Guichet Unique ????????????? heu..il existe "sur le papier"...dans les faits...accessoirement, le temps qu'il a existé, c'était grâce aux Britanniques !!! Et concernant ses antennes locales..2 à kin, 1 à L'shi... pffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffff

Olivier Lundey

Chef projet "Forêts d'avenir" chez Geo First Development dans la province du Maniema

5 mois

Le vrai responsable et qui peut prendre des mesures clés y l’état congolais, demandez ces gens ,pourquoi évoluent dans l’informel , ils vous diront , les taxes …

Merci d’avoir partagé

Renato NSUMBU

Executive MBA | DORA | Network | SDWAN | Cyber Security | Modern Workspace | IT Infrastructure Merger & Acquisition | Carve-In | Carve-Out | Fusion & Acquisition | M&A | Trainer | Digital Evangelist | Associate Professor

5 mois

Le vrai responsable de cette situation est avant tout l’état ! Quand les gens ont l’impression qu’on paie pour enrichir les politiciens, cela complique l’envie de payer des impôts et des taxes ! Mais surtout, quand on n’a l’impression que même en payant, rien ne change, c’est encore pire ! L’état doit d’abord établir la confiance et que payer l’impôt ou les taxes et sortir de l’informel ne soit pas comme une punition !

Betao Ngoma Mushinda

Enseignant-Chercheur à l’Université de Kinshasa at Université de Kinshasa

5 mois

Il y a de préalables. La RDC ne dispose pas d'un système financier inclusif et totalement connecté. L'Etat peut commencer par ça.

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