3 questions à … Grégoire Harel

Audiens, partenaire des professionnels des secteurs de la Culture, de la Communication et des Médias est en relation permanente avec les dispositifs innovants qui accompagnent les professionnels de ces secteurs. L’occasion pour le Réseau Culture & Innovation de partager les missions de ces dispositifs.

« 3 questions à… » Grégoire Harel, fondateur de proarti 

Qui êtes-vous ? Je suis le fondateur et directeur bénévole de proarti, une plateforme de financement et de mécénat participatif entièrement dédiée à la création artistique créée en 2013.

proarti est devenu aujourd’hui l’un des acteurs structurant du financement participatif culturel, notamment dans le domaine du spectacle vivant. Très récemment, proarti s’est agrandi en reprenant l’activité de touscoprod, la plateforme historique du crowdfunding pour l’audiovisuel. « touscoprod by proarti », est devenu la nouvelle branche dédiée au cinéma de proarti.

Quelles actions mettez-vous en place pour promouvoir l’innovation culturelle ?Nouvelle ressource, le financement participatif est souvent employé pour les projets émergents ou innovants. Comme il s’agit d’un enjeu majeur pour les porteurs de projets, proarti a fait le choix de dépasser son rôle « d’outil web » pour devenir un véritable accompagnateur des artistes. En leur donnant des conseils sur leur stratégie, en leur proposant un suivi tout au long de leur campagne mais aussi en utilisant notre expertise du secteur artistique et culturel pour les conseiller de manière globale sur leurs projets.

C’est la force d’une plateforme spécialisée puisque nous n’accompagnons que des projets artistiques ou culturels. Dès le début de proarti, nous nous sommes positionnés comme un contributeur bienveillant à l’écosystème de la création artistique. proarti a tissé de nombreux partenariats avec des acteurs variés tels que des collectivités territoriales, des lieux de production et diffusion artistique ou encore la Sacem pour renforcer l’accompagnement des artistes et construire des passerelles entre les différents financeurs afin de réfléchir de manière globale à la production des projets. Ces partenariats constituent un terrain d’innovation très intéressant en terme de financement puisque les financements publics ou privés s’associent au financement par la foule de manière dynamique et mutuellement valorisante.

L’innovation portée par proarti est aussi juridique puisque nous avons connecté de manière très étroite le principe du financement participatif au dispositif du mécénat, qui autorise des réductions fiscales pour les donateurs (ce qui les incite bien souvent à donner plus !). Structuré en fonds de dotation, un organisme à but non-lucratif autorisé à recourir à la générosité du public, proarti se porte garant juridiquement de l’éligibilité au mécénat des projets accompagnés sur la plateforme. C’est un vrai plus pour les artistes qui bien souvent maîtrisent mal la loi sur le mécénat ou n’osent pas l’utiliser seul. Avec proarti, ils ne prennent aucun risque et se délestent de l’émission laborieuse des reçus fiscaux aux donateurs. Avec touscoprod by proarti, le fonds de dotation apporte cette logique de mécénat à l’audiovisuel, en proposant un mécanisme assez ingénieux de coproduction.

La plateforme reste toutefois ouverte à tous : il y est également possible de faire une collecte de financement participatif classique, sans réduction fiscale pour les donateurs.

Comment voyez-vous la transformation digitale des industries culturelles dans trois ans ? Le digital peut transformer de manière radicale la façon d’appréhender les œuvres artistiques. À notre échelle, nous essayons de renforcer le rôle du public, en l’incitant à ne plus être seulement « consommateur » mais aussi « acteur ». Les campagnes qui fonctionnent le mieux sont celles où les artistes impliquent vraiment leurs donateurs.

Parler des relations entre les artistes et les publics, c’est évidemment poser l’enjeu de la visibilité des propositions artistiques et du choix éclairé des spectateurs. À l’heure actuelle, le digital n’a pas fondamentalement changé la donne dans ce domaine, notamment dans le secteur du spectacle vivant. De nombreux acteurs commencent tout juste à se saisir de la question de la recommandation. C’est d’ailleurs l’une des questions posées par le Pass Culture porté par le Ministère de la Culture. Comment construire un système de recommandation pertinent par rapport aux habitudes d’un public, qui aiguise aussi sa curiosité en lui faisant découvrir des choses auxquelles il ne se serait pas intéressé tout seul ? C’est un enjeu fondamental, j’espère qu’il sera au cœur de ces trois prochaines années et que proarti pourra y contribuer !