6/7- L’étayage scientifique d’une intuition pédagogique, le cas de l’AFPA. Les processus pédagogiques de la pédagogie des métiers
Le chantier « Repères Pédagogiques » a constitué, pour nous, l’opportunité de faire émerger les processus d’apprentissage de l’ingénierie pédagogique à l’œuvre pour former les actifs les moins qualifiés, public majoritaire de l’AFPA.
L’ingénierie pédagogique intègre 3 sphères : la personne (sujet engagé & apprenant), le collectif d’apprenants (formateur & collectif des pairs), l’entreprise. Le formateur conduit et organise les apprentissages au-delà de la situation « formative » formelle, car celle-ci tend à gommer la richesse des interactions d’un modèle global et perd des opportunités d’élaboration du savoir et de transformation personnelle. Or former, au sens plein, c’est embrasser l’ensemble des processus à l’œuvre dans la construction des situations d’apprentissage.
C’est pourquoi, nous proposons d’intégrer à l’environnement d’apprentissage dans une synergie retrouvée (Santelmann, 2014) les situations de travail et les collectifs de travail de l’entreprise (sphère « Emploi ») et dépasser le triangle pédagogique étendu : apprenant, savoir, formateur, pairs en formation proposé par Richard Faerber[1]. Notre approche systémique, liant davantage la formation à l’emploi, ouvre de nouvelles articulations entre 3 pôles (apprenant, formation, entreprise) et met à jour les processus pédagogiques dans un écosystème reliant l’activité pédagogique (situation formative) ou l’activité de travail (collectif de travail en entreprise).
Dans une dynamique réflexive, la personne est incitée à prendre appui sur le déjà-là (acquis et expérience professionnelle), elle est interpellée à analyser ce qu’elle mobilise, à formaliser sa trajectoire et ses compétences professionnelles et personnelles (DSPP[2] pour la certification, Curriculum Vitae pour un emploi, voire (e) portfolio pour capitaliser et donner du sens à ses projets et rendre possible une mobilité professionnelle (souhaitée ou subie).
Après l’action, le temps de la réflexivité est le moment où l’apprenant travaille ses 3 points ancrages temporels. L’ancrage avec le passé, c’est faire des liens et des associations entre l'ancien et le nouveau. Il s’agit de réactiver la mémoire pour remobiliser des connaissances, expériences antérieures. L’ancrage dans le présent est porté par une activité cognitive consciente par la gestion active de ses démarches d’apprentissage, sa manière personnelle d’apprendre pour retrouver la confiance en ses capacités. L’ancrage vers l’avenir est soutenu par la motivation en se projetant pour réaliser un objectif professionnel en lien avec son projet d’emploi/désir métier.
A suivre…
[1] Actes du Colloque EIAH 2003, Strasbourg. http://archiveseiah.univ-lemans.fr/EIAH2003/Pdf/n021-147.pdf
[2] Dossier de Synthèse et de Pratiques Professionnelles