Acceptabilité sociale des énergies renouvelables – de quoi parle-t-on ?
Aujourd’hui dans des domaines aussi différents que ceux des énergies renouvelables ou de la vaccination contre la COVID-19, le terme d’acceptabilité est régulièrement utilisé.
Si la sémantique peut sembler bien éloignée des préoccupations opérationnelles, il semble nécessaire aujourd’hui de préciser quelques définitions pour que justement les actions accompagnant un projet ou une politique soient adaptées à une situation donnée.
Acceptabilité adhésion, appropriation ou acceptation ?
Pour certains pays comme le Québec, le ministère de l’environnement exige des grands projets qu’ils recueillent l’acceptabilité sociale qui est définie comme étant le résultat d’un jugement collectif, d’une opinion collective, à l’égard d’un projet, d’un plan ou d’une politique. Ce jugement peut être positif ou négatif, n’est jamais figé dans le temps et concerne toutes les échelles territoriales - locale, régionale ou nationale.
En France, des utilisations passées de ce concept l’on réduit à une acceptation forcée d’un projet. Aussi est-il actuellement préféré pour un projet d’utiliser la notion d’appropriation locale voire d’acceptation.
Pour Arthur Jobert chercheur à EDF, L’acceptation est d’abord une démarche subjective et individuelle, lorsque l’acceptabilité est une résultante plus objective et collective des différents niveaux d’acceptation individuels.
Pour Marie-Christine Zelem, Professeur de Sociologie à l’université Jean-Jaures de Toulouse, l’acceptabilité sociale est en jeu quand l’objet même du projet ou de la technologie proposés peut-être discuté voire remis en question. Alors que la recherche des conditions de réductions des impacts d’un projet sur le voisinage sans remise en question fondamentale d’un projet, correspond plus à une recherche d’acceptation.
Acceptabilité et acceptation co-existent dans les territoires – le cas des Energies Renouvelables
Un sondage du 7 octobre 2021 montre que 87% des personnes interrogées jugent utile l’amplification du développement des énergies renouvelables pour lutter contre le réchauffement climatique avec 52 % des personnes qui jugent cette mesure comme très utile.
Que penser alors du nombre de recours des projets éoliens qui concernaient 70% des autorisations préfectorales en 2019?
L’analyse de ces contestations montrent que le phénomène de réaction à des nuisances du voisinage, connu sous le terme NIMBY (not in my back yard) n’explique pas à lui seul ces recours massifs.
Bien souvent des interrogations locales sont renforcées par les opposants à la filière de l’éolien. Se retrouvent alors intimement mélangées des contestations liées aux préoccupations de modification du cadre de vie et des oppositions à la technologie et au modèle économique mis en œuvre.
Ce phénomène maintenant bien connu des développeurs de parcs éoliens onshore s’observe plus récemment pour d’autres production d’énergies renouvelables.
Les projets de méthanisation qui il y a encore quelques années étaient souvent confrontés à des contestations de voisinage liées aux questionnements sur les risques d’explosion, d’odeurs ou d’augmentation du trafic local, voient aujourd’hui une remise en question de la filière elle-même.
Par exemple, une association crée pour préserver l’environnement local et s’opposer à un projet de méthanisation a fait évoluer son argumentaire. Initialement l’objectif affiché de l’association était « de lutter contre les atteintes à l’environnement en portant une attention particulière à la qualité de l’air, de l’eau et du sol et de rester vigilants à tout projet local qui pourrait porter atteinte à la santé et à la qualité de vie ». Au cours de la concertation engagée par le porteur de projet, les arguments se sont déplacés vers une opposition aux principes même de la méthanisation.
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Comprendre les ressorts de l’Acceptabilité pour tendre vers l’acceptation locale
Vous l’aurez compris, les projets de production d’énergies renouvelables seront probablement de moins en moins bien accueillis par les territoires y compris pour des énergies qui semblent pour l’instant échapper à la remise en question de la filière comme le photovoltaïque. Le nombre de projets de centrales solaires contestés augmente lui aussi significativement depuis 3 ans.
Si la question de l’acceptabilité de ces productions d’énergies renouvelables n’est pas prise en charge, alors les projets vont devenir des points de rassemblement des opposants à la filière elle-même.
En attendant que des lieux de débats s’organisent en dehors de la sphère d’un projet donnée, les développeurs ont tout intérêt à anticiper l’arrivée de leur projet sur le territoire.
L’étude de l’acceptabilité nous montre que ce sont des temps longs qui sont mobilisés pour que le jugement collectif évolue - prenons pour exemple l’évolution depuis les années 1970 de l’opinion de la société envers le nucléaire. Une Enquête BVA réalisée par Internet du 3 au 6 mai 2021 sur un échantillon de 1 500 personnes âgées de 18 ans et plus montre que pour 50 % des Français, le nucléaire est désormais considéré comme un atout pour le pays. En 1977, 53% des français étaient opposés au nucléaire.
Anticiper l’appropriation locale pour raccourcir la durée de développement d’un projet EnR
Face à ces dynamiques d’acceptabilité qui se déroulent sur des temps longs, les développeurs de projets de production d’énergie renouvelable doivent se focaliser sur les leviers permettant de faciliter l’appropriation locale d’un projet pour raccourcir les durées de développement.
Nous avons identifier deux leviers que sont :
Le développeur augmentera ses chances de succès s’il intègre dans ses études de pré-faisabilité ces 2 leviers.
Le mot clé pour la réussite des projets est ANTICIPATION
Philippe Vervier
Pour aller plus loin : Masterclass "Comment favoriser l'acceptabilité sociale des énergies renouvelables"
Directeur du Développement International
3 ansMerci à toi Philippe. C’est toujours passionnant d’échanger avec toi
Adjoint à la Déléguée Territoriale Rhône-Méditerranée GRTgaz || Président Commission Gaz Vert - France gaz Auvergne Rhône-Alpes
3 ansLéana Fiorito
responsable du pôle relations institutionnelles régionales de Terega
3 ansEt si on parlait plutôt d'énergies territoriales... les mots ont un sens .